Le tweet de sortie de projo:
SYNOPSIS: Russell Crowe est Noé, un homme promis à un destin exceptionnel alors qu’un déluge apocalyptique va détruire le monde. La fin du monde… n’est que le commencement.
Sixième film de Darren Aronofsky, sixième claque. Et comme d’habitude là où on ne l’attend pas. Après nous avoir rendu zinzins avec Pi, dérangé et effrayé avec l’éprouvant Requiem for a dream, émerveillé avec The Fountain, ému (The Wrestler) puis bouleversé, via son chef d’œuvre Black Swan, le metteur en scène, fier du tremplin offert par le triomphe public de son dernier bébé, surprend une nouvelle fois avec Noé – un projet fou qu’il cherchait à concrétiser depuis des lustres – en renouvelant son style tout en conservant son bagage thématique, l’obsession auto-destructrice. La bande-annonce laissait craindre un film de commande au propos maheureusement effacé derrière une cascade d’effets immondes et un studio omnipotent. Que nenni, en préférant le drame humain à l’esbroufe visuelle, Darren Aronofsky signe une épopée biblique intelligente et atypique, comme on en a (presque) jamais vu, qui évite judicieusement l’écueil du long-métrage prosélyte (là où d’autres ont échoué auparavant : La Passion du Christ, Prédictions …) tout en prenant – et en assumant – des risques admirables, comme celui de déplaire au public pieu. Car en effet, si Aronofsky choisit au départ de satisfaire l’audience middle-america – sans jamais la considérer comme ignare – en transposant majestueusement et littéralement l’histoire de l’Ancien Testament, il propose ensuite une relecture de la Bible intéressante et surtout audacieuse, allant jusqu’à remettre en question la parole divine via une incroyable séquence qui concilie religion et science pour relater la Genèse.
Mais revenons au préambule et félicitons tout d’abord Aronofsky pour l’étonnante culture dont il fait preuve s’agissant de plusieurs genres qu’il affectionne, ici synthétisés avec une cohérence impressionnante. Le quadra américain se montre en effet capable de citer aussi bien Conan le barbare via une ouverture fracassante et brillamment orchestrée, que Mad Max 2, avec l’arc du protagoniste solitaire face à l’invasion barbare, ou encore Take Shelter dans la façon dont il dépeint la préparation de survie d’un père de famille tourmenté par des visions cauchemardesques de fin du monde imminente. Choix judicieux d’ailleurs de ne jamais remettre en question les prémonitions de Noé, l’acceptation du récit religieux par une réinterprétation mythologique n’en est que plus appréciable.
Aronofsky ne s’arrête évidemment pas là : on pense aussi, le temps d’une séquence heroic fantasy prodigieuse, aux créatures merveilleuses du Seigneur des Anneaux, au pétage de plomb de Jack Nicholson dans Shining – Noé tantôt perçu comme une divinité à écouter, tantôt comme un antagoniste délirant, se dégageant ainsi d’un manichéisme abrutissant en contraignant le spectateur à rallier le discours du « méchant » campé par Ray Winstone – mais également aux œuvres d’Aronofsky himself, que ce soit via l’imagerie onirico-spirituelle de The Fountain, retrouvée ici via quelques plans absolument splendides (remercions au passage le fidèle chef opérateur Matthew Libatique), qu’à travers le héros Noé, figure Aronofskyenne par excellence. Maximilian Cohen et son amour pour les mathématiques dans Pi, la mère désireuse d’un passage télé ou le fils ayant forte appétence pour la drogue dans Requiem for a dream, Hugh Jackman et sa quête absolue d’un remède pour soigner sa promise dans The Fountain, le catcheur déchu rêvant d’une résurrection dans The Wrestler, la jeune danseuse de ballet avide d’un show parfait dans Black Swan et aujourd’hui Noé… tous des êtres fragiles et jusqu’au boutistes, guidés par l’obsession maladive d’accomplir une tâche, de caresser un idéal, quitte à réaliser quelques sacrifices (blesser l’entourage, se cogner contre leurs convictions, être confrontés aux stigmates…). Changement de sujet, renouvellement perpétuel du style mais véritable continuité thématique donc (la marque des auteurs) pour le maître Aronofsky. Prise de risques à chaque plan, danger de mixer les genres, peur de décevoir, Aronofsky possède toutes les qualités requises pour qu’on lui attribue le qualificatif de génie, Noé en est la preuve.
Saluons à cet effet l’effort considérable réalisé sur la mise en scène : à la scène spectaculaire du déluge succède un troisième acte inattendu, en quasi huis clos, cadré avec un savoir-faire ahurissant (le plan séquence complètement dingue où Noé est filmé de dos de la même manière que Mickey Rourke avant qu’il entre sur le ring dans The Wrestler). Grande surprise du côté de la bande-son également, signée l’indispensable Clint Mansell, qui participe à transcender Noé. Même constat niveau casting, avec une mention pour Russell Crowe et Emma Watson. Si le premier n’avait pas été aussi bon depuis Mathusalem, palette de jeu hyper nuancée à l’appui, la seconde confirme film après film que Chris Colombus a bien fait de miser sur elle dans Harry Potter. Épaulé par une pluie de références, Darren Aronofsky livre un film immense et ambitieux, soulignant si l’on en doutait encore qu’il est l’un des réalisateurs les plus talentueux lorsqu’il s’agit de narration, de personnages et de mise en scène.
Réalisé par: DARREN ARANOFSKY
Casting: Russell Crowe, Jennifer Connelly, Emma Watson,
Logan Lerman, Ray Winstone, Anthony Hopkins…
Genre: Fantastique, Péplum, Aventure
Sortie le: 09 Avril 2014
Distribué par : Paramount Picture France
Catégories :Critiques Cinéma
Je suis bien d’accord avec toi ! 🙂
Viens on va monter notre blog où on sera toujours du même avis, et laisser Cliffhanger ne jamais penser comme nous tout seul dans son coin 😉
je découvre ce commentaire consternant! *pars bouder*
Mais non voyons ! Au fond de toi, tu as adoré, tu le sais !!
Private joke inside: « T’es un geek toi? »