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OUTLANDER (Critique Saison 1) Un passé pas si simple…

4 STARS EXCELLENT

outlanderSYNOPSIS: Les aventures de Claire, une infirmière de guerre mariée qui se retrouve accidentellement propulsée en pleine campagne écossaise de 1743. Elle se retrouve alors mêlée à des histoires de propriétés et d’espionnage qui la poussent à prendre la fuite et menacent sa vie. Elle est alors forcée d’épouser Jamie, un jeune guerrier écossais passionné qui s’enflamme pour elle et la conduit à être déchirée entre fidélité et désir, étant partagée entre deux hommes dramatiquement opposés et deux vies irréconciliables.

C’est l’une des bonnes surprises de la rentrée 2014. Le livre de Diana Gabaldon, premier tome d’une saga de huit livres (enfin, pour le moment), mélange de roman d’aventures, fantastique et historique, était depuis longtemps dans la ligne de mire de ces messieurs de la télévision. C’est la chaîne Starz qui l’a emporté, réussissant le pari d’adapter une saga qui transcende plusieurs genres en une série en passe de devenir culte. Aux rênes de l’aventure, on retrouve Ronald D. Moore, producteur exécutif, créateur et scénariste spécialiste de la science-fiction (Battlestar Galactica, Star Trek). Sachant que les fans du livre l’attendaient au tournant, Moore s’est assuré le soutient de Diana Gabaldon, créditée en tant que consultante et scénariste, avec qui il forme depuis un partenariat très soudé. Il s’est aussi entouré de collaborateurs de longue date, notamment le compositeur Bear McCreary avec qui il avait travaillé sur Battlestar Gallactica, mais aussi Stephen McNutt et son équipe, qui photographient brillamment une Écosse majestueuse et sauvage, décor extraordinaire d’une histoire riche en contrastes et complications. Accueillie de plus ou moins bon cœur au sein du clan McKenzie, Claire (Caitriona Balfe) vit un véritable choc des cultures. Si elle est respectée pour ses connaissances médicales et son habileté à soigner les blessures, on se méfie d’elle à cause de sa qualité d’anglaise. Tout est nouveau pour elle : la nourriture, la hiérarchie sociale, la situation politique… L’homme qui ressemble comme deux gouttes d’eau à son paisible mari de 1945, est en 1743 un monstre assoiffé de sang et la jeune femme qu’elle a prise sous son aile se révèle être bien plus dangereuse que tous les espions du pays. Au fil des épisodes, Claire apprend à naviguer dans ce nouvel environnement et se rapproche par la même occasion du jeune Jamie Fraser (Sam Heughan), le neveu du chef de clan au passé douloureux.

outlander_ver5S’il faut noter sans doute la plus grande force de la série, on se doit mentionner le pari fait par les créateurs en engageant des inconnus pour incarner les deux personnages principaux. Caitriona Balfe et Sam Heughan n’avaient que des seconds rôles sur leurs CV respectifs jusqu’à ce que Claire et Jamie ne les catapultent vers la gloire. Les deux acteurs se sont jetés corps et âmes dans leurs rôles, ne rechignant ni devant des scènes de sexe à faire pâlir True Blood, ni devant la noirceur parfois ahurissante de certaines situations (on pense notamment à l’abîme de douleur par lequel ils passent dans les deux derniers épisodes). Doués d’une alchimie indéniable, Balfe et Heughan livrent tous deux une performance bluffante, d’une qualité qui leur vaudrait l’attention des Oscars si on n’était pas dans le monde de la télévision. Ces deux-là sont entourés d’une galerie de seconds rôles plus piquants les uns que les autres, parmi lesquels Lotte Verbeek qui se délecte de son personnage de sorcière vaguement hippie, et Tobias Menzies (Edmure Tully de Game of Thrones) qui réussit l’exploit de rendre un sadique psychopathe presque attachant.

 

Outlander ne plaira pas à tout le monde. Si vous êtes plutôt fan de course-poursuites effrénées ou de grands moments de bravoure où il faut sauver le monde, la série ne pourra que vous décevoir. En revanche, si vous appréciez les drames historiques portés davantage sur le développement des personnages que l’urgence des situations, vous avez fait le bon choix. Traitée avec beaucoup de délicatesse, la série s’enfonce peu à peu dans les recoins de ce monde et le cœur de ses héros, sans jamais perdre de vue le fait que l’on parle ici d’êtres humains. En dépit de ce que l’on pourrait penser à première vue, l’histoire ne repose pas du tout sur une structure manichéenne, mais sur une construction louvoyante où les objectifs changent parce que les gens mûrissent. Pas de blanc, pas de noir, mais un camaïeu de couleurs qui fait ressortir aussi bien les qualités que les défauts des individus, mettant en lumière leur humanité, même dans les moments les plus sombres.

 

Crédits: Starz

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