

SYNOPSIS : Karine et Jimmy forment un couple uni, toujours très amoureux après vingt ans de vie commune et deux enfants. Elle travaille dans une usine ; lui, chauffeur routier, s’acharne à faire grandir sa petite entreprise. Quand surgit le mouvement des Gilets Jaunes, Karine est emportée par la force du collectif, la colère, l’espoir d’un changement. Mais à mesure que son engagement grandit, l’équilibre du couple vacille.
Pour son troisième long-métrage (après La Mécanique de l’Ombre et Les Promesses), le réalisateur Thomas Kruithof s’empare du mouvement des Gilets Jaunes en se replongeant dans les revendications sociales enflammées de 2018. On y suit Karine et Jimmy (Virginie Efira et Arieh Worthalter), parents de deux enfants, représentants parfaits et ordinaires d’une classe moyenne oubliée par les décisions du gouvernement. Karine se retrouve au centre d’une accélération claire de la cadence dans l’usine agroalimentaire dans laquelle elle travaille, et s’inscrit sur un groupe Facebook appelant à se rejoindre sur divers ronds-points le weekend pour protester contre l’augmentation du prix du gasoil. De son côté, Jimmy se bat pour maintenir son entreprise de transport routier à flot malgré d’importants problèmes financiers. Petit à petit, l’engagement de Karine va s’immiscer dans la vie de la famille, jusqu’au trop plein…

En s’emparant d’un thème qui n’avait pas encore vraiment été au centre d’un long-métrage depuis les évènements de 2018, Kruithof raconte les Gilets Jaunes en fabriquant un drame social à une échelle extrêmement réduite. Plutôt que d’ausculter l’aspect militant et les tenants et aboutissants des protestations politiques, Les Braises se concentre sur ses protagonistes, une mère et un père de famille, amoureux et complices, qui se voient séparés par l’ambition idéaliste de l’une et le rationalisme désenchanté de l’autre. En miroir, Virginie Efira et Arieh Worthalter sont tous deux formidables dans leurs partitions respectives, évitant assez brillamment les clichés réducteurs en incarnant une France trahie obligée de devoir faire nombre d’heures supplémentaires pour continuer à vivre à peu près décemment. Karine, elle, prend à bras-le-corps la responsabilité de la lutte. Elle s’empare d’un discours de protestation, faisant « le nécessaire pour protéger sa famille et son pays », au grand dam de son mari. D’abord acceptant, Jimmy finit dépassé par la portée de l’engagement de sa femme, semant les graines de la discorde dans une trainée de poudre dont on aurait aimé voir plus qu’un drame sentimental fixé sur les tribulations amoureuses de ses protagonistes.

Les Braises reste un objet intéressant, pas tellement interprétation du militantisme d’une époque pas si lointaine et d’une population dépassée en besoin de changement, mais principalement portrait intimiste d’une femme persuadée de mener la révolte et d’un mari pas tellement enclin à la cause qui perd ses heures de sommeil en multipliant les trajets pour rembourser nombre de dettes. Entre non-dits et disputes vives, Thomas Kruithof dissèque les rapports ambivalents au sein de ce couple bouleversé par les évènements, chaque parti voyant par son propre prisme la façon la plus utile de résoudre les problèmes causés par le système politique au-dessus d’eux. Là où Karine voit clairement la possibilité d’une révolte et d’une victoire contre le gouvernement de Macron, Jimmy doute de la pertinence de ses actions et se charge – dans le dos de sa famille – de rembourser les dettes de son entreprise en poussant les limites de la légalité.

Lorsque les conflits apparaissent et que les mots fusent, Kruithof raconte les ruptures d’une France fatiguée qui se cherche des idéaux tout en perdant de plus en plus espoir. Malgré tout, Les Braises aurait amplement gagné à être plus enflammé, presque plus engagé, en traitant centralement du militantisme afin d’ancrer d’autant plus cette histoire dans son époque et dans son propos. Cette approche très intimiste, racontant le parcours de ses deux protagonistes essentiellement, reste intéressante un temps avant de devenir un brin redondante dans ses embouchures politiques – résumant le mouvement des Gilets Jaunes en une rupture entre les français plutôt qu’une lutte contre un système écrasant. Sous la tutelle d’une double performance Efira/Worthalter excellente, Les Braises manque un peu de souffle pour véritablement s’enflammer, mais amorce une paire de réflexions intéressantes sur une France en besoin de changement, et dont les bouleversements menacent surtout de venir de l’intérieur.

Titre Original: LES BRAISES
Réalisé par: Thomas Kruithof
Casting : Virginie Efira, Arieh Worthalter, Mama Prassinos .…
Genre: Drame
Sortie le : 05 novembre 2025
Distribué par: Wild Bunch Distribution

BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































