Au commencement...

Au commencement… (Séries) Crashing 1×01 & 02

4 STARS EXCELLENT

CRASHING AU COMMENCEMENT

SYNOPSIS: Alors que la crise du logement fait rage en Angleterre, six jeunes, la vingtaine, et un vieux élisent domicile dans un hôpital désaffecté. Les amis, les amours, les emmerdes, bref la vie d’une communauté d’« adulescents » un brin paumés.

Crashing, la nouvelle série made in Britain tente de recréer la magie de Friends avec des conditions de vie un tout petit peu plus réalistes. Créée par Phoebe Waller-Bridge, Crashing suit le quotidien de six marginaux d’une trentaine d’années qui cohabitent dans un vieil hôpital de Londres. Leur domicile est délabré et pas franchement ragoûtant, mais en ces durs temps d’immobilier qui flambe, on fait ce que l’on peut pour survivre et l’idée de s’occuper d’une propriété en échange d’une grosse remise sur le loyer est une proposition par trop alléchante pour nos amis sans le sou. Produite par Big Talk Productions pour Channel 4, la série s’inscrit allègrement dans la lignée des comédies britanniques du genre de The Young Ones et croque une myriade de situations tout à fait ordinaires avec talent et légèreté.

Parlons des acteurs, d’abord. Le conflit central de la série tient à la relation entre Lulu (Phoebe Waller-Bridge) et Anthony (Damien Molony), amis d’enfance qui ne sont pas tout à fait satisfaits de leur relation platonique, à la Quand Harry Rencontre Sally. De plus, Anthony s’apprête à épouser Kate (Louise Ford), professionnelle coincée qui ne supporte pas les entorses au règlement. Coincée, mais pas idiote la Kate, qui se rend bien compte qu’il y a anguille sous roche entre la nouvelle venue et son fiancé, et qui se force malgré tout à faire bonne figure, le genre de situation qui s’annonce fructueuse en simagrées. Et comme bien sûr, un triangle amoureux n’est pas vraiment un triangle amoureux à moins qu’on ne considère la possibilité qu’il devienne un jour un rectangle, le très décomplexé Sam (Jonathan Bailey) ne se prive pas de faire les yeux doux à Kate, peut-être seulement pour rire mais il fait toujours bon avoir un prétendant potentiel dans sa distribution. On ajoute le discret Fred (Amit Shah) et la française Melody (Julie Dray) pour compléter cet assortiment de joyeux drilles, on ajoute deux ou trois problèmes de maintenance (les lustres qui tombent, les étagères qui s’écroulent) et c’est parti pour vingt minutes de facéties à tout va.

On peut regretter que tous les personnages ne soit pas égaux devant la plume de Waller-Bridge, car si elle s’écrit un rôle assez complexe et plutôt marrant, elle se repose bien trop sur les clichés en ce qui concerne les rôles secondaires (la française fumeuse et nymphomane, le gentil homo qui se plie en quatre ou encore le playboy obsédé par le sexe). On notera en revanche la performance étincelante de Louise Ford qui se détache singulièrement du lot dans la peau de Kate. Drôle, touchante, autoritaire et fragile, elle domine toutes les scènes dans lesquelles elle apparaît, à tel point qu’on se demande si ce n’est pas elle la protagoniste, en fin de compte.

Côté réalisation, c’est George Kane (Newzoids) qui s’y colle, épaulé par la cinématographie de Ben Wheeler et le montage de Mark Henson et Bridgette Williams, pour nous livrer un univers très concert et parfaitement reconnaissable. On est loin du monde ultra privilégié des autres séries sur les jeunes, genre Girls ou Younger, et la peinture de la réalité économique de ces personnages est plus que rafraîchissante. Au final, une jolie petite série sans prétention, qui se laisse regarder facilement et qui a le double mérite d’être intelligente et fine observatrice. On vous la recommande.

Crédits: Channel 4

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