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CASUAL (Critique Saison 1) Entre sourire et mélancolie

3 STARS BIEN

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SYNOPSIS: Alex Cole, célibataire endurci, et sa soeur, Valerie, fraîchement divorcée, s’entraident pour réussir à séduire.

Jason Reitman, le roi des comédies indés un peu mélancoliques, se lance comme tout Hollywood dans l’aventure télévision. Produite par Hulu, le service de streaming US qui veut rivaliser avec Netflix, sa série Casual traite de thèmes très chers au format du genre : coming of age, famille dysfonctionnelle, relations sexuelles et amoureuses durant le règne d’Internet et, petit truc en plus, dépression. Le réalisateur de Juno et  In the air reste fidèle au style qui l’a fait connaître avec une image très naturelle et de longues séquences de silence. Du point de vue stylistique et thématique, Casual  diffère considérablement d’autres comédies : Bien que le format soit le même (épisodes de 20 minutes, structure en trois temps, etc.), on est bien plus dans le domaine du mal-être et de l’inconfortable que dans celui des facéties hilarantes de succès solidement établis comme Modern Family ou Shameless. C’est un humour assez acide qui coule dans les veines de Casual, un humour qui sonne parfois un peu trop dur et qui fait rire jaune.

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Côté bonne surprise, le casting est impeccable. Michaela Watkins, qui joue Valerie Meyers et que l’on connaît principalement pour sa pléthore de seconds rôles notamment dans New Girl ou le récent remake de Wet Hot American Summer, porte la série de bout en bout, à tel point qu’on se demande parfois si ce ne serait pas elle le personnage principal. Ses émois, bien qu’extrêmes, sonnent très vrai, et c’est toujours un plaisir de voir une actrice chevronnée démontrer l’étendue de ce qu’elle sait faire. Sa relation avec sa fille Laura, interprétée par Tara Lynne Barr est une variation sur l’exemple de Gilmore Girls où mère et fille sont plus amies qu’autre chose, mais sans autant de réparties spirituelles. Tommy Dewey pour sa part, tire son épingle du jeu et fait d’Alex un héros de série assez atypique, à mi-chemin entre le tombeur de ces dames et le romantique éternel. La première saison ne plonge pas tellement dans sa tête et sa vision des choses, et le spectateur est plus témoin de sa dépression qu’il ne la vit avec les personnage ; ce qui est parfait pour une comédie dont le but est de faire sourire, mais qui nous laisse un peu sur notre faim en termes de développement. Heureusement, Hulu a renouvelé la série pour une deuxième saison et l’on en saura sans doute un peu plus sur Alex dans les épisodes à venir.

Les dix épisodes de cette première saison forment un tout très cohérent et sont basés sur une structure en boucle plutôt solide. La grande histoire, celle qui est censée vous faire revenir chaque semaine est un peu vague, mais puisque les sites de streaming sont partisans du binge-watching, on peut comprendre le choix des créateurs. Chaque épisode fonctionne davantage comme une exploration d’un thème ou d’un situation que dans un pas de plus dans l’architecture de la série, et ce n’est que vers la fin de la saison que toutes les mélodies se rejoignent pour n’en former qu’une seule. Cet équilibre délicat doit beaucoup à la qualité de l’écriture. Le créateur Zander Lehmann, à qui l’on doit bon nombre de scripts de cette première saison, a eu l’intelligence de s’entourer de tout jeunes talents tels qu’Harris Danow, promu récemment de sa position de coordinateur de scripts, et de vétérans du milieu comme Halsted Sullivan ou la dramaturge Sheila Callaghan, qui a notamment écrit pour The United States of Tara, la série de Diablo Cody, auteur de Juno. Le monde est petit. C’est une fine équipe de jolies plumes qui s’est attachée à faire de Casual une espèce d’ovni télévisuel, une jolie petite série tout en finesse, mais qui n’est pas exactement à mourir de rire. C’est une œuvre à part qui flotte entre sourire et chagrin, et qui vous laisse avec une profonde impression de mélancolie.

Crédits: Hulu

 

 

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