Critiques Cinéma

AVA (Critique)

SYNOPSIS: Ava, 13 ans, est en vacances au bord de l’océan quand elle apprend qu’elle va perdre la vue plus vite que prévu. Sa mère décide de faire comme si de rien n’était pour passer le plus bel été de leur vie. Ava affronte le problème à sa manière. Elle vole un grand chien noir qui appartient à un jeune homme en fuite… 

Ava, premier film de Léa Mysius – une ex de la Fémis remarquée pour quelques courts métrages bien sentis et révélée pour avoir co-scénarisé le film d’ouverture du Festival de Cannes, Les Fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin– était présenté en compétition à la Semaine de la Critique lors du festival 2017. Que raconte Ava ? Les tribulations d’une jeune fille de 13 ans, qui apprend, alors qu’elle se trouve en vacances au bord de mer avec sa mère, qu’elle va perdre la vue plus vite que prévu. Cocasse d’ailleurs comme certains films cannois se répondent parfois. Après l’enfant qui perd l’ouïe et qui cherche ensuite ses origines dans Wonderstruck, place à l’adolescente de treize ans, butée et solitaire, qui perd la vue et fuit, en quelque sorte, ses racines en s’émancipant de sa mère. Sur l’acceptation de la maladie (ou plutôt l’acceptation d’un handicap inéluctable et la manière d’affronter le problème) et d’un corps en pleine mutation, sur la gestion de l’individuation et de la séparation d’avec sa mère, sur la découverte d’une sexualité naissante, sur la mise à l’épreuve de pulsions débordantes, le film de Mysius est finement écrit et plutôt juste, même si certaines répliques paraissent un peu trop plaquées (toutes les tirades de Mathias, le copain de vacances d’Ava).

Ava est un récit initiatique beau et solaire (le début rappelle d’ailleurs vaguement l’intro de Jeune et Jolie d’Ozon, avec un pitch moins transgressif peut-être), qui tient dans l’originalité de traitement du coming-of-age de son héroïne, campée par la révélation féminine Noée Abita. Contrainte, par sa cécité prochaine, à vivre auprès des autres et à leur faire confiance, Ava va ainsi se formaliser une nouvelle vie en rencontrant Juan, jeune gitan grande gueule dont elle va tomber amoureuse.

Deux scènes assez mémorables et prodigieusement mises en scène se dégagent du lot : l’ouverture tout d’abord, avec cette vision d’un chien noir, famélique, qui traverse une plage bondée, pleine de chair, cris et de crème solaire pour se diriger instinctivement vers Ava et nous faire découvrir cette jeune fille lunaire et solitaire ; et celle, ensuite, du cauchemar pornographique d’Ava composé d’images sordides et violentes, de plans rarement vus au cinéma (le clitoris de la mère, l’exécution d’un bébé). Dommage par contre que le récit s’enlise ensuite dans une partie nettement moins palpitante et beaucoup plus convenue (à partir du mariage en gros), et qu’Ava soit souvent parcouru de symbolisme maladroit (la perte de la vue comme métaphore de l’obscurcissement du monde, certaines vannes sur-signifiantes). Premier film prometteur, souvent drôle et visuellement plaisant, Ava accroche et permet de mettre en lumière une cinéaste française dont il faudra désormais suivre attentivement la carrière : Léa Mysius.

Titre Original: AVA

Réalisé par: Léa Mysius

Casting : Noéé Abita, Laure Calamy, Juan Cano…

Genre: Comédie dramatique

Date de sortie: 21 juin 2017

Distribué par: Bac Films

BIEN

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