SYNOPSIS : Un mystérieux mafieux et ses 7 fils adoptifs manipulent et ridiculisent la police en piratant le système de surveillance ultramoderne de la ville, dans le but de récupérer une fortune en crypto-monnaie. La police devenue impuissante doit faire appel à un ancien expert qui va s’associer avec une jeune policière à laquelle il est lié par un secret qu’elle ignore. Une partie d’échec commence alors, où les cerveaux et la loyauté seront mis à l’épreuve.

Début 2024 lors de l’annonce du projet, nous étions forcément impatients de retrouver Jackie Chan dans un film d’action plus sombre où celui-ci serait à la manœuvre. Nous avons bien eu l’occasion de le revoir récemment dans Karaté Kids Legends en 2025, mais il avait surtout un second rôle et ne nous faisait pas part de ses talents dans les arts martiaux à proprement parler. C’est donc avec une attente toute particulière que nous avons découvert The Shadow’s Edge, le nouveau film d’action chinois avec un Jackie Chan toujours en forme, qui exécute lui-même ses cascades à 71 ans. Ce film du réalisateur Larry Yang évoque les retrouvailles entre deux acteurs chevronnés qui avaient déjà collaboré sur le film The Myth en 2005, Jackie Chan comme évoqué précédemment mais aussi Tony Leung Ka-fai. Attention néanmoins à ne pas confondre ce dernier avec l’acteur Tony Leung Chiu-wai (In the Mood for love et 2046). Tony Leung Ka-fai retrouve ici le rôle de bandit qu’il interprétait dans le film hongkongais Filatures (réalisé par Yau Nai-hoi en 2007), dont The Shadow’s Edge est librement adapté. Filatures racontait l’initiation d’une jeune policière au sein de l’unité de surveillance de la police de Hong Kong, combiné à l’histoire d’un spécialiste chevronné traquant un grand criminel spécialisé dans les vols de bijoux.

Ce remake conserve fidèlement les principaux éléments de l’intrigue, notamment un duel d’intelligence entre le bien et le mal tout en les adaptant à l’époque actuelle. Lorsqu’un gang de cybercriminels disparaît avec des milliards en piratant les systèmes de vidéosurveillance de la ville, les forces de l’ordre réalisent qu’ils ne peuvent pas se fier uniquement à la technologie : « Pour attraper un renard rusé, il faut un chasseur expérimenté« , observe un membre de l’équipe, en référence à une légende en surveillance désormais à la retraite Wong Tak-Chong (Jackie Chan). Expert en traque, il prend sous son aile la jeune officier He Qiuguo (Zhang Zifeng) et reconstitue une unité de surveillance. Leur mission consiste à retrouver la trace de l’insaisissable « fantôme » Fu Lung-sang (Leung Ka Fai Tony), le cerveau derrière le braquage. Dans un affrontement entre les techniques de traque traditionnelles et les hautes technologies, la police et les criminels engagent un véritable jeu du chat et de la souris où les esprits s’affrontent et où les loyautés sont mises à rude épreuve.

Force est de constater qu’après une scène d’ouverture de haute volée, Larry Yang semble hésiter entre son penchant pour un mélodrame maladroit et des scènes dépourvues de toute tension dramatique. Après une planque au marché, le scénario et le rythme trouvent leur équilibre, s’inscrivant dans une longue séquence de surveillance. Le film maintient judicieusement dans l’ignorance, tant pour les personnages que pour le spectateur, quant à savoir si Leung a deviné qu’ils sont policiers ou si elle est tombée sous le charme de leur jeu de rôle. Une tension authentique, jusque-là absente, se dégage de la scène. The Shadow’s Edge use d’une cinématographie moderne tout en s’appuyant sur des mouvements de caméra dynamiques pour créer du rythme. La musique de Nicolas Errèra confère également une intensité haletante et palpitante. L‘ambiance sonore ajoute une dimension émotionnelle et un dynamisme qui mêle tension et émotion. Ajouté à cela la prestation de Jackie Chan qui incarne un personnage stoïque mais dramatique. C’est d’ailleurs son film le plus violent depuis The Foreigner en 2017 ce qui marque un véritable retour en force pour lui.

La trame du thriller policier est utilisée pour explorer les valeurs humaines fondamentales telles que l’honneur, l’expérience et le mentorat, malgré l’évolution rapide du monde sous l’effet des nouvelles technologies. L’interprétation de Tony Leung en méchant menaçant est remarquable et offre un contrepoint saisissant face à celle de Jackie Chan. C’est un tueur impitoyable qui élimine quiconque se dresse sur son chemin avec une virtuosité hors pair. Cela donne lieu à de nombreuses scènes de combat au couteau et des passages à tabac d’une brutalité inouïe. Notamment un affrontement final assez violent sans chorégraphies complexes ni de longs plans-séquences juste une scène de combat incroyable. Les autres scènes d’action sont époustouflantes, réalistes, brutales et parfaitement chorégraphiées, un style qui tranche avec l’humour burlesque habituel de Jackie Chan. The Shadow’s Edge explore le conflit entre savoir-faire traditionnel et technologies modernes, la notion d’héritage à travers les générations, ainsi que les thèmes universels de la trahison et de la justice. Un thriller policier moderne qui mêle scènes d’action intenses, arts martiaux et enquête avec deux acteurs encore en très grande forme. Un vrai régal.

Titre Original: BU FENG ZHUI YING