Critiques Cinéma

PARTISAN (Critique)

2,5 STARS MOYEN

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partisan afficheSYNOPSIS: Grégori est à la tête d’une communauté protégée du monde qui abrite des femmes et leurs enfants. Parmi eux, Alexandre, 11 ans, a grandi en voyant le monde à travers les yeux de Grégori. Mais des événements inattendus vont l’amener à penser par lui-même.

Démarrage timide pour cette huitième édition des hallucinations collectives de Lyon avec le film Partisan, premier essai en demi-teinte du réalisateur australien Ariel Kleiman ! Ayant pour point de départ un article du New York Times sur les enfants tueurs en Colombie, « les sicarios », le metteur en scène confie avoir eu ensuite dans son esprit l’image d’un pré-ado en train d’abattre un homme et que de ce flash serait né Partisan. Intéressant sur le papier ; en pratique, Partisan est une fable – certes réaliste et à l’identité forte – qui manque cruellement de clarté, de puissance narrative et de caractérisation bien définie. Le récit, linéaire et simple, propose au spectateur de suivre le parcours d’Alexandre, 11 ans, résidant au sein d’une communauté protégée du monde – abritant des femmes et leurs enfants – et élevé par Grégori, un homme mystérieux, déterminé, idéaliste, indépendant et fort. Qui est le jeune garçon ? L’aîné de nombreux enfants, vivant dans un bunker qui ressemble à un labyrinthe avec une cour, accessibles de l’extérieur uniquement par des tunnels et une porte verrouillée. La forme marque les esprits : la représentation d’un monde déshumanisé, circonscrit et étouffant, géographiquement non spécifique, avec son propre code moral, est convaincante ; l’ambiance est là, notamment grâce au super travail du compositeur Daniel Lopatin (son sinistre, chœurs solennels) et du directeur photo Germain McMicking (image terne, gris constants). On note de même l’honnêteté du casting, qui, à défaut d’être réellement marquant (Vincent Cassel excepté), assume habilement les rôles, montrant une gamme satisfaisante d’expressions (faciales et verbales). Pourquoi, alors, cette impression d’être happé seulement par intermittence ?

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La faute probablement à l’histoire, aux enjeux diablement humains, mais un peu vains. Le réalisateur a en effet du mal à dégager un propos précis avec son récit. On devine aisément qu’il cherche à parler d’humanité ravagée, de conditionnement d’enfants par des adultes inquiets de la déliquescence du monde extérieur, du passage de l’enfance à l’adolescence (âge où l’on commence à penser par soi-même), de remise en question d’un enseignement autoritaire et absolutiste, de conséquences de la violence inculquée à des jeunes en bas âge, non capables de discerner le bien et le mal, mais tout cela manque d’éclat, de limpidité et surtout de profondeur. C’est un peu fourre-tout, l’effet (péjoratif) « premier film » apparaît constamment au premier plan. Le ton employé, assez singulier, permet heureusement d’être accroché par moments et à ce titre, il faut reconnaître que Partisan est parcouru de quelques belles idées, comme ces concours pour obtenir l’approbation de Grégori, mesurée par le gain d’étoiles dorées déposées sur une planche de mérite et l’honneur d’être choisi ensuite pour chanter à des soirées karaoké. Grégori est d’ailleurs un personnage fascinant à bien des égards, interprété par un Vincent Cassel des grands jours (tantôt inquiétant, tantôt rassurant, performance nuancée à l’appui), mais à la personnalité en fin de compte pas assez développée : il s’agit d’un homme aux pensées floues (pourquoi ce grief vengeur contre le monde qui l’entoure ?), souffrant d’un complexe de messie mal défini. Dans Partisan, l’éducation des enfants passe par des activités de jardinage, de jeux (ballons, tirs au pistolet, paintball…), ainsi que des missions d’élimination de victimes choisies, le but étant d’enseigner certaines valeurs (fiabilité, courage, obéissance) et le respect des règles, nécessaires soi-disant pour survivre au-delà des murs, supposés dangereux. Certains enfants sont sélectionnés pour participer à des assassinats à l’extérieur mais ni l’objectif de ces meurtres ni le choix des cibles ne nous sont communiqués, omissions narratives qui laissent hélas un peu le spectateur sur sa faim. Ce n’était pas une obligation en soi, mais ce détail reflète finalement l’impression globale : celle d’un court-métrage un peu cache misère (le thème du recrutement d’enfants comme assassins a des parallèles avec la réalité de notre monde, mais n’est ici que survolé), étiré en long au-delà de ses limites, qui s’achève là où il aurait dû commencer. Sur la thématique de l’isolationnisme poussé à son paroxysme, préférez largement les pourtant pas exceptionnels Le Village, La Plage, Canine, The Island.

partisan afficheTitre Original: PARTISAN

Réalisé par: Ariel Kleiman

Casting: Vincent Cassel, Jeremy Chabriel, Florence Mezzara,

Anastasia Prystay, Sapidah Kian, Samuel Eydlish…

Genre: Drame, Thriller

Sortie le: 06 Mai 2015

Distribué par: ARP Sélection

2,5 STARS MOYENMOYEN

 

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