L’immense Stan Lee, co-créateur de Spider-Man, Iron Man, Hulk, X-Men, Black Panther, Daredevil, The Avengers est mort à l’âge de 95 ans… L’héritage qu’il laisse est incommensurable! Notre hommage:
Stan Lee naît à Manhattan (évidemment !) Stanley Martin Lieber le 28 décembre 1922, dans l’appartement de parents immigrants juifs d’origine roumaine. Dans son enfance il a l’ambition d’écrire « Le Grand Roman Américain » mais commencera par écrire des notices nécrologiques pour un service de presse et des communiqués pour le Centre national de lutte contre la tuberculose. Pistonné par son oncle il entre en 1939 chez Timely Comics qui deviendra Marvel Comics société de Martin Goodman (accessoirement marié à la cousine de Lee). C’est Joe Simon le créateur de Captain America qui l’embauche officiellement. Il écrit quelques back-ups dans les publications Timely mais quand Joe Simon et Jack Kirby quittent la firme, Goodman le bombarde rédacteur en chef à 19 ans. Lors de son service durant la seconde guerre mondiale dans le Signal Corps, il répare des poteaux télégraphiques et d’autres équipements de communication, il est ensuite transféré à la division du film de formation, où il travaille à la rédaction de manuels. Dans les années 50, époque Timely devenu Atlas Comics, Lee végète, écrit des histoires dans divers genres, (romance, westerns, humour, science-fiction, horreur) mais insatisfait, songe à quitter les comics. Au même moment DC Comics sous l’impulsion de Julius Schwartz a redonné vie au genre super-héroïque avec une nouvelle version de Flash et une équipe de super-héros qui réunit les icônes DC la Justice League of America. Martin Goodman lui commande donc une équipe de super-héros pour surfer sur le succès. La légende veut que son épouse lui conseille, puisqu’il veut de toute façon abandonner et n’a plus rien à perdre, d’expérimenter et d’écrire ce qu’il a vraiment envie : ce sera les Fantastic Four co-créé avec Jack Kirby, revenu chez Marvel, inspiré d’ailleurs d’un de ses travaux chez DC (les Challengers of Unknow). Lee et Kirby cassent le moule en faisant de ces super-héros des personnages faillibles, imparfaits, parfois monstrueux, loin des des super-héros vertueux de DC. Le succès est foudroyant et va donner naissance à l’explosion de créativité la plus incroyable que le medium n’ai jamais connu, comparée par l’historien des comics Peter Sanderson, à la Nouvelle vague. Dans les années qui suivent, Lee et une poignée d’artistes vont produire une cavalcade de titres. Avec Jack Kirby : Hulk, Thor, Iron Man et les X-Men, avec Bill Everett (le créateur du premier super-héros Marvel en 1939) Daredevil et avec Steve Ditko le magicien Doctor Strange. En août 1962, Ditko et Lee créent le héros le plus célèbre de la firme: Spider-Man. Coup de génie le héros à l’âge du lectorat, ses pouvoirs ne le mettent pas à l’abri des tourments des adolescents: problèmes d’argent, peines de cœur, incompréhension du monde des « adultes ». Marvel apporte deux innovations majeures au monde du comic-book : l’illusion que le monde où évoluent les héros est « le monde derrière la porte », ils habitent New York et non pas les villes fictives comme Metropolis et Gotham, leurs aventures font écho aux modes et événements réels. Enfin si les héros DC se rencontraient parfois Lee et ses collaborateurs établissent que les personnages Marvel partagent un même univers, les événements de chaque titre pouvant potentiellement avoir des répercussions dans les autres. Lee et Kirby s’incluent même dans les aventure de leurs héros, on se souvient de leur cameos lors du mariage de Mister Fantatic et Invisible Girl dans Fantastic Four.
Au cours des années 1960, Lee a écrit, dirigé et édité la plupart des séries de Marvel, modère les pages de courrier et écrit d’innombrables textes promotionnels, souvent accompagnés de sa devise « Excelsior! » Pour maintenir sa charge de travail et respecter les délais, Lee adapte une méthode utilisée par de nombreux studios de bandes dessinées sous le nom de « Méthode Marvel ». Lee et ses artistes élaborent une intrigue dont il tire un bref résumé, ce sont ensuite Kirby et Ditko qui font le gros œuvre, le découpage des planches et les dessins. Lee enfin y appose des dialogues puis supervise le lettrage et les couleurs. Cette méthode lui permet de produire énormément mais donnera naissance à des polémiques qui remettront en cause son apport à la révolution Marvel. Si la Maison des Idées ne serait rien sans Kirby et Ditko il suffit de comparer les dialogues qu’il signeront ensuite eux-même et le niveau de succès de leurs œuvres solos par rapport à celles produites à l’époque, pour évaluer à sa juste valeur l’apport de Stan The Man Lee. Souvent accusé de voler la gloire des ses collaborateurs c’est Lee pourtant qui a introduit la pratique de citer dans les crédits de chaque comics non seulement l’auteur et le dessinateur mais également l’encreur et le lettreur.
Mais Stan Lee ne fut pas qu’un très bon scénariste-dialoguiste, ce qui le distingue de ses pairs, c’est qu’il a été aussi un communiquant de génie qui va créer un univers fictif au moins aussi important que l’univers Marvel lui-même : la rédaction Marvel (Marvel bullpen) dont il donne régulièrement des nouvelles dans les Bullpen Bulletins, pages écrites dans un style amical. Il révolutionne la communication avec le lecteur dans ses éditoriaux les Stan Soapbox, véritable ligne directe avec les fans qui ont l’impression même dans l’isolement de leur chambre de faire partie du club le plus cool du Monde. A travers eux il fait la promotion de nouveaux projets mais aborde également en plein mouvement des droits civiques les questions de discrimination, d’intolérance ou de racisme. Les années 60 sont le moment de l’éveil d’une conscience étudiante qui va amener un nouveau public plus âgé vers les Comics, l’univers Marvel qui entretient l’illusion d’être le « Monde juste derrière votre fenêtre » est mieux équipé que l’univers DC pour capter l’air du temps et traiter de sujets contemporains. Les histoires abordent des sujets tels que la guerre du Vietnam, les élections et l’activisme étudiant. Lee introduite le premier super-héros noir Black Panther et donne des rôles de premier plan à des personnages de couleurs. Une ère se termine en 1972, quand Lee cesse d’écrire pour assumer le rôle de directeur de publication. La première génération de fans devenus créateurs débarquent, c’est l’un d’eux Roy Thomas qui lui succède comme rédacteur en chef. Lee devint la figure de proue et le visage public de Marvel Comics et se fait l’évangéliste infatigable du comic-book dans les facs et les conventions de comics qui se développent.
En 1981 Stan Lee quitte la côte Est pour la Californie, pour le climat mais aussi avec la volonté de voir les personnages Marvel conquérir le cinéma et la télévision. La route sera longue mais à chaque étape des succès suivent des échecs retentissants : à des dessins animés peu animés fait à partir de case de comics, succédera le dessin animé Spider-man de 1967 qui donnera son thème fétiche. A l’échec des téléfilms Spider-man de 1977 succédera le triomphe de la série Hulk avec Lou Ferrigno et Bill Bixby. Longtemps les adaptations Marvel seront cantonnés aux séries B et Z, les projets avortés se succédant alors que les adaptations de DC comics soutenues par son propriétaire, le puissant studios Warner bros. prospèrent. Marvel va de rachat en faillite mais le vent tourne avec le succès de X-Men en 1999 qui marque le premier cameo de Stan Lee dans un film inspiré de ses œuvres. Mais ce n’est qu’un prologue. En 2000, après des décennies de litige, le Spider-man de Sam Raimi sort sur les écrans et fracasse le box-office devenant le premier film à passer la barre des 100 millions de recette lors de son premier week-end. En 2008 sort Iron-man et dix ans plus tard le MCU a conquis le cinéma mondial comme il l’avait fait du monde des comics. Ses multiples apparitions dans les films et les médias font de lui la figure la plus célèbre de Marvel mais aussi du comic-book en général. Il devient pour le medium l’équivalent d’un Walt Disney. Dans la dernière partie de sa vie il se lancera dans de nombreuses entreprises de médias qui auront des fortunes contrastées. Victime d’escroquerie, manipulé par son entourage,ses derniers mois seront plus sombres. Fut il parfait ? Non, bien sûr, chaque créateur a sa part d’ombre surtout quand sa carrière couvre plusieurs décennies mais Stan The Man Lee en 95 ans aura révolutionné le monde du Comics, laisse derrière lui une œuvre inégalable, et a pu être le témoin de son vivant du triomphe de ses créations. Mais il a surtout bouleversé l’imaginaire de millions d’enfants, d’adolescents de toutes conditions sous toutes les latitudes à commencer par l’auteur de ces lignes pour tout cela Merci Monsieur Stan Lee !
EXCELSIOR FOREVER !!!
Si l’on veut lire les œuvres essentielles de Lee voici pour nous le « canon » de Stan « The Man » Lee :
Amazing Spider-Man 1-110
Fantastic Four 1-125
Silver Surfer 1-18 (1967)
Silver Surfer Parable (avec Moebius) (1990)