Critiques Cinéma

LOOPER (Critique) ****

SYNOPSIS: Dans un futur proche, la Mafia a mis au point un système infaillible pour faire disparaître tous les témoins gênants. Elle expédie ses victimes dans le passé, à notre époque, où des tueurs d’un genre nouveau (les « Loopers ») les éliminent. Un jour, l’un d’entre eux, Joe, découvre que la victime qu’il doit exécuter n’est autre que… lui-même, avec 30 ans de plus. La machine si bien huilée déraille…

Thriller d’anticipation mâtiné de série B, le troisième film de Rian Johnson est une superbe réussite. Sur le thème éculé du voyage dans le temps, il parvient à réinventer le genre et même à le transcender en proposant un long métrage qui fourmille d’idées et qui semble avoir coûté beaucoup plus que son budget ne le laisse supposer. En proposant un film totalement novateur, Rian Johnson met un grand coup de pied dans une fourmilière hollywoodienne, sclérosée par son apathie et son manque d’ambition et en s’assurant le service de deux stars, l’une confirmant film après film son statut, l’autre à la recherche de son lustre passé, et ce pour jouer le même personnage à 30 ans d’écart, il réussit l’un des meilleurs castings de l’année.

Dans Looper, pas de vaisseau amiral, de robot ou de vilaine créature venue de l’espace mais un futur noir, désenchanté presque désillusionné, où les portes flingues font figure de justice expéditive devant des autorités absentes et où la mafia a pris les rênes du pouvoir et est la seule à utiliser le voyage dans le temps,  déclaré illégal. Cette noirceur qui enveloppe le film tout du long créant une atmosphère poisseuse et oppressante est le signe d’un environnement auquel notre esprit adhère, car réaliste, possible dérive à venir d’une cité qui libéraliserait le port d’armes et permettrait que le moindre larcin se termine par un meurtre de sang froid. Looper c’est un western qui ne dit pas son nom, un film noir, radical, où la violence est permanente et où les duels peuvent se faire face à soi même dans une société bouffie de paranoïa.

En s’appuyant sur ses références cinéphiles (entre autres James Cameron et Terminator, Terry Gilliam et L’armée des 12 singes, Ridley Scott et Blade Runner…) sans qu’elles soient trop ostensibles pour en tout cas pervertir l’originalité de son script, Rian Johnson digère au contraire ses influences pour mieux les restituer dans un univers cohérent et unique. Looper est une succession d’idées bluffantes associées à une réalisation inspirée et si vers le milieu du film, la narration semble s’essouffler et patiner créant ainsi une brèche où l’ennui peut poindre pour certains, c’est pour mieux repartir vers un final assez fou.
Violent, à l’esthétique parfaite, Looper est malgré ses légers défauts évoqués plus haut, un film gonflé et intelligent qui ne se prend pas les pieds dans le tapis casse-gueule du paradoxe temporel et qui gère ses séquences avec brio pour nous emmener dans son sillage, sans que l’on voit venir un final propice aux multiples interprétations et qui s’avère être une invitation au débat. Brassant les genres (polar, western, SF, fantastique, Manga…) sans que cela nuise à sa cohérence, le film bénéficie également de deux têtes d’affiche qui trouvent sans doute là, un de leurs rôles les plus marquants. Joseph Gordon-Levitt incroyable dans le pur travail d’interprétation livre une performance saisissante. Bruce Willis, lui, retrouve enfin un rôle qui le rend à nouveau crédible et où il échappe au ridicule un flingue à la main. Le sentiment de le redécouvrir bien badass comme il faut après toutes ces années est un plaisir énorme. Ajoutez à cela des seconds rôles réjouissants (Emily Blunt, Jeff Daniels, Paul Dano et un gamin de 5 ans qui est juste parfait…) et vous obtenez l’énorme surprise SF de 2012.

LOOPER DE RIAN JOHNSON, AVEC JOSEPH GORDON-LEVITT, BRUCE WILLIS, EMILY BLUNT, JEFF DANIELS, PAUL DANO, NOAH SEGAN… SORTIE LE 31 OCTOBRE 2012.

DISTRIBUE PAR SND

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