Au commencement...

Au commencement… (Séries) TABOO 1×01 & 02

3 STARS BIEN

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SYNOPSIS: Considéré comme mort depuis des années, James Keziah Delaney refait surface à Londres en 1814, après 10 ans passés en Afrique. De retour en possession de diamants acquis illégalement et bien décidé à venger la mort de son père, il va refuser de vendre ce qu’il reste de l’héritage familial à la Compagnie britannique des Indes orientales et se mettre en tête de bâtir son propre empire de négoce et de transport. Mais James, qui va rapidement comprendre qu’il a de nombreux ennemis, va devoir naviguer bien des eaux troubles pour rester en vie et parvenir à ses fins.

Taboo était sans doute l’une des séries les plus attendues de ce début d’année, et pour cause : Tom Hardy ! Steven Knight (à qui l’on doit le magistral Peaky Blinders) ! L’Angleterre du début du XIXème siècle ! Autant d’aperçus alléchants qui donnaient envie de se plonger dans la nouvelle série de FX et de se laisser emporter par les vents marins. L’histoire originale de Taboo vient de Tom Hardy lui-même, co-écrite avec son père Edward « Chip » Hardy et l’acteur l’aurait donnée à Steven Knight pour qu’il en fasse une série. Les trois hommes sont crédités en tant que créateurs et sont en charge de la grande majorité de l’écriture tandis qu’Emily Ballou et Ben Hervey, les Bleus de la writers room ont chacun contribué à un épisode. A la réalisation, on retrouve le Danois Kristoffer Nyholm qui brûle toujours d’un amour ardent pour des establishing shots qui auraient beaucoup plu à Charles Dickens, et le Finnois Anders Engström qui s’est occupé des épisodes 5 à 8. La cinématographie de Mark Patten est sinistre à souhait et la musique de Max Richter accentue les scènes comme tout oiseau de mauvais augure qui se respecte. Bref, l’esthétique de la série, victorienne à mort, nous prévient tout de suite : quelque soit l’histoire qu’elle a à raconter, ce ne sera point une partie de plaisir.

Parlons-en de l’histoire justement. Nous sommes en 1814 et James Keziah Delaney (Tom Hardy) est de retour à Londres pour recevoir son dû à la mort de son père après avoir passé douze ans en Afrique Le dû en question n’est pas une fortune en pièces d’or comme on aurait pu le penser, mais il se compose de plusieurs établissement et terres, notamment d’une petite parcelle de terrain du côté de Vancouver au Canada qui intéresse beaucoup les Américains et la très puissante Compagnie des Indes. Le président de cette dernière, Sir Stuart Strange (Jonathan Pryce) a bien l’intention de récupérer ce bout de terrain pour la plus grande gloire de Sa Majesté le roi George III et avait plus ou moins conclu un accord avec Ziphy Delaney (Oona Chaplin) la demi-sœur de James. Seulement voilà, maintenant que le fils que l’on croyait mort est de retour, il n’a aucune intention de céder son héritage à qui que ce soit, peu importe le prix qu’on lui offre. Le conflit central est donc assez simple : la Compagnie des Indes veut les quelques acres de terrain de Delaney, les États-Unis veulent la même chose et Delaney n’a aucune envie de vendre. On pourrait avoir là la base d’une querelle qui aurait de quoi nourrir la série pour plusieurs saisons, mais le tout se trouve encore compliqué par la personnalité de notre protagoniste qui ne parle pas beaucoup, grogne souvent et qui est plus entouré de mystères que le comte de Saint-Germain. Sortant des deux premiers épisodes, ce que l’on sait de James Keziah Delaney se résume ainsi : il a un fils illégitime, il semble avoir des sentiments pas très catholiques pour sa demi-sœur et puis il est peut-être capable de communiquer avec les morts, ou pas, peut-être médium, ou pas, peut-être le fantôme d’un homme mort à bord d’un bateau négrier, ou pas, peut-être capable de lire les pensées des autres, ou pas, peut-être responsable de la mort de son père, ou pas, et il a peut-être perdu la raison, ou pas. C’est une énigme sur pattes que James Keziah Delaney.

Tom Hardy possède une indéniable présence à l’écran mais le seul charisme d’un acteur peine parfois à justifier l’attention portée au personnage. Pas besoin qu’un protagoniste soit un « gentil » au sens propre du terme et les meilleurs scénaristes ont fait des pires « méchants » d’excellents protagonistes (Breaking Bad en est un parfait exemple), mais quand un personnage est défini par une série de point d’interrogations et non par ses actions, il devient difficile de savoir où la série veut en venir. Nous savons, grâce à la présence de Hardy, que nous sommes censés être de son côté, mais si Delaney était interprété par un acteur moins connu, les loyautés seraient nettement moins évidentes, ce qui met en lumière un manque de clarté dans la structure du script. La bonne nouvelle, c’est que ça s’arrange au fil des épisodes, assez lentement certes, mais ça s’arrange quand même. Rappelez-vous, Bambi avait connu lui aussi des premiers pas chancelants avant de réussir à se mettre debout et à se transformer en cerf majestueux. Il y a donc de l’espoir, d’autant que Bambi n’avait pas la chance d’avoir Steven Knight aux commandes.

Crédits: BBC One

 

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