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FRESH OFF THE BOAT (Critique) Pas si bateau que ça!

4 STARS EXCELLENT

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SYNOPSIS: Le quotidien d’une famille chinoise issue de la première génération d’immigrants Taïwanais aux Etats-Unis dans les années 90, lorsqu’ils quittent le Chinatown de Washington D.C. pour Orlando en Floride. Tandis qu’Eddie, un ado dopé au hip-hop et à la culture américaine, tente de trouver sa place dans son collège où il est le seul asiatique, son père a bien du mal à attirer des clients dans son restaurant et sa mère à s’habituer à ses nouvelles voisines…

Adapté du livre Fresh Off The Boat d’Eddie Huang.

Dans la lignée des sitcoms familiales façon Marié, deux enfants, la comédie d’ABC Fresh Off the Boat fait parfaitement figure, en dépit de son casting atypique, de descendant légitime. Fortement inspirée de l’enfance (et du livre éponyme) du chef new-yorkais Eddie Huang, propriétaire du restaurant Baohaus dans Manhattan, la série suit à la lettre les codes du genre, avec une nouvelle variation sur l’éternel thème du rêve Américain. ABC frappe fort avec sa politique de « diversification » du paysage cathodique, et ça paie. Entre Black-ish seule série de la chaîne à survivre au Grand Carnage Comique de 2014 et Fresh Off the Boat qui a fait ses débuts en février, il semble évident que le public ait un grand besoin de voir autre chose qu’une nouvelle incarnation des éternelles formules. Alors que les États-Unis acceptent de plus en plus leur héritage de pays d’accueil et le melting-pot qui va avec, la télévision se diversifie de plus en plus, ce qui, soyons francs, n’est pas trop tôt. Première sitcom de l’histoire dont tous les personnages principaux sont interprétés par des acteurs asiatiques, Fresh Off the Boat bénéficie également d’un sens de l’humour décapant et d’une distribution de rêve.

Eddie Huang (Hudson Yang) a tout du presque teenager américain : une passion pour le hip-hop, un béguin pour les filles qui ne s’intéressent pas à lui, et une bande de copains tout aussi paumés que lui. Mais ce qui différencie Eddie Huang de ses petits camarades de classe, c’est le fait que sa famille est la seule famille asiatique du quartier, voire même peut-être de la ville. On compte son père Louis (Randall Park, fantastique), sa mère Jessica (Constant Wu qui mériterait plus qu’amplement une nomination aux Emmys), ses frères Emery et Evan (Forrest Wheeler et Ian Chen, absolument craquants) et sa grand-mère (Lucille Soong) qui ne parle pas un mot d’anglais. Tout ce petit monde se trouve confronté aux différences culturelles, à la difficulté de s’adapter dans une toute nouvelle ville et un tout nouveau quartier, mais aussi aux évènements divers et variés qui font la vie de famille : Thanksgiving, vacances, dîners avec la belle-famille, etc. Si la structure des épisodes n’a rien d’original (trois histoires par épisode, l’une se concentrant sur Eddie, la seconde sur ses parents et la troisième sur ses frères), il faut avouer que le charme de la série repose en grande partie sur ses acteurs. Les parents surtout, qui font preuve d’une effervescence incroyable et dont on ne peut nier l’alchimie. C’est un vrai plaisir de les voir évoluer dans ce monde aux couleurs bonbon, aussi poli et huilé que les centaines de sitcoms déjà produites par la chaîne.

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Quoiqu’inspirée par la vie d’Eddie Huang, Fresh Off the Boat a été créée et développée pour la télévision par la scénariste et productrice Nahnatchka Khan (Don’t Trust the B- in Apartment 23, Malcolm). Si le show fait parler de lui avant même sa diffusion, c’est parce que les médias s’emparent vite de l’animosité grandissante entre la créatrice et l’auteur des mémoires. Huang, en effet, ne cache pas son mécontentement. Il a signé le contrat et accepté qu’on adapte l’histoire de sa vie, mais le résultat n’est pas à la hauteur de ses attentes. ABC transforme les souvenirs douloureux en tendres moments et passe toute violence et discrimination sous silence. Huang est furieux mais Khan a le dessus. Quand la série est renouvelée pour une deuxième saison, Huang quitte son poste de consultant et de narrateur du show pour le crédit (assez creux dans son cas) de producteur. Et c’est à partir de ce moment-là, qu’on sent un léger changement de ton. La comédie reprend l’avantage sur les préoccupations plus existentielles de notre protagoniste, mais se permet également d’être doucement subversive. On n’y va jamais franchement comme Aziz Ansari pouvait le faire dans Master of None, mais les allusions au racisme et à la discrimination ne manquent pas. Que ce soit dans les sourires forcés de ces dames blondes ou dans les réactions des clients du restaurant. On reste en surface, cependant, et Fresh Off The Boat se veut davantage un divertissement grand public qu’une réflexion sur l’immigration américaine. Ça ne vous prendra pas la tête, mais ça vous fera très certainement sourire.

Crédits: ABC

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