Le Festival de Cam

Halloween : journal d’une peureuse

Qui a peur du grand méchant loup ? C’est p’t’être vous, c’est pas moi ! En revanche, il y a tout un tas d’autres choses qui me terrifient jusqu’à la moelle. D’ailleurs, quand à Halloween, on me demande quel est mon film d’horreur préféré, je réponds tout simplement… aucun. Voici pourquoi en quelques 31 octobre. Âmes sensibles s’abstenir.

31 octobre 1989. J’ai 4 ans. Vous êtes en bon droit de vous demander comment je fais pour écrire un journal à cet âge-là. Soit. On dira simplement que c’est la magie du cinéma. Mais revenons à nos citrouilles. Cet après-midi, c’est ma première Halloween party. Avec trois de mes copines en culottes courtes, nous avons exceptionnellement l’autorisation de regarder un film enregistré sur une VHS. Jusqu’ici tout va bien. Cette maman biche et son petit faon sont vraiment trop choux. Ils batifolent dans la forêt. Et puis, la maman s’aventure dans un pré. Et là, le traumatisme commence.

31 octobre 1994. Toujours avec ces mêmes copines, nous sommes seules pour l’après-midi. Condition idéale pour se vautrer dans le canapé et s’abrutir devant la télé en se gavant de chamallows. Chamallows qui seront avalés de travers à la vue de cet énoooooorme requin blanc qui dévorent les baigneurs de passage, sur un fond de tata-tata-tata-tata-ta-ta-ta-ta-ta-ta-ta. Autant les gros dinosaures qui ne font qu’une bouchée des chèvres ne m’ont pas effrayée il y a un an. Autant Les dents de la mer vont m’empêcher de me baigner pendant des années. Et pas besoin d’une plus grosse bouée, je ne compte pas tremper ne serait-ce que mon petit doigt de pied !

31 octobre 1997. Un, deux… En pleine crise d’adolescence, je me montre brave lorsque mes copines me proposent une séance de spiritisme. Erreur. Trois, quatre… L’une d’entre elles a la bonne idée de nous raconter l’histoire d’un gars au corps entièrement brûlé, portant un pull rayé et un chapeau, qui vient vous tuer à coups de griffes lorsque vous rêvez de lui. Cinq, six… Le voici donc, Freddy Krueger, le pire de mes cauchemars. Sept, huit… Celui qui ne me quittera jamais (toujours pas du moins) et qui, cette nuit-là, me fit garder les yeux grands ouverts d’effroi. Neuf, dix… Parce qu’après tout, on ne sait jamais, il pourrait bien se cacher sous mon lit.

31 octobre 1998. Cette année, je suis vaillante. Avec une bande de copains, nous avons décidé de regarder un film d’horreur en mangeant du pop-corn. Tiens, justement, Drew Barrymore est en train d’en cuisiner. C’est la star du film, c’est bon, elle ne peut pas se faire tuer dès le début. Non, non, non, NON, NON ! J’aurais dû me douter qu’avec le papa de Freddy derrière la caméra, quelque chose ne tournerait pas rond. Au bout de seulement 10 minutes, je me cache les yeux car, contrairement au type avec la tête du Cri de Munch, je n’ai pas du tout envie de voir la couleur des tripes de l’amie d’E.T. Au bout de 20 ans, je sursaute toujours dès que j’entends cette sonnerie de téléphone si caractéristique des 90’s et je maudis tous ceux qui ont la bonne idée de revêtir le costume de Ghostface pour Halloween.

31 octobre 1999. Mon copain me propose de regarder la rediffusion d’un téléfilm avec un clown tueur sur M6. Je décline gentiment en prétextant que je l’ai déjà vu. Lui aussi, ça tombe bien. Il est alors ravi de pouvoir me narrer ses moments préférés… Je le quitte peu après, j’inscris les clowns sur la liste de mes phobies et je développe une sorte de toc qui consiste à toujours contourner les bouches d’égout.

31 octobre 2000. Est-ce que je pouvais vraiment m’attendre à ça de la part d’un film avec Bruce Willis ? Quelle fourberie. Non, franchement, j’étais loin de m’imaginer que celui qui fut mon John McClane ou mon Korben Dallas pourrait se mettre en tête d’aider un gamin qui voit des morts. Si même les valeurs sûres me trahissent, rien ne va plus.

Pendant plusieurs années. Suite à la félonie de Bruce, je décide d’éviter toute sortie entre amis le soir d’Halloween. Je me cantonne à regarder sous la couette de bons vieux classiques à la sauce Disney (sauf Bambi) qui m’épargneront bien des nuits blanches et qui éloigneront le croque-mitaine de mes cauchemars.

31 octobre 2010. Les années ont passé. Je prends mon courage à deux griffes. Pour ne plus avoir l’air idiote lors de mes rencontres cinéphiles, il est temps de m’attaquer à une grosse bêbête venue d’un endroit où personne ne vous entend crier. Je me ronge les ongles pendant 1h56, et un peu après pour être honnête. Mais Ellen Ripley me booste. Et je dors comme un bébé, sans même craindre qu’un Alien vienne perturber mon sommeil. Se pourrait-il que je sois enfin devenue adulte ?

31 octobre 2013. Toujours pour combler les lacunes cinématographiques liées à ma frousse, je cède aux propositions de mon futur mari. Me voilà donc dans un lugubre hôtel avec des jumelles glaçantes, un gosse qui parle à son doigt, un Jack Nicholson timbré qui fracasse les portes à coups de hache, le tout sur une musique plus qu’oppressante. Pourtant, aucune conséquence. Je développe même une fascination pour la chambre 237.

31 octobre 2017. Je me sens ragaillardie. La moi peureuse fait partie de mon passé. Après avoir couché ma fille, j’annonce fièrement à mon cher et tendre que je suis enfin prête à regarder le seul, l’unique, le vrai : le Halloween de 1979 signé John Carpenter. Malheureuse…

31 octobre 2018. Il m’arrive encore de me réveiller en sursaut en pensant que Michael Myers m’observe. Il semblerait que je ne sois toujours pas vaccinée contre le croque-mitaine. Alors, même s’il paraît qu’il ne faut jamais dire jamais, je crois bien que je vais m’épargner une nouvelle terreur cette nuit. Oups, désolée, le téléphone sonne, je reviens tout de suite…

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