SYNOPSIS: Réunis par hasard quand ils retournent dans leur petite ville natale en Californie, deux anciens amoureux réfléchissent sur leur passé partagé.
Découverts par le grand public avec la série Togetherness, malheureusement annulée par HBO après deux petites saisons, les frères Duplass, Jay et Mark, chantres du cinéma mumblecore (cette mouvance du cinéma indépendant à très faible budget dont les films sont principalement tournés en numérique) sont de retour en exclusivité sur Netflix avec Blue Jay. Avec son apparence de film fauché, son pitch minimaliste, son noir et blanc et ses deux personnages autour duquel la petite heure vingt du film va s’intéresser, Blue Jay n’est pas de ces productions ambitieuses et alléchantes qui sont de plus en plus l’apanage de la plateforme de SVOD. La découverte n’en a que plus de prix car Blue Jay sous ses atours simplistes est un concentré de douceur et de tendresse qui révèle sa complexité dans ses fulgurantes vingt dernières minutes où la comédie romantique laisse brutalement la place à une révélation qui emporte le film sur des sommets émotionnels. La première heure de Blue Jay est en soi d’une criante banalité mais le film s’arrache à cette simplicité par le biais d’une sensibilité exacerbée qui passe par la beauté des dialogues, le noir et blanc soyeux, les sourires et regards en coin que s’échangent Amanda et Jim, amoureux de jeunesse que le hasard fait se rencontrer des années après leur séparation. Leurs échanges pendant toute une journée, à se remémorer la force des sentiments qui les liait, la nostalgie de cette relation fusionnelle qui semblait les emmener tout droit vers une vie de famille qui ne s’est jamais produite traduisent une déconcertante facilité à faire passer une infinie mélancolie en filigrane d’un film touchant et précieux.
Blue Jay est le premier film d’un deal de quatre titres que les frères Duplass destinent à Netflix et cela promet de beaux moments. C’est d’ailleurs toute la force du cinéma mumblecore et la puissance émotionnelle qui en découle qui irrigue le film de bout en bout. Tourné en sept jours, en partie improvisé à partir d’un court traitement, l’obligation d’urgence de cette méthode n’empêche nullement le film de prendre son temps et de décortiquer plus que le sentiment amoureux en lui-même, ses ramifications multiples, les regrets qui découlent des décisions que l’on prend et qui pèsent sur l’existence, la force tellurique des souvenirs bon comme mauvais qui ont influé sur le cours de la vie… Réalisé avec délicatesse par Alex Lehmann, interprété brillamment par Sarah Paulson et Mark Duplass (également scénariste), Blue Jay dévoile des trésors de sensibilité dans la traduction des plus intimes variétés de l’âme humaine. Débordant d’humanité, laissant affleurer l’émotion sur les visages à la fois dans un regard ou dans un sourire, Mark Duplass et Sarah Paulson offrent avec Blue Jay une partition qui les emmène au diapason des plus intenses émotions. Qui plus est enveloppée d’une musique ouatée qui lui sied à merveille (No more « I love you’s » d’Annie Lennox, Jim Cain de Bill Callahan...) Blue Jay vous enveloppe et vous prend dans ses bras tandis que vous l’emportez dans votre cœur si tant est que vous vous laissiez aller à la simplicité des choses et à leur dénuement infini.
Titre Original: BLUE JAY
Réalisé par: Alex Lehmann
Casting : Sarah Paulson, Mark Duplass….
Genre: Drame, Romance
Sortie le: 09 décembre 2016
Distribué par: Netflix
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Catégories :Critiques Cinéma