INFLUENCERS (Critique)

Par Pierre Chamb le décembre 22, 2025 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS : La fascination morbide d’une jeune femme pour le meurtre et l’usurpation d’identité la plonge dans un tourbillon de chaos.

En 2023, Kurtis David Harder nous offrait une variation intéressante du personnage de Tom Ripley, (romans de Patricia Highsmith) adaptée à l’ère des réseaux sociaux. Son thriller Influencer avait rencontré un brillant succès sur la plateforme horrifique Shudder. Il mettait en scène Cassandra Naud dans le rôle d’une sociopathe (CW) s’attaquant à des stars 2.0, où elle tentait d’éliminer une influenceuse particulièrement hautaine en l’abandonnant sur une île déserte. CW est de retour avec de nouvelles cibles dans Influencers, toujours écrit et réalisé par Kurtis David Harder, ce nouvel opus est séduisant et incisif tout en reprenant les éléments de base du premier film.

Le prologue nous montre une jeune femme se tranchant la gorge sur la terrasse d’une luxueuse demeure d’Asie du Sud-Est. On ne découvrira l’histoire de cet épisode que bien plus tard, car le scénario déploie une structure complexe, fait de quelques sauts dans le temps. Le premier véritable chapitre se déroule dans le sud de la France, où la Parisienne Diane (Lisa Delamar) fête son premier anniversaire avec Catherine (Cassandra Naud), que l’on sait être la redoutable CW, une séductrice en série qui se lie d’amitié avec de jeunes touristes influenceurs avant de les tuer. Catherine semble d’abord avoir tourné la page sur ses agissements meurtriers, puisqu’elle partage une relation qui lui rappelle l’importance de vivre l’instant présent. Du moins, jusqu’à ce que les deux jeunes femmes tentent de fêter leur anniversaire et qu’une influenceuse s’invite à leur hôtel et les chasse de la chambre qu’elles ont réservée. Pendant ce temps, Madison (Emily Tennant), la seule victime survivante du film précédent, tente de se reconstruire discrètement une vie. Acquittée des nombreux meurtres commis dans cette affaire faute de preuves, elle est toujours harcelée sur internet. Elle tente de retrouver CW pour la traduire en justice, son enquête la mène d’abord en France, puis à Bali où elle se retrouve mêlée aux affaires de Ryan (Rory J. Saper), un influenceur misogyne proche.

Les films d’horreur ont souvent satirisé la culture des influenceurs, mais aucun n’a exploré ce mode de vie avec autant de profondeur qu’Influencers. Le film oscille entre la condamnation de la culture des influenceurs, la satire et la comédie noire. Il se distingue par le fait qu’il adopte le point de vue du tueur, ainsi, le suspense ne réside pas tant dans la découverte de son identité ou de ses motivations mais plutôt dans l’angoisse de savoir comment elle tentera de s’en tirer après avoir une fois de plus fait couler le sang. La photographie de David Schuurman sublime les images, nous offrant fréquemment de superbes vues aériennes de paysages spectaculaires. La bande originale d’Avery Kentis est accompagnée d’une sélection de morceaux d’artistes variés du monde entier, renforçant l’idée que ces protagonistes vivent des vacances permanentes et inaccessibles pour la plupart des spectateurs. De plus, comme évoqué plus haut, la trame narrative est difficile à cerner, et, d’après ses dires, c’est un choix de la part de Kurtis David Harder. Mais ce qui avait fait le succès premier volet, et qui fera celui du deuxième, c’est bien la performance de Cassandra Naud, qui a su trouver le juste équilibre entre psychose, violence, empathie et charme, passant de l’innocence à la folie furieuse d’un simple regard. Si elle basculait trop loin dans la folie meurtrière, elle serait facile à diaboliser, si elle était trop sympathique, on se demanderait pourquoi on soutient une meurtrière. Elle parvient à susciter l’empathie du public dans une scène et la réprobation dans la suivante. De plus, Emily Tennant a fait évoluer son personnage irritant qu’on adorait détester à une figure pour laquelle on a de la sympathie, cela conférant un souffle nouveau à cette suite. Évidemment dans ce genre de film, il ne faut pas espérer une analyse profonde sur le sujet, tous les films n’ont pas besoin d’avoir un message et c’est le cas ici, c’est du pur divertissement. Une suite élégante qui conserve le raffinement et les rebondissements narratifs du premier opus tout en y ajoutant son lot de nouveautés.