Critiques Cinéma

NOS PLUS BELLES VACANCES (Critique) *

Retour vers le futur…Juillet 1976, été caniculaire. Claude, juif d’Algérie débarque en vacances en Bretagne dans le village où sa femme Isabelle est née: le Rocher Abraham. Ils sont accompagnés de leurs deux fils et de la mère d’Isabelle. Ces vacances c’est la punition de Claude pour avoir été infidèle. Bientôt rejoints par Bernard et Bernadette et Jacky et Marie-France, deux couples d’amis, il vont devoir se faire accepter par les habitants du coin et faire face aux préjugés que l’ignorance fait naitre jusqu’à créer des liens et faire évoluer la situation. Moments de vie formateurs, premiers émois amoureux, pour les deux frères Bibou et Simon, ces plus belles vacances, ils ne les oublieront jamais.

Philippe Lellouche, le frère de Gilles, s’est forgé ces dernières années une belle réputation au théâtre en étant notamment à l’origine du Jeu de la vérité 1 & 2, deux pièces drôles avec un vrai fond et une vraie belle écriture. Aussi, lorsqu’il se lance dans son premier long métrage, pour raconter le souvenir de ses premières vacances, accompagné de sa « bande » (sa femme Vanessa Demouy, Christian Vadim, David Brecourt), et rejoints par quelques comédiens chevronnés (Julie Gayet, Gérard Darmon, Alain Doutey…), on a plutôt un à priori favorable. Hors, en moins de cinq minutes, tout est balayé par des traits trop appuyés et grossiers, comme si Philippe Lellouche avait cru qu’en exagérant toutes les situations et en les poussant au maximum, il en tirerait un effet comique ou un sentiment de vraisemblance. Malheureusement, c’est tout le contraire et au fil des minutes, on se demande avec inquiétude sur quel ovni on est tombé.

Ce qui pêche dans Nos plus belles vacances, ce n’est pas la sincérité que le metteur en scène et scénariste (avec Frédéric Petitjean) a mis dans son histoire. On sent l’importance que ces instants autobiographiques ont eu dans la vie de Philippe Lellouche, on sent la bonne volonté évidente, mais si de bonnes intentions et de bons sentiments suffisaient à faire un bon film ça se saurait. Car là, on bascule dans les années 70, mais pas uniquement dans l’histoire qui nous est racontée. Non, tout, la manière de filmer, le jeu des comédiens, les situations comiques ou celles plus dramatiques, tout semble daté, et on se prend même parfois à se demander si, au détour d’un plan, un Henri Guybet ou un Aldo Maccione  ne va pas débarquer dans le cadre. A choisir un parti pris maladroit, ce film de vacances, qui aurait pu apporter un brin de fraîcheur se cogne aux poncifs les plus prévisibles et nous fait remonter vers un cinéma populaire de seconde zone qui a eu son heure de gloire mais qui est désormais plus l’apanage des chaines de la TNT.

Pas suffisamment drôle, hésitant dans ses scènes d’émotion, manquant d’originalité, Nos plus belles vacances a beau être une jolie carte postale de l’été 76, un instantané de vie, on reste toujours sur notre faim. Là où par exemple, Julie Delpy réussissait avec subtilité le même genre d’exercice avec Le skylab, ici on reste dans l’attente d’un éclair, d’une étincelle. Emporté par son authenticité et son désir palpable de faire partager son histoire, Philippe Lellouche a juste oublié de faire un film moderne sur son passé. Reste un objet cinématographique un peu vain, juste transcendé par un ou deux jolis moments qui font regretter plus encore ce raté.

NOS PLUS BELLES VACANCES DE PHILIPPE LELLOUCHE, AVEC PHILIPPE LELLOUCHE, GERARD DARMON, JULIE GAYET, BERNARD YERLES, CHRISTIAN VADIM, DAVID BRECOURT, ALAIN DOUTEY, NICOLE CALFAN… SORTIE LE 07 MARS 2012 DISTRIBUTEUR: PATHE DISTRIBUTION

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