Critiques Cinéma

LES INDESTRUCTIBLES 2 (Critique)

3,5 STARS TRES BIEN

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SYNOPSIS: Notre famille de super-héros préférée est de retour! Cette fois c’est Hélène qui se retrouve sur le devant de la scène laissant à Bob le soin de mener à bien les mille et une missions de la vie quotidienne et de s’occuper de Violette, Flèche et de bébé Jack-Jack. C’est un changement de rythme difficile pour la famille d’autant que personne ne mesure réellement l’étendue des incroyables pouvoirs du petit dernier… Lorsqu’ un nouvel ennemi fait surface, la famille et Frozone vont devoir s’allier comme jamais pour déjouer son plan machiavélique.

Si quatorze ans se sont écoulés pour le spectateur depuis les dernières aventures des Indestructibles pour nos protagonistes seules quelques minutes ont passées puisque Les Indestructibles 2  commence où le précédent s’est arrêté avec l’émergence du Démolisseur (Underminer en VO). La famille de super-héros Parr les parents Bob et Helen et leurs enfants Dash, Violet et le petit dernier Jack-jack évoluent toujours dans cet univers des années soixante fantasmé, époque qui a vu naître les Marvel Comics et les Fantastic four dont Les Indestructibles sont un analogue évident. Ils sont, ainsi que leur ami Frozone enrôlés par une compagnie dirigée par un  frère et une sœur, Winston et Evelyn Deavor (jeu de mot avec endeavor qui signifie effort) qui veulent mener une opération publique en vue de réhabiliter l’image des super-héros auprès de l’opinion publique et pousser le gouvernement à révoquer la loi qui interdit leur activité. Ils choisissent Helen comme « produit d’appel » pour redonner une image positive des super-héros obligeant Bob à  s’effacer pour s’occuper des enfants. Il accepte d’abord de bonne grâce pensant qu’une fois la loi révoquée il pourra rapidement reprendre ses activités mais la tache s’avère plus ardue qu’il ne le pensait alors qu’Helen s’épanouit dans son nouveau rôle et va se trouver confronter à un nouvel adversaire machiavélique : le Screenslaver (jeu de mot entre screensaver l’économiseur d’écran et enslaver = esclavagiste)  Si Les Indestructibles était tout autant un hommage aux super-héros qu’aux James Bond des sixties, sa suite joue pleinement la carte super-héroïque avec l’introduction d’une mythologie plus large et d’autres héros costumés très réussis. A l’image du premier volet, avec Les Indestructibles 2  Brad Bird structure son film comme un film « traditionnel » dont  les grandes scènes d’action s’intègrent à  la manière d’un blockbuster classique ponctuant le développement des personnages et de l’intrigue. Elles sont de deux natures que Bird et ses équipes maîtrisent parfaitement : d’une part des scènes de poursuite ou de combats super-héroïques extrêmement cinétiques où le réalisateur de Mission impossible : Protocole Fantôme envoie aux spectateurs une foule d’informations tout en gardant une fluidité et une clarté dans la géographie de l’action, ponctuant leur déroulement d’idées de mise en scène ou de gags visuels exploitants les pouvoirs  des divers héros. D’autre part  des scènes purement burlesques héritées des cartoons comme une séquence où Bob tente de gérer les pouvoirs émergents de Jack-Jack qui entre en conflit avec un raton-laveur dans la tradition frénétique des cartoons de Chuck Jones. Le style visuel du film est évidemment superbe et on retiendra une séquence psychédélique ou Elastigirl affronte le méchant sous une lumière stroboscopique.

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Comme dans le premier film la dynamique familiale et celle du couple Parr est tout aussi importante que les intrigues super-héroïques. Dans cette suite, Mr. Indestructible (Craig T. Nelson en VO – Gérard Lanvin en VF) doit s’occuper de son petit dernier, Jack-Jack, alors que le bébé est en train de développer des pouvoirs destructeurs, et que sa femme, Elastigirl, est partie sauver le monde. Un super-héros à la maison pendant que c’est une femme qui combat le Mal ? Si il ne faut pas surévaluer la portée « politique » du commentaire social sous-jacent à cette situation il est indéniable que cette thématique a une résonance particulière de nos jours. Il y a quelque chose de paradoxal  à voir que des parents seront plus sensibles que les enfants auxquels le film est tout de même destiné en priorité? à certains aspects du film, en particulier la difficulté de s’occuper de ses enfants qui donnent lieu à des gags réussis (« les maths restent les maths »). Le film évoque également la jalousie professionnelle qui peut naître au sein du couple. Mais encore une fois Les Indestructibles 2 n’est pas un manifeste et Brad Bird a le bon gout de le faire par touches légères sans faire dérailler la narration. Dans ces séquences de comédie de mœurs Bird est aidé par son choix de comédiens au jeu parfaitement naturaliste au premier rang desquels Holly Hunter dont l’accent du sud contribue à ancrer ses personnages animés dans la réalité ou Catherine Keener (40 ans, toujours puceau, Get-out) .

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Depuis que l’on sait Brad Bird sensible à l’objectivisme, la philosophie libertarienne développée par Ayn Rand célébrant entre autre l’idée de « l’égoïsme rationnel » une liberté individualiste de s’accomplir dans l’expression de son talent sans jamais céder à une préoccupation collective synonyme de médiocrité et de régression, on y guette souvent les allusions dans ses films. Par exemple dans le premier volet, le fait que nos héros soient contraints de dissimuler leurs talents pour se conformer à la masse, incarnée aussi par un méchant (Syndrome) dépourvu de talent, médiocre et envieux, illustre ces thèmes « randiens ».  Ici on en retrouve des échos, que ce soit dans le discours tenu par nos héros sous l’emprise du méchant ou dans l’objectif de rendre leur liberté d’agir à des êtres exceptionnels. Mais comme pour le contenu social il ne faut pas trop projeter d’intentions idéologiques dans le film, d’une part car les thématiques qu’ils développent sont liées à la nature même du genre super-héroïque (on les retrouve de Watchmen à Civil War), de même que les motivations  du méchant du film – l’idée que  l’existence même des supers(-héros) empêchent l’homme de se réaliser –  sont proches de celles du Lex Luthor des comics. D’autre part que les personnages de Brad Bird finissent toujours par mettre leurs pouvoirs au service d’un intérêt général.

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Malgré ses qualités Les Indestructibles 2 n’est pas exempt de défauts, en offrant une suite dans la stricte continuité du premier Brad Bird joue la sécurité en misant sur la familiarité mais du coup ménage peu de surprises, le parcours est superbe mais très balisé. Par exemple la  visite chez Edna Mode (auquel le réalisateur prête à nouveau sa voix en VO) aussi drôle qu’elle soit semble être une simple variation de celle du premier épisode même si on opposera sans doute que les visites de James Bond chez Q participent de la même répétition. Si Les Indestructibles 2 se présente comme un véritable film animé plus que comme juste un « dessin animé » et en dépit de la maturité de ses thèmes, la résolution de ses intrigues semble parfois légère. Enfin bien que nous aimions beaucoup les compositions de Michael Giacchino (Rogue One, Star Trek) son score nous a semblé trop omniprésent voire envahissant par moments, manquant des intonations « à la John Barry (compositeur des James Bond) du précédent. Mais ces quelques reproches sont des « soucis de riche » si le manque de surprises empêche Les Indestructibles 2 de faire partie de ces suites qui transcendent l’original, l’excellence de  l’animation, la maîtrise de la mise en scène et le dynamisme des comédiens font du film un excellent blockbuster familial et une nouvelle réussite des studios Pixar.

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Titre Original: THE INCREDIBLES 2

Réalisé par: Brad Bird

Casting : Gérard Lanvin, Louane Emera, Amanda Lear …

Genre: Animation, Famille

Sortie le: 04 Juillet 2018

Distribué par: The Walt Disney Company France

3,5 STARS TRES BIENTRÈS BIEN

 

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