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CASTLE ROCK (Critique Saison 1 Episodes 1×01 – 1×03) Addictive et fascinante…

4,5 STARS TOP NIVEAU

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SYNOPSIS: Une série située à Castle Rock, lieu de connexion de beaucoup des romans de Stephen King.

Si Stephen King est l’un des auteurs contemporains les plus adaptés au cinéma et à la télévision, le ratio des adaptations réussies ou, tout du moins, qui ont su se connecter à son univers unique et anxiogène est si faible que l’on accueille toujours avec circonspection, toute nouvelle tentative. L’échec de la plupart de ces adaptations est probablement de ne pas avoir su saisir l’essence d’une œuvre, ce qui se passe entre les lignes, l’univers et les histoires de Stephen King, contrairement à d’autres auteurs, ne survivant pas à une adaptation littérale. Sans un grand travail de mise en scène et de compréhension profonde de ce qui irrigue le roman et de la façon dont il dialogue avec toute l’œuvre de King, l’adaptation trouve un cadre trop étriqué qui ne peut que frustrer les admirateurs du romancier et tromper le spectateur lambda. Face à ce constat, l’annonce du projet de J.J Abrams d’adapter non pas une œuvre de King, mais de créer une série originale qui se passe à Castle Rock (ville imaginaire que l’on retrouve dans plusieurs de ses romans) et concentre ses thématiques et obsessions, avait fait naître une grande attente et un fol espoir nullement déçu après la découverte des trois premiers épisodes.

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Avec ses showrunners, Sam Shaw et Dustin Thomason, J.J Abrams a su créer une série qui donne au téléspectateur le sentiment totalement jouissif de se trouver dans un parc d’attraction situé dans la tête de Stephen King. Castle Rock est à la plupart des adaptations de King ce que le parfum est à l’eau de toilette, c’est du King dans son essence la plus pure, un concentré de tout ce qui constitue et caractérise sa grande œuvre encore en construction. L’immersion est totale et enthousiasmante dès le premier épisode qui introduit ceux qui, au vu des trois premiers épisodes, semblent devoir être les deux piliers de la série: Henry Deaver (André Holland vu dans la dernière saison de The Leftovers et qui illuminait la plus belle scène de 2017 dans le bouleversant Moonlight) et un mystérieux jeune homme (Bill Skarsgård) retrouvé enfermé dans une cage? dans le sous sol de la prison de Shawshank. Bien qu’il s’agisse de personnages originaux, à part le shérif Pangborn (Scott Glenn) que l’on retrouve notamment dans Le Bazaar de l’Epouvante qui fut adapté au cinéma et interprété par Ed Harris, chacun des personnages rencontrés dans ces trois premiers épisodes est indiscutablement lié à l’univers de King, a en lui quelque chose des personnages rencontrés dans son œuvre. La série s’arrête sur eux, approfondit leur histoire, explore leur passé et les liens qui les unissent, comme le faisait si brillamment The Leftovers. Que l’on commence à percer le secret d’un personnage et la série nous emmène vers un autre, sans donner l’impression, parfois usante dans d’autres séries, de cultiver le mystère pour le mystère. Ces histoires sont toutes connectées entre elles et au récit principal qui concerne Henry Deaver, de sorte que la série peut étendre son univers sans que l’on ne perde le fil.

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Castle Rock donne l’impression d’être une ville évoluant dans une dimension parallèle à la nôtre, ou une ville dans laquelle une brèche aurait été ouverte vers un autre monde, en l’occurrence celui de Stephen King dont la noirceur vient contaminer les habitants. Si la série a eu l’excellente idée de créer son propre matériau et de ne pas reprendre les personnages des romans, elle dissémine intelligemment ses références, de sorte que les fans prendront beaucoup de plaisir à les découvrir sans que les non initiés ne puissent se plaindre du fan service. Si Castle Rock se révèle brillamment écrite, le même degré d’exigence se retrouve derrière la caméra avec des réalisateurs chevronnés comme Daniel Attias (The Wire, Homeland..) Michael Uppendahl (Legion, American Horror Story, The Walking Dead, Mad Men …) mais aussi au casting. Dans le sillage d‘André Holland et Bill Skarsgård, on retrouve Scott Glenn et Sissy Spacek mais aussi de très belles révélations, en particulier Melanie Lynskey (Molly Strand) et Jane Levy (Jackie Torrance) dans le rôle de personnages complexes dont on peut imaginer qu’ils prendront encore plus d’importance dans les épisodes suivants.

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C’est d’ailleurs là un point qui pourra tenir certains à l’écart. Castle Rock est une série à combustion lente qui prend le temps d’installer son univers, ses personnages, de laisser le spectateur capter sa fréquence. L’horreur n’y est pas frontale et le mal, s’il s’incarne dans l’un des personnages, est insidieux, il irrigue cette ville, distille son venin dans chacun des habitants. Les scènes « d’horreur » surviennent brutalement mais comme une irruption soudaine de lave qui coule dans les entrailles de cette ville, la mise en scène n’usant pas d’effets facile et s’attachant toujours à nourrir ce climat pesant et malsain qui rend cette série si addictive et fascinante à l’issue de ces trois premiers excellents épisodes. Il ne fait guère de doutes  dans notre esprit que les 7 prochains épisodes seront du même niveau et confirmeront que l’on tient là une très grande série qui comblera autant les fidèles de King que les béotiens.

La première saison de Castle Rock sera disponible en DVD dès le 5 juin au prix conseillé de 29,99€.

Bonus : Dans les coulisses de l’épisode Castle Rock : Du sang sur le page Les rouages de l’horreur

Crédits: Hulu

1 réponse »

  1. (evilashymetrie) J’ai hâte de me plonger dans cette série, votre critique est enthousiasmante. Ce qui va en revanche me faire bizarre est de retrouver l’acteur de IT dans un rôle plus humain…

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