Critiques

LES HERITIERS (Critique Saison 2) Un très beau portrait d’une famille d’aujourd’hui…

SYNOPSIS: Après la mort de l’artiste fantasque Veronika Grønnegaard, les destins de ses quatre enfants continuent de s’entremêler – et de se percuter. Signe s’est installée dans la demeure familiale, dont elle a hérité, Frederik bataille pour empêcher la dislocation de sa propre famille, et Gro vole au secours de son frère Emil, dans le pétrin en Thaïlande

Vous le savez peut-être déjà, mais Les Héritiers (ou Arvingerne en danois) est l’une des très, très bonnes surprises de ces dernières années. On le perd vite de vue à force de se pencher sur les séries US qui ont dominé le paysage pendant près de vingt ans, s’imposant avec les mastodontes qui ont révolutionné le genre, de Grey’s Anatomy à Game of Thrones, en passant par Breaking Bad et Mad Men, et une pléthore d’autres projets de haute qualité, mais le fait est que l’Europe est en train de se rapprocher du peloton de tête. Parmi ces séries qui se démarquent, il y a bien sûr la flopée de thrillers venus des pays scandinaves, mais il y a aussi Arvingerne, la série de Maya Ilsøe, un drame familial aux accents qui rappellent le théâtre d’Ibsen, mis en scène avec une sobriété qui prend quasiment des allures de prises de risques en ces temps d’effets spéciaux extrêmement pointus. La fratrie Grønnegard, rabibochée tant bien que mal au fil des dix premiers épisodes, revient pour une seconde saison, tout en confrontations, non-dits, jalousie et ressentiments qui mijotent à feu doux, et magnifiques élans d’amour, entortillés dans un mélange très soixante-huitard d’alcool, de joints et de jam sessions improvisées.

Dans la famille Grønnegard, on demande les enfants. Il y a d’abord Signe (Marie Bach Hansen), la fille cachée de Veronica, figure centrale de la série puisqu’on découvre l’univers particulier de la fratrie à travers ses yeux. Elle est le point d’entrée du téléspectateur, celle à qui on s’identifie, celle que l’on veut voir triompher. On retrouve également Frederik (Carsten Bjørnlund), l’alpha, l’avocat aux costumes bien coupés, à la vie familiale apparemment idyllique, mais qui, rongé par ses blessures d’orgueils et ses traumatismes d’enfance, a de plus en plus de mal à contenir sa colère, ce qui offre d’ailleurs à l’acteur une sublime succession de moments lors du troisième épisode de cette deuxième saison. Quant à Emil (Mikkel Boe Følsgaard), le benjamin, il a toujours du mal à se comporter en adulte, et ce malgré la disparition de sa chatoyante chevelure. Et enfin, il y a Gro (Trine Dyrholm), le cœur de la série, la fille cadette de Veronica, galeriste de son état, femme pilier s’il en est, qui tente de faire au mieux malgré les démons qui l’habitent, notamment son désir, encore inassouvi, d’avoir des enfants. Autour de ces quatre personnages centraux, on retrouve Thomas (Jesper Christensen), le père de Gro (mais pas d’Emil et Frederik), Solveig (Lene Maria Christensen), la femme de Frederik, et la très fidèle Lone (Kristen Lehfeldt), l’avocate de la famille. Question petits nouveaux, on voit débarquer l’agriculteur Aksel (Mikke Arndt), ainsi que la jeune Isa (Josephine Park), ayant fait son entrée dans la vie des Grønnegaard vers la fin de la première saison.

Si les problèmes matériels liés à la succession de Veronika sont, dans l’ensemble, résolus en ce début de deuxième saison, les tensions humaines entre frères et sœurs sont elles, bien loin d’être réglées, pris comme ils le sont dans le cercle vicieux des rivalités fraternelles et de l’amour profond qu’ils se portent. Le public danois adhère à cent pour cent à la série lors de sa sortie en 2014, et quatre ans plus tard, alors que la deuxième saison des Héritiers fait son entrée en France, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Le script est une merveille de subtilité,où chaque point de rupture se voit justifié par un crescendo impeccable, servi par une distribution remarquable. La réalisation se fait même discrète, laissant l’histoire se dérouler sans falbalas et donnant aux personnages toute la place qu’il leur faut pour nous toucher au cœur. Un très beau portrait d’une famille d’aujourd’hui.

Crédits : Arte

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