Critiques Cinéma

THE PROGRAM (Critique)

2,5 STARS MOYEN

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SYNOPSIS: Découvrez toute la vérité sur le plus grand scandale de l’Histoire du sport : le démantèlement du programme de dopage qui a fait de Lance Armstrong une légende. De la gloire à l’humiliation, The Program retrace le parcours de la star du Tour de France. Véritable thriller, le film nous plonge au cœur de la folle enquête qui a conduit à sa chute.

Lance Armstrong est un personnage over the top comme on dit dans mon quartier. Champion du monde sur route en 1993, il ne brille pas par ses performances sur les grands circuits en général, sur le Tour de France en particulier. Victime d’un cancer des testicules dont il se remet courageusement, il se transforme en machine à victoire, remportant, de 1999 à 2005, 7 Tour de France d’affilée, faisant de lui tout simplement le meilleur coureur cycliste de l’histoire. En parallèle, il devient un acteur important de la vie civile Américaine, grâce à sa fondation soutenant les malades du cancer, Live Strong. Il est si populaire que l’on parle de lui comme d’un potentiel futur gouverneur de son Texas natal. Tout roule, jusqu’à ce que la légende ne se fissure, et que l’on ne découvre l’incroyable mécanisme de dopage qu’il a en fait mis en place pour bâtir sa carrière sportive, et donc financière et publique. Avouez que partant de là, il est impossible de ne pas voir l’histoire hors normes de ce sportif exceptionnel portée à l’écran. Hollywood se penche d’ailleurs rapidement sur un biopic tout à la gloire du coureur, un clin d’œil à ces projets finalement avorté est d’ailleurs présent dans le film.  Mais ce sera finalement Stephen Frears, cinéaste britannique polymorphe, à l’aise dans tous les genres mais particulièrement dans des films autour de personnages forts confrontés à eux-mêmes et aux limites de leurs propres valeurs (The Queen, Philomena, Tamara Drewe, etc..) qui aura la primeur de porter à l’écran le livre du journaliste Raoul Walsh, Seven Deadly Sins, revenant sur l’enquête qui aura permis de démasquer le sportif. L’histoire de Lance Armstrong est tellement exceptionnelle, le matériau si fourni, qu’il suffit presque de mettre en images tout ce que le grand public sait du personnage pour réussir le film. Presque. Et c’est sur cette nuance que Frears trébuche, et qu’il déçoit. 

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The Program est un film qui, en voulant prendre du recul sur son sujet se coupe de quasiment toute émotion. A l’image d’un Lance Armstrong qui tient plus du cyborg que de l’homme tant il est obsédé par la victoire à tout prix, au mépris de son corps, de sa santé et de la morale, Frears enchaîne les étapes de la vie du coureur sans se retourner : son cancer, sa première chute, sa guérison, son retour sportif miraculeux, son ascension fulgurante, sa chute terrible. Le réalisateur a fait le choix de se concentrer sur le sportif et non sur l’homme : s’il est justifié d’évoquer à peine la vie privée du coureur (et, franchement, vu la qualité de la scène où il rencontre sa première épouse, on aurait pu s’en passer complètement), on regrette que Frears ne s’attarde pas plus sur l’engagement d’Armstrong dans Live Strong. Car quoique l’on puisse dire sur son comportement face au dopage, il n’est pas discutable qu’il ait affronté courageusement un cancer qui, par la suite, lui a servi de levier psychologique pour affronter son destin. Frears se concentre principalement sur les évènements sportifs et périphériques au cyclisme qu’a vécu Armstrong : la découverte des produits dopant, sa rencontre avec le docteur Ferrari, la construction du « Program » de dopage etc.. Le problème, c’est que l’on ne ressent aucune émotion face à ces histoires. En refusant de se faire juge du comportement du sportif (même si les faits parlent d’eux-même), Frears ne fait qu’illustrer un scandale dont tout le monde connait les grandes lignes. C’est très dommage, car la matière était plus que présente, et surtout le casting est exceptionnel. 

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En effet, il faut tirer son chapeau au toujours trop rare Ben Foster pour son impressionnante composition. Il est presque dérangeant de voir dans certains plans Lance Armstrong lui-même, et non plus un acteur. Froid, calculateur, déterminé, charismatique, Foster impressionne, mais tourne un peu à vide puisque sa performance ne s’accroche à presque rien. Une fois une scène terminée, on passe à la suivante sans qu’il ne semble y avoir de réel fil rouge entre elles, la faute à un montage haché et à une construction globale grossière. Aux côtés de Foster, Denis Menochet est toujours aussi impeccable, en Johan Bruyneel, complice des premiers jours, et Guillaume Canet  jubilatoire en Michele Ferrari tout en caricature d’Italien beau parleur. Attention, il sera moqué, mais une fois la moumoute et l’accent douteux acceptés, il donne une performance bien plus fine qu’il n’y parait. Chris O’Dowd assure le travail dans un rôle plutôt insipide (alors qu’il est un génie de la comédie, il n’y a qu’à le revoir dans la trop méconnue série The IT Crowd). Quant à Jesse Plemons, par ailleurs l’un des acteurs les plus prometteur de sa génération, il essaie de sauver les meubles d’un Floyd Landis caricatural et pas subtil pour un sou, victime d’un scénario de toute façon largement en-dessous des standards du réalisateur britannique. The Program était un film attendu, mais qui déçoit donc par le peu de risques que le réalisateur a voulu prendre. En ne cherchant pas à aller plus loin que les faits, il gâche un casting habité, et l’occasion de marquer un grand coup au cinéma. Espérons que d’autres réalisateurs plus inspirés (et bénéficiant de plus de moyens ? ) sauront rendre justice à un personnage bigger than life. Car ici, Lance Armstrong est bigger than the movie. 

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Titre Original: THE PROGRAM

Réalisé par: Stephen Frears

Casting: Ben Foster, Chris O’Dowd, Guillaume Canet

Jesse Plemons, Lee Pace, Dustin Hoffman, Denis Ménochet…

Genre: Biopic, Drame

Sortie le: 16 septembre 2015

Distribué par: StudioCanal

2,5 STARS MOYENMOYEN

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