Le tweet de sortie de projo:
SYNOPSIS: 1810. Après le naufrage de ses navires, un marchand ruiné doit s’exiler à la campagne avec ses six enfants. Parmi eux se trouve Belle, la plus jeune de ses filles, joyeuse et pleine de grâce. Lors d’un éprouvant voyage, le Marchand découvre le domaine magique de la Bête qui le condamne à mort pour lui avoir volé une rose. Se sentant responsable du terrible sort qui s’abat sur sa famille, Belle décide de se sacrifier à la place de son père. Au château de la Bête, ce n’est pas la mort qui attend Belle, mais une vie étrange, où se mêlent les instants de féerie, d’allégresse et de mélancolie. Chaque soir, à l’heure du dîner, Belle et la Bête se retrouvent. Ils apprennent à se découvrir, à se dompter comme deux étrangers que tout oppose. Alors qu’elle doit repousser ses élans amoureux, Belle tente de percer les mystères de la Bête et de son domaine. Une fois la nuit tombée, des rêves lui révèlent par bribes le passé de la Bête. Une histoire tragique, qui lui apprend que cet être solitaire et féroce fut un jour un Prince majestueux. Armée de son courage, luttant contre tous les dangers, ouvrant son coeur, Belle va parvenir à libérer la Bête de sa malédiction. Et se faisant, découvrir le véritable amour.
A l’origine, il y a Christophe Gans : un ex-critique ciné talentueux (rédacteur en chef du chouette magazine Starfix), passionné de septième art et biberonné à la culture pop-geek. Un « enfant de la balle » comme on dit, prêt à convertir son savoir dans la mise en scène de projets personnels, conçus avec l’ambition de se mesurer aux étalons dorés du cinéma mondial (américain évidemment, mais aussi français et asiatique, Gans étant féru de films nippons et chinois). C’est chose faite dès 1994 avec la direction d’un segment du Necronomicon puis en 1995 avec l’excellent Crying Freeman, hommage généreux – comprenez réalisé avec le cœur – aux films de yakusas de John Woo et consorts. Le réalisateur originaire d’Antibes s’attèle ensuite au Pacte des Loups, et c’est à partir de là que les choses se gâtent. Entremêlement bordélique des genres (film de cape et d’épée, western, cinéma d’arts martiaux et d’horreur), direction d’acteurs épouvantable (Samuel Le Bihan et Jérémie Renier si vous nous lisez), récit éparpillé, mise en scène stylisée jusqu’à outrance (overdose de ralentis), Le Pacte des Loups est un fiasco sur le plan artistique, malgré une reconnaissance publique notable (plus de 5 millions d’entrées en 2001). Le cinéaste, exilé temporairement aux USA, dirige ensuite le film de commande Silent Hill en 2006. Résultat mitigé : s’il est formellement sublime (esthétique soignée) et relativement fidèle au jeu, Silent Hill déçoit sur le plan narratif – malgré son propos intéressant sur le fanatisme religieux – de l’ambiance pas très effrayante et des personnages, tous peu attachants.Après une flopée de projets avortés (un prequel de Vingt mille lieux sous les mers, une adaptation grand écran de la bande-dessinée Rahan, une autre du jeu vidéo Onimusha, un reboot de Fantômas…), Christophe Gans, autoproclamé défenseur d’un cinéma traditionnel, a finalement jeté son dévolu sur une nouvelle version live – la 9ème – de La Belle et La Bête. Sur le papier, l’entreprise est plus qu’ambitieuse : relecture du célèbre conte de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve paru en 1740, budget conséquent (30 millions d’euros), volonté de redonner ses lettres de noblesse à un genre disparu en France depuis quelques années, casting 4 étoiles (Léa Seydoux, Vincent Cassel, André Dussolier …), promo mastodonte et exploitation du long-métrage sur le marché international … En pratique, La Belle et La Bête frôle hélas la catastrophe industrielle. Explications. Inutile de tergiverser, La Belle et La Bête est en effet un gros ratage. Tout d’abord, d’un point de vue strictement formel : même si elle est dotée d’une ampleur non négligeable, d’idées foisonnantes et démonstrative d’un savoir-faire indéniable, la mise en scène de Gans, compartimentée autour d’effets tape-à-l’œil, de trucages numériques parfois hideux (les petites bestioles), de prises de vues « réelles » dans des décors bricolés à la Robert Stromberg (Alice au pays des merveilles, Le Monde fantastique d’Oz et bientôt Maléfique), d’une profusion de ralentis dénués de sens, de costumes extravagants et d’une musique omniprésente assourdissante, ne sert qu’à combler un récit faiblard.
Du moins, Christophe Gans n’a rien à proposer de neuf ou d’attrayant par rapport au conte de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, en dehors de quelques scènes fantasy bien fagotées il faut l’avouer, et souffre de la comparaison avec le chef d’œuvre éponyme de Jean Cocteau ou du grand classique d’animation Disney. En interviews, les influences pleuvent : le réalisateur français cite aussi bien Hayao Miyazaki (pour les valeurs humaines, écologiques et civilisationnelles véhiculées) que le courant féérique des années 40 ou le génial Legend de Ridley Scott, notamment pour son côté très pictural. A l’écran, La Belle et La Bête manque cruellement de propos, d’incarnation, d’émotions, et peine vraiment à exister parmi toutes ces références. Faute en partie à des personnages terriblement caricaturaux, et interprétés par des comédiens au jeu douteux, ou simplement mal dirigés : tous les seconds-rôles en sont le témoin probant, du méchant peu consistant aux frères et sœurs de Belle. S’agissant du trio central, Léa Seydoux , assez fade, affiche sa bouille d’enfant gâté et fait figure de miscast, André Dussolier assure le job sans tellement y croire ; seul Vincent Cassel fait preuve d’excellence, notamment lors de scènes de flashbacks étonnantes. On s’étonne tout de même de ne jamais croire à l’évolution des sentiments de Belle pour la Bête, probablement à cause d’un cruel manque d’alchimie entre Seydoux et Cassel.
Enfin, que dire du public visé ? Si l’enchantement pourra éventuellement plaire aux adultes, difficile d’imaginer les jeunes chérubins comblés par les Tadum – ces petites bêtes aux yeux immenses et aux couinements agaçants – ou par l’histoire orientée adulte. La Belle et La Bête, qui marque le retour de Christophe Gans derrière une caméra, était censé faire figure d’événement majeur de ce début d’année en s’affichant comme le projet français le plus ambitieux vu de longue date. Cette relecture du conte, dénuée d’incarnation et d’émotions, n’est malheureusement qu’une boursouflure high-budget de plus, façon Jean-Paul Salomé (Arsène Lupin, Belphégor).
Titre Original : LA BELLE ET LA BÊTE
Réalisé par: Christophe Gans
Casting: Vincent Cassel, Léa Seydoux, André Dussolier,
Eduardo Noriega, Sara Giraudeau, Audrey Lamy ….
Genre: Fantastique, Romance
Sortie le: 12 Février 2014
Distribué par : Pathé Distribution
Catégories :Critiques Cinéma
mouahahaha la comparaison avec la filmo de JeanPaul Salomé est bien trouvée ^^
On est d’accord de A à Z sur le film…et même sur Crying Freeman et Le pacte des loups.
D’accord aussi sur Salomé, puisque j’ai pensé à Belphégor en sortant de la salle. J’avais d’ailleurs prévu d’en parler dans Podsac et j’ai oublié.
Au fait, Cliffhanger: attention, ton site a été piraté par Piwi.
ah oui j’ai vu qu’il s’était incrusté 🙂
Yep Fred, c’est cool qu’on soit en phase sur le film (et le réalisateur) 🙂