Critiques Cinéma

AMERICAN HERO (Critique)

2,5 STARS MOYEN

american hero affiche

SYNOPSIS: Melvin est super-héros malgré lui. La trentaine bien entamée, il habite encore chez sa mère et ne vit que pour la fête, les femmes et la drogue. Jusqu’au jour où il réalise que la seule façon pour lui de revoir son fils, que la justice lui interdit d’approcher, c’est d’accepter son destin, et d’exploiter ses super pouvoirs pour lutter contre le crime. Mais dans un monde dans lequel personne ne comprend ni sa situation, ni d’où il tient ses incroyables pouvoirs, ces derniers pourraient bien causer sa perte… 

Dans la culture populaire, l’apparition des supers héros a souvent trouvé un écho dans les grandes crises traversant la société. Dans une Amérique qui s’interroge sur son avenir et sur ses valeurs, qui a donné le sentiment d’abandonner les siens notamment dans sa gestion des conséquences dramatiques de l’ouragan Katrina et de la grande crise financière de 2008, dans cette Amérique désabusée, Melvin (Stephen Dorff) pourrait apparaître comme le reflet de la crise identitaire et morale qu’elle traverse. Doté de pouvoirs télékinétiques dont il ne semble même pas connaître les limites, il se complaît dans une vie d’adolescent attardé, allant de fête en fête et cherchant un bien être illusoire dans l’alcool et la drogue. Dans cette Nouvelle Orléans qui panse encore ses plaies, il ne semble pas savoir quoi faire de ses pouvoirs qu’il n’utilise pas pour améliorer son quotidien ou celui de ses voisins. S’il s’attaque à une bande de dealers ce sera plus pour leur voler leur drogue et leur argent que pour le bien être de sa communauté. Tel un joueur de bonneteau, il va même jusqu’à se servir de ses pouvoirs pour gagner un peu d’argent dans la rue, accompagné de ses complices, dont Lucille (Eddie Griffin), son side kick, un vétéran revenu paralysé de la 1ère guerre d’Irak.

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Pour mettre en scène le quotidien de Melvin, Nick Love a choisi la forme du faux-documentaire, une équipe de télévision (que l’on ne voit jamais) accompagnant cet anti-héros et recueillant les témoignages de ses amis. Souvent comparé à Guy Ritchie notamment pour des premiers films dans lesquels ressortait une certaine fascination pour la violence, il s’aventure pour la première fois hors de ses frontières et ne faisant pas les choses à moitié, s’attaque donc à la figure du héros américain. Melvin est interprété par Stephen Dorff, un acteur très talentueux, que l’on promettait à une grande carrière mais qui, comme le personnage qu’il incarne, semble être jusqu’à présent passé à côté de son destin. S’il en fait parfois (beaucoup) trop, principalement à cause d’une direction défaillante et à un problème d’écriture, son interprétation permet de masquer en partie les faiblesses d’un film qui ne va finalement jamais au delà de sa séduisante idée de départ. A vrai dire, comme Lucille qui dans la scène d’ouverture cherche Melvin partout dans la ville, avant de le trouver lamentablement endormi entre 2 poubelles, on cherche longtemps le film promis pour finalement se rendre compte qu’il ne ressemble pas à grand chose et a du mal à tenir debout.

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Le choix du faux documentaire est problématique en ce qu’il crée une distance avec un personnage qui, à défaut d’avoir un arc intéressant, devait miser sur le charisme de son acteur et sur sa capacité à susciter l’empathie. Son « combat » pour récupérer la garde de son fils est son moteur bien plus que le combat contre les gangs de dealers qui menacent la sécurité de la ville. On suit les pétages de plomb (ça aurait pu être un rôle écrit pour Nicolas Cage) de Melvin, ses coups de blues, sa tentative de reprendre le contrôle de sa vie et on a le sentiment de tourner en rond, en tout cas que le récit n’avance pas. A force de le voir ne rien faire de spectaculaire avec ses pouvoirs, si ce n’est balancer des portières de voiture à travers la décharge où il s’exerce, on finit par ne plus avoir grand chose à quoi se raccrocher et l’absence de fond, les problèmes d’écriture et le manque d’idées de la mise en scène saute aux yeux. Le film cherche autant son ton que son sujet, entre la comédie et le drame, empruntant à la fois au cinéma mainstream et au cinéma indépendant. Il y avait la matière pour, à défaut d’un chef-d’œuvre, faire un petit film malin et sincère. Le résultat est trop maladroit et inconstant pour convaincre. L’absence de rigueur dans l’écriture et la mise en scène font même douter de l’intérêt de Nick Love pour son sujet et les thèmes qu’il semblait vouloir traiter au début du récit. Au final American Hero ne décolle pas mais reste un agréable divertissement pour peu qu’on ne lui en demande pas plus.

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Titre Original: AMERICAN HERO

Réalisé par: Nick Love

Casting :  Stephen Dorff, Eddie Griffin, Luis Da Silva Jr.,

Christopher Berry, Yohance Myles, Andrea Cohen…

Genre: Comédie, Fantastique

Sortie le: 8 juin 2016

Distribué par: Chrysalis Films

2,5 STARS MOYENMOYEN

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