SYNOPSIS: John Link n’a rien d’un tendre : ex-motard, ex-alcoolique, ex-taulard, il a pourtant laissé tomber ses mauvaises habitudes et vit reclus dans sa caravane, loin de toute tentation.
C’est l’appel inattendu de sa fille Lydia, 17 ans, qui va lui faire revoir ses plans de se tenir tranquille…
Celle-ci débarque chez lui après des années d’absence, poursuivie par des narcotrafiquants suite à un braquage qui a mal tourné.
Lorsque les membres du cartel viennent frapper à la porte de John, ils sont loin de se douter à qui ils ont affaire…
Quelle étrange mouche a piqué Jean-François Richet ? Lui qui avait si bien démarré sa carrière de cinéaste en France avec le militant et plutôt réussi Ma 6-T va crack-er, puis connu ensuite la consécration avec l’excellent diptyque centré sur Jacques Mesrine, le gangster déclaré « ennemi public n°1 » dans l’hexagone dans les années 1970. Couronnés de succès lors de leur sortie en salles, puis lors des César 2009, où Vincent Cassel fut intronisé meilleur acteur pour son interprétation habitée du célèbre malfrat, L’Instinct de mort et L’Ennemi public n°1 ont prouvé à ceux qui en doutaient qu’il existe aujourd’hui dans nos murs un digne héritier des polars français de la belle époque des 60’s et des 70’s. Après une longue absence des plateaux, où il a, entre autres, tenté de monter un biopic ambitieux consacré au marquis de La Fayette, avec Cassel dans le rôle du général et homme politique influent, Jean-François Richet est maladroitement revenu sur le devant de la scène en 2014, tout d’abord comme producteur, avec l’immonde N’importe qui – adaptation en film des sketchs potaches de Rémi Gaillard – puis l’an dernier, avec la réalisation d’Un Moment d’Égarement, remake d’un film éponyme de Claude Berri produit par son fils, l’inégal Thomas Langmann (connu pour avoir déjà bossé avec Richet sur le diptyque Mesrine). Un Moment d’Égarement transpirait la paresse à tous les niveaux (écriture puérile, mise en scène inexistante, pauvreté de l’acting), ne manquant pas au passage d’offrir une couverture incisive et provocatrice aux Cahiers du Cinéma, qui déplorait à travers un dossier brûlant le « vide politique » du 7ème art français, choisissant le film médiocre de Richet comme étendard. Blood Father, série B basse qualité tournée à la va vite aux États-Unis et projetée en séance de minuit dans le Grand Théâtre Lumière de Cannes le dernier jour du festival, sonne aujourd’hui définitivement le glas pour Richet.
Rappel des faits : Jean-François Richet a déjà traversé l’Atlantique en 2005, à l’occasion du remake assez faiblard d’Assaut, chef d’œuvre en huis clos de John Carpenter. Richet a aujourd’hui renouvelé l’expérience américaine en s’entourant cette fois de l’immense Mel Gibson, hélas davantage cantonné ces dernières années aux productions Grindhouse insignifiantes (Kill The Gringo, Machete Kills, The Expendables 3) qu’aux fleurons du genre d’antan (les sagas Mad Max et L’arme fatale). Le reste de la distribution de Blood Father est complété par Erin Moriarty, aperçue dans les séries True Detective et Jessica Jones, le mexicain Diego Luna, que l’on retrouvera bientôt sur les écrans dans le très attendu Rogue One : A Star Wars Story signé Gareth Edwards, et William H. Macy, vétéran que l’on ne présente plus. L’histoire de Blood Father tient sur un timbre-poste. Gibson y campe un ex-taulard en quête de rédemption, prêt à tout pour protéger sa fille (Moriarty), traquée par un narcotrafiquant (Luna) après avoir trempée dans une sale affaire à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.
De ce pitch ultra basique sous forme de rip-off de Taken, Jean-François Richet ne tire rien de plus qu’un film d’action convenu, qui plus est assez vulgaire. Ressassant maladroitement et sans originalité toutes les figures et poncifs inhérents au genre du « film d’action musclé à la lisière de la tortilla border » (bikers tatoués, bandits de cartel, anciens alcooliques anonymes, sicario, immigrants mexicains, néo-nazis, paysages arides et caravanes), Blood Father est surtout l’occasion pour Richet de traiter d’un rapprochement père/fille dans une situation de vie particulièrement douloureuse. Et même sur cette thématique, le bât blesse, avec un empilement de clichés resucées, des dialogues consternants, des situations déjà vues et une improbable « rédemption » du papa courage Gibson. Gibson en ersatz de Liam Neeson, ça ravira sans doute les fans hardcore du comédien/réalisateur, mais peut-être pas les autres, qui auront bien du mal à se contenter des brèves directions méta du scénario (il faut voir Mel jouant un ancien toxicomane qui insiste lourdement sur le nazisme d’un personnage avant de le tuer quelques minutes plus tard pour le croire). Acteur charismatique au talent indéniable, Mad Mel n’est, de nos jours, plus que l’ombre de lui-même. Hier dirigé par George Miller, Richard Donner, Brian Helgeland, ou encore M. Night Shyamalan, aujourd’hui considéré comme un comédien de série B ordinaires, voire grossières.
Dans cette débâcle, on se dit que Blood Father ne partait pourtant pas si mal, avec une ouverture prometteuse, dévoilant via un plan fixe des boîtes de balles de fusil qui avancent lentement sur un tapis roulant à la caisse d’un supermarché us assez typique. Mais hélas, aucune satire là-dedans (bien dommage à une époque où Donald Trump risque d’être élu 45ème président des USA), juste le point de départ vers un enchaînement arbitraire de scènes d’action faisandées dans des paysages arides. Alors évidemment, Richet semble avoir passé de longues heures devant le génial GTA V et essaye de le transmettre sur grand écran, avec des décors et des personnages qui font souvent penser au redneck violent Trevor et à son repère, mais cette donnée n’est jamais exploitée à bon escient, tant dans le traitement que dans l’exécution. Il n’y a aucune critique sociétale dans Blood Father, zéro propos, intrigue prévisible… le film évite la nullité totale grâce à son climax, plutôt inventif et jouissif sous la forme d’un gunfight dans un environnement restreint (les alentours d’une bagnole au point mort), mais malheureusement assez rapidement emballé. Un DTV 90’s projeté au festival de Cannes, est-ce possible ? La réponse est tristement positive, Blood Father en est la preuve.
Titre Original: BLOOD FATHER
Réalisé par: Jean-François Richet
Casting : Mel Gibson, Diego Luna, Erin Moriarty,
Michael Parks, William H. Macy, Miguel Sandoval …
Genre: Action, Thriller
Sortie le: 31 août 2016
Distribué par: SND
TRÈS MAUVAIS
Catégories :Critiques Cinéma
bah merde je l’attendais celui la est ce qu’il est aussi bien que le gringo (j’avais bien aimé ce film moi)?