documentaire

LES CAVALIERS DES TERRES SAUVAGES (Critique)

 

SYNOPSIS : Au cœur des montagnes argentines, vit une petite communauté de gauchos, des familles de cavaliers profondément attachées à la nature et perpétuant leurs traditions. Tandis que les anciennes générations partagent leur sagesse, leurs rites et culture, leur descendance tente de préserver leur identité dans un monde en pleine mutation.

Singulier documentaire que cette plongée dans les quotidiens de ces Cavaliers des Terres Sauvages. Les réalisateurs Michael Dweck et Gregory Kershaw filment de l’intérieur une galerie de personnages hauts en couleurs au cœur des montagnes argentines, toutes et tous reliés par la culture « gaucho ». Tour à tour, capsule après capsule, derrière un noir et blanc poétique et un rythme découpé par une franche proposition de cinéma, le film nous présente des tranches d’une poignée de vie qui se meuvent à travers ces paysages arides. On rencontre alors entre-autres Guada, une adolescente passionnée de rodéo – un milieu traditionnellement très masculin ; Solano, un père de famille transmettant les cordes du métier à son jeune fils Jony ; Santito, un musicien et ambianceur local ; Lelo, Gaucho vieillissant et de bon conseil pour les jeunes – et moins jeunes – du coin ; Lucas et Pancho, deux enfants dont on suit les 400 coups à travers le désert… Ces personnages composent le documentaire avec leurs quotidiens, leurs rapports au monde contemporain, à la portée de leurs traditions ancestrales, et la spiritualité inhérente à leur culture… En dirigeant plus leur long-métrage vers le cinéma atmosphérique que vers le documentaire exhaustif, Dweck et Kershaw signent un film esthétiquement remarquable (leur photographie noir et blanc est proprement sublime) qui vise à être une expérience sensorielle où l’on ressent plus que l’on explore.

En limitant leur enquête à une succession de saynètes indépendantes centrée sur chaque protagoniste dans leurs habitudes quotidiennes, les deux réalisateurs trouvent à la fois la force et la faiblesse de leur long-métrage. Ils dessinent un impeccable moment de cinéma qui s’avère être un documentaire un peu décevant dans l’ensemble, raccrochant leurs ambitions à celles de la fiction en imprimant des images saisissantes grâce à leurs caméras toujours parfaitement placées (on peut deviner quelques astuces de mise en scène pour capter ces moments au timing parfait).

Ce formalisme impressionnant va quelque peu aux dépens de l’aspect pédagogique du propos – on aimerait passer plus de temps à parler de ce groupe, de leurs modes de vie, des détails de leur spiritualité… Mais malgré ces manquements, qui signent surtout la réussite globale du film à nous intéresser au monde qu’il nous fait découvrir, Les Cavaliers des Terres Sauvages parvient à saisir par ses qualités filmiques indéniables et à l’impact culturel singulier qu’il transmet à travers ses personnages.

Sous une série d’images mémorables, captées sans couleurs et gonflés de vivacité par les contre-jours et les ralentis sensoriels, Dweck et Kershaw dessinent une expérience documentaire unique, une proposition passionnante et picturale qui manque un peu son ambition première mais qui transforme l’essai en une capsule visuelle remarquable dont on n’a pas vraiment envie de sortir. Cette plongée aussi intrigante que captivante parvient étrangement à faire vibrer les lignes du film-réalité pour venir capter avec une empathie conséquente et une ouverture touchante les quelques tranches de vie empruntées à cette surprenante et généreuse communauté « gaucho ».


Titre Original: GAUCHO GAUCHO

Réalisé par: Michael Dweck, Gregory Kershaw

Casting:  Guada Gonza, Tati Gonza, Jony Avalos …

Genre: Documentaire

Sortie le:  22 Octobre 2025

Distribué par: Tandem

TRÈS BIEN

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