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MASTER OF NONE (Critique Saison 1) Masterpiece

5 STARS CHEF D'OEUVRE

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SYNOPSIS: Le quotidien de Dev, un acteur new-yorkais de 30 ans, qui a plus de mal à se décider sur ce qu’il veut manger que la direction à donner à sa vie. Ambitieux, drôle et cinéphile, il est à la fois très centré sur son propre bien-être et attaché à des sujets divers et variés tels que la situation critique des personnes âgées, le sort des immigrants et comment dénicher les pâtes les plus délicieuses pour le dîner.

Master of None, c’est la comédie romantique (accent sur comédie) qui révolutionne tout doucement le monde de la télévision. Si vous êtes familiers avec l’excellent Parks and Recreation, vous connaissez sans doute déjà le co-créateur et star de la nouvelle série de Netflix. Aziz Ansari, 32 ans, né en Caroline du Sid, fils d’immigrants indiens, s’est fait une place au soleil avec le rôle de Tom Haverford, employé du gouvernement d’Indiana, imbibé de pop culture et d’idées farfelues. Aux commandes de son propre show, qu’il co-écrit et produit avec Alan Yang, un scénariste rencontré alors qu’il travaillait sur Parks and Recreation, Ansari se révèle fin observateur, un peu mélancolique et pleinement conscient des problèmes de la société dans laquelle il vit. C’est avec une plume pleine d’optimisme et de tendresse contrastée par un humour mordant qu’il brosse le portrait d’un mec tout à fait normal, avec ses potes, sa copine, son job, et son lot de problèmes existentiels.

Ce n’est pas un hasard si beaucoup comparent Master of None aux premiers films de Woody Allen. On y trouve le même amour pour la ville de New York, magnifiquement photographiée par Mark Schwartzbard avec cette image un peu pastel façon film indépendant et cette lumière naturelle si chère aux New-Yorkais. La musique aussi, contribue à l’aura intello un peu marginal, entre classiques de la chanson française (Il est cinq heures, Paris s’éveille) ou des reprises obscures des grands du funk. On est dans un monde de mélange, d’influences diverses, d’associations et d’entrelacement qui rend le tout incroyablement similaire à la vie de tous les jours. Aziz Ansari joue Dev, un mec bien sous tous rapports, pas sans fautes, mais pas sans cœur non plus, qui avance comme il peut dans le monde revêche du show-business. Ses amis Brian (Kevin Yu), Denise (Lena Waithe) et Arnold (Eric Wareheim) le retrouve au café pour discuter des aléas de la vie, des mérites de Sherlock Holmes aux questions plus sérieuses. Les thèmes abordés sont chers aux cœurs des créateurs, mais traités toujours avec beaucoup d’élégance, et sans jamais tomber dans le sermon facile. Paternité, vie de couple, professionnalisme, féminisme, racisme, autant de motifs qui reviennent d’un épisode à l’autre, et qui sont traités avec tant de subtilité et d’humour qu’on en rit volontiers.

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Si Master of None est révolutionnaire, ce n’est pas tant pas son sujet (homme célibataire cherche l’âme sœur à New York, ça ne vous rappelle rien ?) qu’à cause de l’équipe responsable de son existence. Dans son essai du 19 Novembre publié dans le New York Times, Ansari est très clair : le racisme à Hollywood est toujours présent et limite activement les opportunités pour les acteurs, réalisateurs et scénaristes qui ne sont pas Blancs. De là viennent les efforts d’Ansari et Yang pour rassembler un équipe aussi diverse que possible : trois femmes parmi leur scénaristes, un personnage principal Indien, des rôles récurrents Taïwanais ou Afro-Américains et des scènes entières entre deux personnages de race différente et où ni l’un ni l’autre ne sont Blanc. Cela peut paraître banal, mais le monde de la télévision remarque la manœuvre et on l’espère, prend des notes.

Master of None est un petit bijou de sitcom : romantique, satirique, honnête, sans vraiment de grande prétention autre que de montrer que l’on peut faire rire même si l’on ne ressemble pas aux acteurs de Friends. La série ne manque pas de profondeur mais malgré ses allures de rumination intello, reste très éloignée des minauderies. Nul n’a honte de son intellect dans cette équipe, mais personne ne ressent le besoin de vous marteler qu’il est intelligent. Les épisodes d’une demi-heure sont à consommer sans modération, ou tout en douceur, comme vous voulez, mais ils sont fortement recommandés. C’est bien fait, bien écrit, bien joué, délicat et plein de piquant… allez-y !

Crédits: Netflix

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