Critiques Cinéma

LA BONNE ÉTOILE (Critique)


SYNOPSIS : France 1940, Jean Chevalin et sa famille vivent dans la misère après que ce dernier a jugé bon de… déserter ! La situation n’est plus tenable. Convaincu que « certains » s’en sortent mieux, Chevalin a une brillante idée : se faire passer pour juifs afin de bénéficier de l’aide des passeurs pour accéder à la zone libre. De malentendus en révélations, il va entrainer sa famille dans ce grand périple qui déconstruira ses préjugés un à un…

Il y a des films qui vous accompagnent longtemps après la projection. La Bonne Étoile, le nouveau film de Pascal Elbé, en fait partie. Sorti ce mercredi 12 novembre, ce quatrième long métrage marque une étape importante pour le cinéaste, qui aborde pour la première fois un sujet aussi grave que l’Occupation et la Shoah. Un pari risqué, relevé avec une intelligence et une pudeur remarquables. Ce qui frappe d’abord, c’est le ton du film. Pascal Elbé parvient à traiter la tragédie sans jamais s’y noyer, à mêler émotion et légèreté, à faire surgir la tendresse là où l’Histoire a souvent laissé le désespoir. Dans cette oscillation délicate entre rires et larmes, il trouve une justesse rare, une manière d’aborder la mémoire par le prisme de l’humain plutôt que par celui du pathos, avec cette pudeur et cette humanité qui le caractérisent. Après l’excellent On est fait pour s’entendre, où il explorait la surdité et le lien aux autres avec humour et douceur, Elbé plonge ici dans une période tragique de notre histoire, mais sans jamais perdre son regard bienveillant. Il y a dans La Bonne Étoile une façon rare de faire cohabiter la douleur et la lumière. Oui, le film parle de peur, d’exil, de survie. Mais il parle aussi — et surtout — de solidarité, de courage discret, de ces petites étincelles d’humanité qui continuent de briller, même dans la nuit.

Ce qui frappe, c’est la façon dont Elbé ose parfois faire sourire, là où d’autres n’auraient pas osé. Il rit de situations terribles, mais jamais de manière déplacée. Ce rire, fragile et pudique, devient une respiration. Une manière de dire que même dans le pire, la vie continue. Certaines scènes rappellent par moments le Monsieur Batignole de Gérard Jugnot : cette même sensibilité à la petite histoire dans la grande, cette façon de filmer la bonté sans la souligner. La mise en scène est sobre, élégante, et laisse toute la place à l’émotion. La Bonne Étoile, c’est un film sur la lumière qui persiste. Un film qui ne cherche pas à faire pleurer, mais qui touche, profondément, parce qu’il parle d’humanité, de choix, de transmission. On en sort le cœur serré, mais étrangement apaisé. Pascal Elbé signe là son film le plus abouti, le plus courageux aussi. Et s’il fallait résumer La Bonne Étoile en une phrase, ce serait celle-ci : un film qui éclaire l’ombre sans jamais l’effacer

Cette humanité, on la retrouve à chaque instant à travers ses acteurs. Benoît Poelvoorde d’abord livre l’une de ses plus belles interprétations. On le découvre d’abord sur la retenue, presque en retrait, avant que sa justesse dramatique ne s’impose pleinement au fil du récit. Il passe de la maladresse à l’émotion la plus brute avec une sincérité désarmante. Son personnage, profondément humain, devient le miroir de nos propres contradictions : la peur, le courage, la lâcheté parfois, mais aussi cette irrésistible envie de faire le bien. Zabou Breitman, impose une présence forte : son tempérament, à la fois ferme et bienveillant, donne au film une énergie discrète mais essentielle. Elle incarne une femme debout, digne, qui refuse de se laisser engloutir par la peur. Audrey Lamy quant à elle apporte cette touche unique de tendresse et d’humour mêlés. Elle a ce don de faire sourire au cœur de la tragédie, de rappeler que la vie, même au bord du gouffre, continue à palpiter. Son jeu, tout en nuances, donne au film une chaleur inattendue. Et puis il y a Pascal Elbé lui-même, devant comme derrière la caméra. Il irradie d’une humanité vibrante, humble et lumineuse. Son regard de réalisateur se ressent dans chaque plan : une attention aux visages, aux silences, à ces petits gestes qui en disent long. Il dirige ses comédiens avec une douceur palpable, et cela se voit — le film respire la bienveillance.

La Bonne Étoile regorge de séquences d’émotion, mais l’une d’elles, l’une des toutes dernières, reste gravée dans la mémoire. Sans en révéler la teneur, disons seulement qu’elle bouleverse par sa justesse et sa simplicité. Rien d’appuyé, rien d’artificiel : tout y est amené avec une écriture d’une grande subtilité, comme un fil tendu entre la pudeur et les larmes. Cette scène finale achève de donner au film sa dimension profondément humaine. Avec La Bonne Étoile, Pascal Elbé signe un très joli film. Le fait qu’il se déroule sous l’Occupation et que certaines scènes soient glaçantes, malgré l’humour et la tendresse véhiculées par un Benoît Poelvoorde en feu, en font ressortir toute l’humanité et une indéniable patte d’auteur.

Titre Original: LA BONNE ÉTOILE

Réalisé par: Pascal Elbé

Casting: Benoît Poelvoorde, Pascal Elbé, Audrey Lamy …

Genre: comédie dramatique

Sortie le: 12 novembre 2025

Distribué par: UGC Distribution

TRÈS BIEN

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