Critiques Cinéma

SINISTER (Critique) ***

SYNOPSIS: Ellison est un auteur de romans policiers inspirés de faits réels. Dans l’espoir d’écrire un nouveau livre à succès, il emménage avec sa famille dans une maison où les anciens propriétaires ont été retrouvés inexplicablement pendus. Ellison y découvre dans le grenier des bobines 8mm contenant les images de meurtres d’autres familles. Qui a filmé ces tueries et pour quelle raison ? Ellison va tenter de répondre à ces questions tandis que le tueur présumé, une entité surnaturelle présente sur les films, menace de plus en plus sa famille.

En matière de frissons au cinéma en ce moment le choix est relativement restreint. Seulement quelques semaines après la sortie de Paranormal Activity 4, qui semble enterrer définitivement une saga surcotée malgré un surprenant démarrage, débarque donc dans les salles ce Sinister. Réalisé par Scott Derrickson le metteur en scène de L’exorcisme d’Emily Rose, et produit par la même équipe que la saga Paranormal Activity ou Insidious, Sinister se révèle être un film relativement bien ficelé, une série B d’horreur qui apporte son quota de moments saisissants, même s’il ne transforme pas sur la durée une première partie très réussie.

Le début de Sinister nous immerge dans une ambiance vraiment très angoissante et la tension instillée pendant cette première partie l’est fait très subtilement. Scott Derrickson sait mettre en place une atmosphère qui prend aux tripes c’est indéniable, et il parvient à capter les peurs enfouies en chacun de nous et à les titiller avec des effets qui s’ils ont maintes fois faits leurs preuves, fonctionnent encore diablement bien. Et donc pendant une bonne moitié du film, on se cramponne à son fauteuil en suivant les investigations de cet écrivain en quête de rédemption et d’un nouveau succès qui les mettraient à l’abri, lui et sa famille. Et on est très vite en empathie avec lui (le fait qu’il soit interprété par Ethan Hawke facilitant la tâche), malgré les images proprement effrayantes qu’il n’a de cesse de visionner pour apporter du grain à moudre à son enquête.

En montrant l’addiction du personnage principal au visionnage de ces images insoutenables, addiction qui monte crescendo au fil du récit, Scott Derrickson n’a pas besoin d’en faire des caisses pour faire naitre un sentiment de  malaise. L’utilisation des jump scares notamment, associé à diverses figures imposées du thriller horrifique (l’enfant démoniaque, le fantôme…) est particulièrement maligne. Même si le méchant du film pâtit au final de cette ambiance, car ses motivations restent mystérieuses et servent plus l’atmosphère qu’à créer réellement un personnage. Par ailleurs, en tentant de se raccrocher au réel et à apporter une caution humoristique, en particulier avec l’adjoint du shérif, on a un peu l’impression que le film n’est pas suffisamment sur de son histoire et qu’il cherche des échappatoires pour tenir sur la durée.

Car c’est bien là que le bât blesse. Sinister se cherche lors de sa seconde partie et l’ambiance poisseuse admirablement posée en début de film laisse place à quelques trous d’air et facilités qui sont bien dommageables tant on commençait à trembler comme cela ne nous était pas arrivé depuis un bail et ce grâce notamment à un travail sonore exemplaire. Grâce aussi à une mise en scène brillante et suggestive, à une interprétation toute en finesse d’un Ethan Hawke à la maturité impeccable, Sinister aurait pu être la grande frayeur de 2012. Il n’est qu’une belle frousse mais par les temps qui courent au cinéma, ce n’est déjà pas si mal.

SINISTER DE SCOTT DERRICKSON, AVEC ETHAN HAWKE, FRED DALTON THOMPSON, CLARE FOLEY, JAMES RANSONE, JULIET RYLANCE… SORTIE LE 7 NOVEMBRE 2012

DISTRIBUE PAR WILD BUNCH DISTRIBUTION

2 réponses »

  1. Très bel article, qui rejoint presque complètement mon avis sur ce film.
    A la différence près que pour moi, les effets sonores sont exagérés inutilement, en ce qu’ils paraissent factices et s’intègrent parfois assez mal au sujet. Ils essaient d’amplifier artificiellement ce qu’on voit à l’écran, en oubliant de l’accompagner.

    C’est un conseil avisé que de préconiser aux spectateurs d’aller voir Sinister plutôt que Paranormal Activity 4, en tous cas.

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