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HOUSE OF CARDS (Critique Saison 5) Des sommets de cynisme et de noirceur

SYNOPSIS: La cinquième saison de la série acclamée par la critique et nommée aux Emmy Awards, House of Cards, sera disponible le 30 mai 2017. Récompensés aux Golden Globes, Kevin Spacey (Francis Underwood) et Robin Wright (Claire Underwood) dont les personnages sont connus pour leur union, voient leur relation commencer à faillir. Michael Kelly, Jayne Atkinson, Neve Campbell, Derek Cecil, Paul Sparks et Joel Kinnaman complètent le casting de cette nouvelle saison de House of Cards.

Après quatre ans passés dans les couloirs glacés de la Maison Blanche, on avait bien compris que Claire (Robin Wright) et Francis Underwood (Kevin Spacey) n’étaient pas à prendre à la légère. Cette année cependant, House of Cards acquiert une toute autre dimension, un fait que les créateurs de la série n’avaient pas forcément anticipé et qui pourra laisser un goût amer dans la bouche. Depuis le changement de Président aux États-Unis, certains faits de la série qui pouvaient passer pour élucubrations d’artistes se rapprochent beaucoup de la réalité. Le créateur Beau Willimons a cédé sa place à Melissa James Gibson (The Americans) et Frank Pugliese (Borgia), deux scénaristes ayant joint la série avant le début de la troisième saison. Ils avaient décidé de pousser la série un peu plus loin, d’explorer davantage la noirceur de l’âme de ceux qui nous gouvernent, donnant naissance à une cinquième saison aux allures quelques peu divinatoires puisque l’écriture avait commencé mi-2016. On ne va pas tout vous raconter, mais on remarquera seulement que, dès le premier épisode, les parallèles avec la politique de Donald Trump sont immanquables.

L’ambition est un trait caractéristique des Underwood. On pourrait penser qu’ils se contenteraient d’être le Président et la Première Dame des États-Unis, mais non, ils veulent être Président et Vice-Président, et comme d’habitude, gare à qui se met en travers de leur chemin. Les dernières saisons avaient révélé les défauts de la cuirasse de ce couple qui avançait comme un bulldozer sur la voie du pouvoir et l’on sait désormais que Claire est le seul adversaire à la hauteur de Francis, et vice-versa. Épaulés par leur fidèle Doug (Michael Kelly), les Underwood sont cette année en pleine campagne présidentielle face au républicain Will Conway (Joe Kinnaman) et à son épouse Hannah (Dominique McElligott). Au programme des deux candidats : coups bas, manipulations, chantage, espionnage, pressions en tous genre et oh, juste une pincée de crime. L’image est toujours aussi grise et glauque puisqu’Eric Dunlap, le nouveau directeur de la photographie, n’a aucune intention de changer le ton désormais si iconique de la série, la musique de Jeff Beal fait toujours froid dans le dos et question rythme, on ne ralentit jamais. La structure des épisodes est un peu répétitive sans doute, mais quand l’intrigue avance avec une rigueur fatale et que la plus petite interaction peut avoir des conséquences irréparables, comment en vouloir aux scénaristes de continuer à s’appuyer sur un schéma qui marche ?

House of Cards s’est toujours distinguée par son cynisme et sa noirceur, mais il faut avouer que cette dernière saison atteint des sommets. Frank et Claire mènent la danse, virevoltant dans un environnement tellement corrompu qu’on ne sait plus où donner de la tête, où morale et appât du gain sont constamment en garde, épée haute, et où la première perd chaque duel avec une régularité quelque peu embarrassante. Pourtant, c’est bien là que réside le plaisir pervers de la série, dans cette espèce de supériorité intellectuelle, méprisante et discrètement fanfaronne dont fait preuve le protagoniste, qui se tourne vers la caméra en aparté pour nous faire partager sa toute-puissance. C’est terrifiant de se voir enveloppé par l’esprit de ce couple de mégalomanes pour qui chaque être humain tombe dans la catégorie des atouts ou dans celle des obstacles. Une méditation sur le pouvoir, l’intelligence et l’éthique qui fascine le public depuis quatre ans et qui n’est pas près de s’arrêter. Une série fine, bien menée, bien montée, qui n’a pas froid aux yeux et qu’on recommande chaudement à tous ceux qui veulent se poser des questions sur la politique, le futur, le présent, la morale, ses limites, la figure du méchant sympathique et l’âme humaine.

Crédits : Netflix

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