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REIGN (Critique Saison 1 & 2) Ne pas en faire toute une histoire…

2,5 STARS MOYEN

reignSYNOPSIS: 1557. Après avoir passé plusieurs années dans un couvent sur le Mont St Michel, Marie Stuart, 15 ans, Reine d’Ecosse depuis la mort de son père alors qu’elle n’avait que six jours, fait son entrée à la Cour de France où son futur mari, le Prince François, l’attend. Accompagnée de ses meilleures amies, Kenna, Greer, Aillie et Lola, qui sont aussi ses sujets, elle est bien décidée à embrasser sa destinée. Cependant, elle découvre que sa vie est constamment en danger : on essaie d’abord de l’empoisonner, puis de la violer. Des forces obscures et mystérieuses semblent même l’entourer…

Reign, diffusé depuis 2013 sur la chaîne CW (et en France sur 6ter depuis cette année), s’inscrit parfaitement dans l’optique de la chaîne, qui se spécialise dans la télé pour adolescents, s’attaquant aux éternels problèmes de cette période de la vie et pimentant souvent tout ça d’un grain de fantastique (iZombie, Supernatural, The Vampire Diaries, etc.). Mary est une adolescente de quinze ans aux prises avec des responsabilités qui la dépassent quelque peu, que ce soit d’ordre politique ou sentimental, et confrontée à des forces surnaturelles, véhiculées dans l’univers de la cour de France par la présence de Nostradamus et d’un fantôme mystérieux qui hante les couloirs du château. Autant le dire tout de suite, ceci n’est pas une série très exacte du point de vue historique. Si les scénaristes parviennent à incorporer plusieurs évènements ayant vraiment eu lieu (les guerres de religion, l’alliance contre l’Angleterre, la mort du roi), ils ne s’y tiennent pas pour autant et n’hésitent pas à suivre l’exemple d’Alexandre Dumas, détournant l’Histoire avec un grand H pour mieux servir l’histoire avec un petit h. La créatrice Laurie McCarthy (Felicity, Ghost Whisperer) et son équipe ont mis au point une espèce d’équilibre biscornu et pourtant assez efficace entre les codes d’hier et d’aujourd’hui. Le langage des personnages est plein de particularités propres au XVIème siècle, tout en restant parfaitement accessible à un public moderne. Les costumes de Meredith Markworth-Pollack sont une réinvention des pourpoints, justaucorps et fraises de la Renaissance et la musique de Trevor Morris reprend avec des arrangements baroques les chansons pop du moment.

La saison 1 se concentre davantage sur le mariage imminent entre Mary et Francis, le Dauphin (future Francis II). L’alliance entre les deux jeunes gens a été conclue pour renforcer les liens entre l’Écosse et la France, mais arrivée à la cour, Mary se rend compte que ce mariage va être difficile. D’une part parce que les parents du Dauphin ont des réticences, et d’autre part parce que Mary elle-même va être tentée par les beaux yeux bleus du fils bâtard (inventé) de Henri II et Diane de Poitiers, un dénommé Sébastien (rappelez-vous ce qu’on vous a dit au sujet de l’Histoire avec un grand H). Adelaide Kane (Mary) et Toby Regbo (Francis) se démènent comme ils peuvent avec un scénario monté comme un match de tennis, où tout change sans cesse, radicalement et au dernier moment. L’élément surnaturel se révèle assez vite problématique, alourdissant une structure déjà brouillonne et surchargée d’anecdotes. Mais la photographie de Mark Willis et Checco Varese est belle, les acteurs investis et le propos finalement assez riche pour que la CW renouvelle la série.

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La saison 2 dresse immédiatement son cahier des charges : se débarrasser du surnaturel qui, on ne peut le nier après les premiers vingt-deux épisodes, ne fonctionne pas du tout. Nostradamus, le fantôme et les forces du mal qui sévissent dans la forêt sont peu à peu élagués au service d’une intrigue qui se recentre sur son personnage principal et la situation politique. Mary et Francis s’affirment peu à peu en souverains, gagnant en habileté diplomatique ce qu’ils perdent dans leur mariage. Arrivée aussi d’Henri de Navarre, rebaptisé Antoine pour éviter les confusions, et son frère Louis, nobles huguenots qui viennent compliquer une situation déjà tendue entre catholiques et protestants. La pression augmente pour Mary qui ne parvient pas à donner un héritier au royaume, et davantage encore lorsque que l’on sait qu’elle fait chambre à part avec son mari. Les alliances se font et se défont, et l’aristocratie française prend le pas sur les vagues menaces d’invasion de l’Angleterre qui ponctuaient la première saison. On garde la richesse visuelle, signe caractéristique de la série qui se veut somptueuse avec des costumes, décors, accessoires et certains plans d’une beauté indéniable, et on resserre tout doucement le nœud de l’action en se focalisant davantage sur le côté humain, et moins sur la grande échelle politique qui est, certes passionnante, mais de peu d’intérêt pour le public général américain.

Reign a été renouvelé cette année pour une troisième saison. On ne sait pas encore ce que les créateurs nous réservent, si ce n’est l’arrivée d’Elizabeth I d’Angleterre, ennemie puissante de notre héroïne, et la possibilité rapidement évoquée d’un autre triangle amoureux entre Francis, Mary et Sébastien. Il faudra attendre la rentrée pour en savoir plus.

Crédits: CW/6Ter

 

 

 

 

 

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