Critiques Cinéma

DEMAIN TOUT COMMENCE (Critique)

1,5 STARS ASSEZ MAUVAIS

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SYNOPSIS: Samuel vit sa vie sans attaches ni responsabilités, au bord de la mer sous le soleil du sud de la France, près des gens qu’il aime et avec qui il travaille sans trop se fatiguer. Jusqu’à ce qu’une de ses anciennes conquêtes lui laisse sur les bras un bébé de quelques mois, Gloria : sa fille ! Incapable de s’occuper d’un bébé et bien décidé à rendre l’enfant à sa mère, Samuel se précipite à Londres pour tenter de la retrouver, sans succès. 8 ans plus tard, alors que Samuel et Gloria ont fait leur vie à Londres et sont devenus inséparables, la mère de Gloria revient dans leur vie pour récupérer sa fille… 

Autant prévenir les futurs spectateurs qui n’auraient pas encore vu le film : là, pour le coup, il va être indispensable d’aborder les diverses caractéristiques du scénario – assimilé par un journaliste lyonnais à « des montagnes russes émotionnelles » – ce qui impliquera donc de spoiler bon nombre de choses sur le contenu d’un film finalement moins surprenant qu’il n’en donne l’impression. Avec le recul, ce n’est pas tant que Comme des frères – le premier film de Hugo Gélin – avait constitué une réelle déception, mais il était clair que dans le genre ultra-éculé du film de potes à tendance mélancolique et/ou pleurnicharde, le résultat n’avait strictement rien apporté de bien neuf. Allez si, une seule idée : traiter du décès d’un proche en prenant soin de ne jamais nommer la maladie avait pour seul objectif d’infuser un suspense secondaire au sein de l’intrigue (quand bien même celui-ci n’apportait rien au récit) et de limiter le degré de pathos sur le sujet. Rebelote avec Demain tout commence, tant Gélin n’a visiblement pas fait souffrir son clavier en rédigeant son scénario, enfilant pour le coup à peu près tous les clichés possibles sur une trame mille fois rebattue par tant de téléfilms pour les lundis soirs de TF1.

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L’idée de base semblait être le thème de la monoparentalité, traité ici à travers le destin d’un dragueur immature (joué par Omar Sy) qui, désormais encombré d’une petite fille – la sienne – dont il ne soupçonnait pas l’existence, se démène pour offrir à celle-ci une vie agréable et devenir ainsi un père digne de ce nom… Vous voyez d’ici le tableau ? Nous aussi. Même quand il s’agit d’encombrer cette joyeuse histoire de filiation, on voit déjà venir les deux inévitables obstacles au tableau : d’abord un souci d’ordre médical touchant l’un des deux personnages (on vous laisse découvrir lequel), ensuite le retour d’une mère irresponsable (Clémence Poésy) qui finit par réclamer le droit de voir sa fille et/ou d’en obtenir la garde. C’est très précisément ces deux choix narratifs qui, d’entrée, fragilisent tout ce que le film pouvait proposer. D’abord parce que le premier choix, bien qu’infusé au détour d’un dialogue furtif qui prend soin de ne pas trop s’attarder dessus, conditionne déjà cette propension au tire-larmes à laquelle le film – et surtout sa conclusion méga-mièvre – va hélas rapidement se résumer. Ensuite parce que le second choix, installé de façon extrêmement maladroite à divers moments-clés du scénario, suffit à lui tout seul à révéler une liste assez conséquente d’invraisemblances narratives, pour le coup tellement faciles à repérer qu’on n’hésitera pas à parler de « flemmardise ».

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Déjà, qu’un protagoniste aussi bêta et désorganisé dans son job d’animateur sur la Côte d’Azur se retrouve du jour au lendemain en plein Londres avec un bébé sous les bras et sans moyens (situation standard : on lui a volé le contenu de son portefeuille dans le métro!) est tellement rapide et déroutant que la situation sonne faux. Qu’il puisse ensuite trouver aussi facilement un job de cascadeur (parce que trouver le courage d’être un bon père est corollaire du fait de risquer sa vie, merci, on a pigé…), élever sa fille en ne connaissant visiblement que dalle au rôle de père (on a l’impression que c’est tous les jours la fête chez eux !) et lui offrir une vie funky dans un appartement relooké comme une aire de jeux McDonalds, c’est encore plus difficile à croire. Sans parler du fait que la gamine en question ne va à l’école que cinq jours par an sans être inquiétée au fil des années (les Anglais ne sont visiblement pas très tatillons sur la présence en cours et le renvoi scolaire !), que le cadre londonien n’a ici comme seule utilité que de nous ressortir le traditionnel décalage vis-à-vis de la langue (exemple : le métro en anglais, ça s’écrit « tube », mais on dirait que ça se prononce « teub », ha ha ha LOL), que la liste des épreuves rencontrées frise l’indécence en matière de prise d’otages émotionnelle (après un échec pour récupérer la garde de sa fille, la mère avance un nouveau pion, à peine croyable celui-là) et que toute cette histoire se limite in fine à nous ressortir un énième prêchi-prêcha démago sur le devoir des parents de faire tout leur possible pour élever leur enfant et d’en tirer un enrichissement pour mieux avancer dans la vie (en l’état, c’est aussi beau et gnangnan qu’une chanson de Patrick Bruel).

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Côté humour, Gélin ne maîtrise hélas rien du tout. Si l’énergie folle et l’incroyable naturel d’Omar Sy suffisent en soi à garantir quelques sourires par-ci par-là, on ne peut pas en dire autant du reste. Dans le meilleur des cas, le jeune réalisateur se contente de nous réchauffer le même gag en boucle (comme en témoigne ce mini-suspense à chaque fin de cascade effectuée par le héros), et dans le pire, on a droit à cette éternelle et nauséabonde exploitation de l’homosexualité d’un personnage secondaire à des fins comiques (et ça, ça commence à bien faire !). Sur la mise en scène, quelques travellings bien exécutés cohabitent hélas avec une spatialisation de l’action tout ce qu’il y a de plus insignifiant. Avec néanmoins quelques ratés, comme en témoigne le dialogue entre Sy et Poésy dans un couloir d’hôtel : si la célèbre règle des 180° y est suffisamment bien gérée pour permettre de suivre la conversation, la place des acteurs s’avère en revanche invraisemblable lorsque l’on passe du champ au contrechamp ! Des maladresses que l’on mettra évidemment sur le compte de l’inexpérience, mais qui sont difficiles à passer sous silence pour quiconque s’intéresse à la mise en scène. Au final, il faudra donc compter sur le tandem formé par Omar Sy et la débutante Gloria Colston (une sacrée révélation !) pour décoller nos baskets de ce gros marshmallow familial. La complicité qui les unit, le punch fracassant qui ressort de leurs échanges, l’émotion bien réelle qui les envahit au fur et à mesure de l’avancée du récit : tout ceci évite l’artifice au profit d’une familiarité immédiate avec le spectateur. Cela ne sauve pas le film, mais ça permet au moins d’en ramasser les miettes.

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Titre Original: DEMAIN TOUT COMMENCE

Réalisé par: Hugo Gélin

Casting :  Omar Sy, Gloria Colston, Clémence Poésy,

Antoine Bertrand, Clémentine Célarié, Ashley Walters…

Genre: Comédie, Drame

Sortie le: 07 décembre 2016

Distribué par: Mars Films

1,5 STARS ASSEZ MAUVAISASSEZ MAUVAIS

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