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Adaptée du roman Unité 8200 de Dov Alfon, actuel directeur de Libération, Menace imminente marque l’arrivée de Patrick Bruel en tête d’affiche d’une série, entouré de Natacha Lindinger pour une plongée dans un thriller d’espionnage franco-israélien ambitieux. Créée par Leora Kamenetsky, David Dusa et Negar Djavadi, écrite par cette dernière avec Bruno Fay, sous la direction d’écriture de Pascal Elbé et la réalisation de Dan Sachar, la série affiche des intentions fortes : tension, réalisme et urgence, dans la lignée assumée de 24 heures chrono et Le Bureau des légendes.
Son point de départ est solide : Zeev Abadi (Patrick Bruel), légende du renseignement israélien, est rappelé en urgence pour retrouver le traître qui a dérobé un logiciel ultra-sensible, développé secrètement par une section de l’armée israélienne et utilisé à Paris pour la première fois. Parallèlement, Fleur Giroud (Natacha Lindinger), officier chevronnée de l’antiterrorisme, enquête sur une disparition en plein jour à l’aéroport Charles-de-Gaulle. De Tel Aviv à Paris, leurs deux missions ne tardent pas à fusionner : 72 heures pour élucider un mystère tentaculaire, compliqué encore par les liens anciens qui unissent les deux enquêteurs.
Si la série affiche d’indéniables qualités, elle n’est pas sans déséquilibres. Le premier épisode, très exposé, prend son temps, trop peut-être. Le rythme sinusoïdal déroute, oscille entre installation méthodique et brusques pics de tension, ce qui freine l’immersion dans un récit pourtant dense et aux enjeux élevés. On sent la volonté de poser un univers, de rendre crédible la mécanique géopolitique, mais l’effet est parfois contre-productif : le spectateur reste en surface.
Le second épisode, en revanche, témoigne d’un savoir-faire bien plus affûté. L’action y est mieux gérée, les rebondissements plus francs, la narration plus fluide. On s’attache davantage aux personnages, la tension se resserre, et le coup d’accélérateur final, assorti d’un cliffhanger efficace, relance brillamment l’intérêt. On se prend alors à espérer que la série maintiendra ce cap.
Dans sa tentative de marier action à l’américaine et espionnage européen, Menace imminente réussit souvent, mais pas toujours. L’usage du temps réel, inspiré de 24, instille une urgence palpable, sans toutefois parvenir à être soutenu sur toute la durée. De même, la multiplicité des personnages, dont certains sont sacrifiés trop rapidement, crée un léger déséquilibre dans un scénario qui se veut ample mais perd parfois en lisibilité.
Le duo central, en revanche, est une vraie réussite. Patrick Bruel surprend agréablement : son aisance dans les scènes d’action, sa profondeur dramatique et aussi sa maîtrise de l’hébreu renforcent la crédibilité d’un personnage complexe, tiraillé entre devoir, intuition et passé trouble. Face à lui, Natacha Lindinger est impeccable en policière tenace dont la vie privée vacille autant que sa loyauté professionnelle, confrontée à une supérieure campée par une Christiane Millet comme toujours remarquable. On notera aussi Gaïa Wess, délicieusement inquiétante en tueuse psychopathe — un personnage savoureux, quoique parfois un peu trop appuyé.
Menace imminente coche, parfois un peu mécaniquement, les passages obligés du thriller d’espionnage international. Mais si la série ne réussit pas tout, il serait injuste de lui dénier sa grande efficacité, son sens du rythme (quand il ne s’égare pas) et sa production soignée. On passe indéniablement un bon moment devant ce spectacle nerveux, ambitieux, doté de belles idées et de comédiens investis.
Reste qu’au regard des attentes, la série laisse un léger goût d’inachevé. La faute à un rythme en montagnes russes dont les descentes nuisent à l’attention qu’elle exige. Une œuvre partiellement réussie donc, mais suffisamment maîtrisée et incarnée pour donner envie de suivre jusqu’au bout cette course contre la montre.
Crédits : TF1








































































































































