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UNBREAKABLE KIMMY SCHMIDT (Critique Saison 3) Sympa mais sans plus

SYNOPSIS: Diplôme de fin d’études secondaires en poche, Kimmy est prête pour l’université. De son côté, Titus a besoin d’un nouveau job, et peut-être même d’un nouveau petit ami.

Ah, Kimmy, sa bonne humeur, son optimisme, son style vestimentaire pittoresque… et son stress post-traumatique qui n’en finit pas de lui causer des problèmes. La troisième saison de la série créée par Tina Fey et Robert Carlock fait son grand retour sur Netflix et l’on retrouve, dans son ton, toute la férocité de la série qui s’attendait à ne pas être renouvelée. Commandée par NBC en 2014, Kimmy Schmidt, qui s’appelait alors Tooken, se voit bientôt reléguée indéfiniment aux couloirs du « développement » plus connu sous le nom de purgatoire de la télévision. NBC, connu pour être un chaîne plutôt frileuse, ne voit pas très bien l’intérêt de cette histoire abracadabrante où l’héroïne, victime rescapée d’un bunker souterrain près de quinze ans après son kidnapping, décide de s’établir à New York pour rattraper le temps perdu et insiste sur le fait que, maintenant qu’elle est libre, tout va bien dans le meilleur des mondes. Elle emménage avec Titus Andromedon (Titus Burgess), un acteur à la voix d’or qui tente de toutes ses forces de se faire une place dans la jungle de béton, rencontre Jacqueline (Jane Krakowski), Amérindienne qui se fait passer pour blanche, retourne à l’école pour essayer d’avoir son bac et ignore les cauchemars qui la poursuivent la nuit. Parce que Kimmy va bien. Elle va très bien. Elle gère comme personne. Elle insiste, persiste et signe, même quand son premier réflexe est d’assommer le garçon qui veut l’embrasser avec un vieux téléphone. C’était un gros défi d’écrire une comédie qui jongle avec tant de sujets délicats, entre violences sexuelles et pressions raciales pour n’en citer que deux, et si on avait dit aux créateurs que leur drôle d’idée construite autour de la personnalité d’Ellie Kemper allait se transformer en l’une des séries les plus attendues de la plateforme de streaming, ils ne l’auraient sans doute pas cru.

Que vaut-elle donc, cette troisième saison de Kimmy Schmidt ? Eh bien, pour être honnête elle ne détonne pas beaucoup des deux précédentes. L’image est acidulée, l’humour de Tina Fey facile à reconnaître et Ellie Kemper se jette corps et âme dans son personnage, avec une énergie contagieuse. Le ton vacille quelque peu, tombant parfois dans le lourdaud, principalement sur des sujets qui gagneraient à être traités avec un peu de délicatesse. La saison deux s’était amusée à se gausser de la controverse du Mikado, un tollé dans le monde du théâtre new-yorkais, où une production de la fameuse comédie musicale prenant place au Japon n’avait pas engagé un seul Asiatique. Alors que le white-wahsing (cette déplorable habitude qu’on Hollywood et la télévision de donner des rôles non-Blancs à des acteurs blancs), les blagues de Kimmy Schmidt n’avaient pas fait rire grand monde. On aurait pu croire que Fey et Carlock avaient compris la leçon, mais hélas, il semblerait que ce ne soit pas toujours le cas, et la série, vacillant constamment sur le fil entre gaucherie et raffinement, se casse parfois la figure, et du mauvais côté de la ligne. Certes, tout le monde ne peut pas avoir la finesse d’Aziz Ansari ou la plume corrosive d’Issa Rae, mais quand même. Tina, tu nous avais habitués à mieux.

Cependant, malgré ses défauts évidents, Unbreakable Kimmy Schmidt est portée par un script qui ne faiblit jamais question rythme et des acteurs au capital sympathie non négligeable. Ellie Kemper illumine l’écran et requinque régulièrement son groupe disparate d’amis tous plus ou moins barjos, insufflant une vigueur surhumaine à une série qui, sans l’énergie de sa protagoniste, pourrait facilement se dégonfler comme un ballon baudruche. Sympa dans l’ensemble, mais sans plus.

Crédits : Netflix

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