Critiques Cinéma

LA VILLA (Critique)

SYNOPSIS: Dans une calanque près de Marseille, au creux de l’hiver, Angèle, Joseph et Armand, se rassemblent autour de leur père vieillissant. C’est le moment pour eux de mesurer ce qu’ils ont conservé de l’idéal qu’il leur a transmis, du monde de fraternité qu’il avait bâti dans ce lieu magique, autour d’un restaurant ouvrier dont Armand, le fils ainé, continue de s’occuper. Lorsque de nouveaux arrivants venus de la mer vont bouleverser leurs réflexions… 

Avec sa bande d’acteurs et sans faire de concessions, Robert Guédiguian a construit en 20 films une œuvre vraie, sincère et atypique qui a depuis longtemps ses aficionados et ses détracteurs, entre ceux qui se reconnaissent dans le militantisme et des personnages qui se veulent le miroir de la vie et ceux qui lui reprochent un côté trop théâtral et naïf. Avec La Villa, le réalisateur atteint une épure et une authenticité, qui permettent à son film d’apparaitre comme une mise à nu cathartique totalement bouleversante et lui donne l’occasion de toucher à l’universel avec une force et une intensité plus grandes que jamais. La Villa est un film d’une beauté et d’une douceur renversantes qui, par petites touches impressionnistes, dessine les contours d’une histoire de famille et des répercussions occasionnées par des faits divers et variés qui ont conduit à l’éclatement de celle-ci. La Villa va être le terreau des retrouvailles d’une fratrie, le moment de faire les comptes et de tirer les leçons. Évoquant en creux un monde disparu, fait d’utopies et de convictions, il met en scène des personnages magnifiques dont l’humanité transpire de l’écran et nous embarque dans sa mélopée délicate tout en nous enveloppant dans un écrin à la photographie divine.

Triste et nimbé d’une insondable mélancolie, La Villa n’en est que plus beau, plus fort, plus émouvant, traversé par des éclairs de poésie et une nostalgie qui irrigue ce moment hors du temps où les morceaux se recollent, où les destinées se nouent, où les amours se font et se défont, où les souvenirs reviennent par vagues vous transpercer de part en part. On craint un moment que ce bel équilibre ne soit mis à mal dans un dernier tiers qui voit l’arrivée d’enfants réfugiés, mais au contraire, le film prend alors une toute nouvelle respiration, y gagne un nouveau souffle et un espoir qui, sans didactisme aucun, permet de développer des élans de tendresse et de partage.

On savait que Guédiguian et sa bande de comédiens se connaissaient par cœur et que leur association pouvait souvent donner lieu à des prodiges. Ici c’est encore bien plus que ça tant on a l’impression de les redécouvrir, beaux, intenses, vivants et faisant battre à tout rompre des âmes mises à mal. Le trio de fidèles Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan donne la mesure de personnages pétris de nuances et de valeurs. Autour d’eux, toute la distribution est remarquable que ce soit Anaïs Demoustier, Yann Trégouët ou Robinson Stévenin (littéralement lumineux comme un soleil), Geneviève Mnich et Jacques Boudet (tous deux bouleversants de bout en bout). Si le cœur de La Villa bat grâce à la magie de leur interprétation et à la petite musique qu’imprime Guédiguian avec l’air de ne pas y toucher, ce film dit subtilement ce qu’est le monde d’aujourd’hui et raconte le désir de préserver ses souvenirs et son héritage sans pour autant nier que tout bouge et tout change. La Villa est bien solide sur ses fondations et on s’y sent comme chez soi, tant les miroirs qui y sont accrochés nous renvoient nos reflets.

Titre Original: LA VILLA

Réalisé par: Robert Guédiguian

Casting : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan…

Genre: Drame

Sortie le: 29 novembre 2017

Distribué par: Diaphana Distribution

EXCELLENT

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