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MAD MAX : FURY ROAD (Critique)

5 STARS CHEF D'OEUVRE

mad max fury road afficheSYNOPSIS: Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il se retrouve embarqué par une bande qui parcourt la Désolation à bord d’un véhicule militaire piloté par l’Imperator Furiosa. Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe qui s’est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce Seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles impitoyablement…

On le dit depuis plusieurs années : l’industrie des blockbusters Hollywoodiens est en crise. Les budgets de plus en plus colossaux, imposés par la nécessité de recruter des mégastars bankables et de saturer le films d’effets spéciaux couteux, paralysent les studios, qui ne veulent plus prendre de risques pour satisfaire un public lui aussi fautif, car continuant d’aller voir des films balisés et déjà vus. Résultat : on retrouve dans les champions du box-office à chaque fin d’année une majorité de suites, de reboots, de suites de reboots ou de reboots de suite, lorsque ce ne sont pas des adaptations de comics, de jeux de société ou de jeux vidéos, complètement vides de nouvelles idées et victimes la plupart du temps de la paresse de scénaristes pas spécialement ambitieux. La création pure est de plus en plus rare, et on ne vous parle même pas de l’originalité. Peu à peu, le cinéma se vide de son audace, pour se contenter d’un confort intellectuel et visuel alarmant. Aussi était-on très méfiant à l’annonce de la mise en chantier d’un nouveau Mad Max. Saga mythique qui a lancé la carrière de Mel Gibson et de George Miller, elle s’est perdue toute seule dans un troisième film certes, loin d’être une totale catastrophe, mais où il manquait tout le sel qui avait fait le succès de ses prédécesseurs. On sentait donc venir de loin la tentative de come-back bassement mercantile de la part d’un réalisateur qui avait certes prouvé maintes fois son talent, mais dont les trois derniers films mettaient en scène un cochon bavard et des pingouins en 3D (Babe et Happy Feet). Très loin donc de la claque que l’on se prend avec Fury Road.

mad max fury road 1Âgé de 70 ans, George Miller nous offre tout simplement le meilleur des Mad Max, et accessoirement le chef-d’œuvre de sa carrière. Il ne se contente pas de nous montrer les images les plus impressionnantes vues depuis très longtemps : il redéfinit la façon de raconter une histoire, par la puissance et la subtilité de sa mise en scène, par le fourmillement des idées nouvelles qu’il nous propose, par son parti pris d’aller à contre courant de tout ce qui se fait aujourd’hui, en réduisant au minimum l’utilisation des effets spéciaux, et par la cohérence de toute la production design (images, montage, musique). Mad Max : Fury Road marque une étape essentielle du film d’action au cinéma, et sera une référence pendant de nombreuses années. Avec Fury Road, on pense immédiatement au mètre-étalon de la saga, Mad Max 2 : le Défi, qui avait en son temps posé les bases du film d’action sur route, dont s’inspirera largement, entre autres, la saga Fast & Furious. On y pense, mais pas bien longtemps, tant Fury Road dépasse le modèle : sur 120 minutes de film, on peut allègrement en compter 60 d’action pure motorisée. Avec des machines complètement folles, foisonnant, comme à chaque fois, de customisations improbables mais géniales : les voltigeurs plantés sur des perches, un guitariste fou, des lances explosives.. Avec une mise en scène furieuse et virevoltante, Miller renvoie au placard la grande majorité des actionners de ces dernières années. L’incroyable photographie de John Seale, tranquille grand-père de 72 ans qui nous ballade entre l’ocre du désert et le bleu profond de la nuit, n’est pas étrangère à la beauté quasi-mystique qui se dégage de certains plans, et qui accentue encore la puissance des images.

mad max fury road 2

Mais en plus de cela, Fury Road se paye l’audace d’être l’un des objets scénaristiques les plus maitrisés de la décennie. Conteur né, Miller nous offre une histoire dense, profonde et complètement cohérente, alors même qu’il se passe de longues scènes d’expositions, d’explications et de dialogues. La puissance des images s’affranchit allègrement de la force des mots, car le réalisateur distille au cœur même de l’action suffisamment d’informations pour construire des personnages étonnamment fouillés, et aborder un nombre de thématiques impressionnant : l’Humanité et sa survie, l’innocence, la vengeance, le sacrifice, la figure du héros, la maternité, la femme, la rédemption, la foi.. Miller parvient encore une fois à créer un monde post-apocalyptique complet, avec ses croyances, ses traditions, sa culture, son identité, et ce sans jamais nous noyer sous des tonnes d’explications lourdingues, qui pourraient rapidement passer pour des justifications. Tout est solidement lié, rien n’est survolé alors que, paradoxalement, quasiment rien ne repose sur les mots : un tour de force d’écriture et de mise en scène que l’on est pas près de revoir à l’écran. Fury Road marque également un tour de force dans l’univers codifié des blockbusters de ces dernières années. Très attendu, très marketé, le film n’a pourtant quasiment rien montré de lui-même dans ses bandes-annonces, dont les images sont en grande majorité tirée d’un tout petit tiers du film. On est loin des 10 minutes mises bout-à-bout que nous révèlent les nombreux trailers, teasers et featurettes des films Marvel avant leur sortie, et qui nous révèlent, en accéléré, 95% du film ! Surtout, bien malin est celui qui réussira à deviner la fin de Fury Road au bout de la première demi-heure de vision, comme c’est malheureusement souvent le cas aujourd’hui avec tout ce qui sort de la chaine industrielle d’Hollywood ! Miller se moque des grandes règles de l’écriture, et construit son récit en ligne droite, mû par les enjeux qui lui semblent important à lui, et pas aux producteurs ou aux services marketing de son studio.

mad max fury road 3Pour être tout à fait honnête, Mad Max : Fury Road n’est pas exempt de lacunes. Tom Hardy, acteur génial par ailleurs, a du mal à faire oublier le seul est unique Max Rockatansky qu’était Mel Gibson. Son Max à lui n’existe que dans l’action, et a le défaut d’être plutôt creux le reste du temps. Mais impossible de tenir rigueur à un film qui multiplie les scènes inoubliables (les quelques première minutes d’introduction convaincront la plupart d’entre vous), les personnages forts (Charlize Theron et Nicholas Hoult en tête, mais également l’ensemble des seconds rôles, tous excellents) et qui vous colle au siège pendant deux heures. Si vous n’aviez qu’un film à voir cette année, c’est, sans trop de doutes permis, celui-ci.

mad max fury road afficheTitre Original: MAD MAX: FURY ROAD

Réalisé par: George Miller

Casting: Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult

Zoë Kravitz, Hugh Keays-Byrne, Rosie Huntington-Whiteley  …

Genre: Action, Science Fiction

Sortie le: 14 mai 2015

Distribué par: Warner Bros. France

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