Critiques

SECRET CITY (Critique Mini-Série) Une identité singulière et une intrigue coriace…

SYNOPSIS: Alors que les tensions politiques montent entre la Chine et les Etats-Unis, la ville de Canberra en Australie en devient un point stratégique de par sa position géographique, malgré l’apparent calme qu’il y règne. La journaliste Hariet Dunkley dévoile des secrets qu’elle aurait mieux fait de laisser dans l’ombre. Elle risque désormais sa vie et met celle de ses concitoyens en danger… 

Canberra, personnage à part entière de la série, révèle un visage bien tourmenté sous ses atours placides. Loin du bush australien ou de la si galvanisante Sidney, l’image de carte postale que l’on a coutume de nous servir, la capitale méconnue apparaît glaçante sous son manteau d’hiver… Un cadre atypique idéal pour accueillir l’imbroglio politique dont il est question dans Secret City. Harriet Dunkley (Anna Torv), journaliste politique reconnue, va y remonter le fil d’un complot aux enjeux colossaux après la découverte du cadavre éventré d’un jeune activiste sur les bords du lac. Et pour parvenir à la suivre dans ses investigations, il va falloir s’accrocher.

Secret City est de ces séries racées, avec une atmosphère singulière, une histoire complexe, et une identité bien marquée. Exigeante, elle nous plonge au cœur des tensions, méconnues dans notre partie du globe, qui chahutent l’Australie. Entre le gouvernement américain, avec lequel il faut sans cesse composer, et celui, démesurément proche, de Beijing, les dirigeants australiens peinent à maintenir le cap, entre mésalliances et complots de toutes sortes. En toile de fond, la cause tibétaine, soutenue activement par un groupe d’étudiants australiens, parmi lesquels de nombreux ressortissants chinois, qui va jusqu’à orchestrer des manifestations publiques chocs. Le tout, dans un contexte de paranoïa ambiante en raison de la menace terroriste, avec pour point de mire la sécurité nationale. En bref : le fond est très, très dense, et demande une attention toute particulière pour suivre les méandres de l’intrigue, d’autant que les nombreux intervenants ne sont pas toujours clairs quant à leurs allégeances… et que les coups bas pleuvent.

Pour filmer l’adaptation des deux romans dont Secret City est tirée (The Marmelade Files et The Mandarin Code de Chris Uhlmann et Steve Lewis), Joanna Werner a privilégié la réflexion à l’action. Et à raison. Le thriller, assez indolent par moments, prend son temps pour déployer l’échiquier sur lequel se dispute la partie, truffée de pièges. Cette lenteur invite à une certaine contemplation des événements, en même temps qu’elle permet aussi de s’y retrouver entre les différentes pistes soulevées au fur et à mesure des six épisodes que compte la mini-série. Le cadre se prête parfaitement à cette langueur, anxiogène, tandis que le sort des pions qui œuvrent dans l’ombre à faire tomber cavaliers et fous se règle à coups de textos. En filigrane, affleurent d’autres débats, d’autres combats en passe d’être gagnés, incarnés notamment par le personnage clé de Kim Gordon (incarnée à la perfection par Damon Herriman), analyste transgenre, ex-mari d’Harriet, et celui de Charles Dancer (Alex Dimitriades), son amant. L’occasion de faire passer un autre message politique fort concernant la cause LGBT, à propos de laquelle les mentalités évoluent doucement, mais sûrement. Quantités de sujets brûlants sont abordés dans Secret City, et avec justesse, mais leur pluralité engendre menus décrochages et zones d’incertitudes dans la compréhension globale de la série… qui achèvera d’ailleurs de convaincre à travers son épilogue amer qu’elle n’a pas été créée pour plaire au plus grand nombre.

La distribution est efficace quoique disparate : on y croisera Jacki Weaver et Alan Dale notamment, et Daniel Wyllie campe un ministre de la Défense plutôt convaincant, mais c’est surtout la composition d’Anna Torv qui cristallise l’attention avec un rôle clé à plusieurs égards, incarnant le journalisme d’investigation (presque) à l’ancienne, en même temps qu’il atteste de la mauvaise santé des médias aujourd’hui. Secret City n’est pas d’une approche facile. Mais elle a pour elle une identité singulière, ainsi qu’une exigence assez remarquable envers ses divers fils conducteurs, qui tissent une intrigue coriace, certes, mais amplement digne d’intérêt. À visionner* attentivement donc, pour en apprécier toute la richesse.

*en ce moment sur Netflix.

Crédits: Netflix

1 réponse »

  1. Série remarquable effectivement,dense et complexe, l’occasion aussi de revoir la trop sous estimée A. Torv qui donne à tous ses rôles force et sensibilité.

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