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MR. SCORSESE (Critique Documentaire) Une série documentaire flamboyante…


SYNOPSIS : Mr. Scorsese s’intéresse aux expériences de vie hautes en couleur du cinéaste et comment celles-ci ont nourri sa vision artistique, chaque film marquant les esprits par son originalité. Depuis ses courts-métrages d’étudiant à l’université de New York jusqu’à ses œuvres les plus récentes, le documentaire explore les grands thèmes qui l’ont toujours habité, notamment la place du bien et du mal dans la nature humaine.

Il fallait au moins 5 fois une heure pour raconter l’un des plus illustres cinéastes de notre temps et l’intérieur d’une carrière aussi foisonnante que riche en rebondissements. C’est la réalisatrice Rebecca Miller qui s’empare de la lourde tâche de décortiquer Martin Scorsese – l’Homme, le cinéaste, la légende – et de conter chronologiquement la vie d’un pilier du Nouvel Hollywood américain avec autant d’aplomb (ou presque) qu’un film de son protagoniste. Miller opte pour une vue d’ensemble sur l’Homme avant de s’intéresser au cinéaste. Dès ce premier épisode introductif, la réalisatrice nous présente son sujet en charmante compagnie : des images d’archives, reportages télévisés, séquences de promo et images de films sont habillés d’une série de voix off qui découpent d’abord les jeunes années de Marty Scorsese. Le premier à nous être présenté dans le documentaire, c’est lui en personne. Façon autobiographie, Scorsese nous emmène dans l’arrivée de sa famille aux Etats-Unis, du climat de violence auquel il assistait du haut de la fenêtre de son appartement, de ses premières heures à l’Église et bien sûr de sa rencontre avec le cinéma. Le réalisateur nous guide façon biopic dans la chaîne d’évènements qui l’ont fait se connecter au 7e art (son violent asthme ne lui permettait de bien respirer qu’au seul endroit de la ville climatisé, à savoir les salles obscures du quartier) et à travers son entourage proche.

Le documentaire multiplie alors les entrevues avec des proches du cinéaste, à savoir ses amis d’enfance, ses compagnes successives, ses filles, ses collaborateurs professionnels, des amis cinéastes et un bon nombre de comédiens et comédiennes venus témoigner de leurs expériences « Marty Scorsese« . Rebecca Miller signe une série documentaire flamboyante, parfaite analyse en immersion dans les inspirations de son protagoniste éponyme. Effeuillant les points clés de sa carrière en laissant la parole à ceux qui l’ont accompagné (on y retrouve pêle-mêle sa monteuse Thelma Schoonmaker, le guitariste Robbie Robertson, le scénariste Paul Schrader, son ex-femme Isabella Rossellini ou encore ses amis Steven Spielberg et Brian de Palma) puis aux acteurs qui ont adopté les visages des « héros » gris de Scorsese – on aura le plaisir d’entendre Daniel Day-Lewis, Leonardo DiCaprio, Cate Blanchett, Jodie Foster, Sharon Stone, Margot Robbie et même Robert De Niro dont l’arrivée teasée à la fin du premier épisode comme un caméo d’un blockbuster d’action est particulièrement délectable.

Du beau monde aligné pour parler de Martin Scorsese dans un exercice qui aurait pu facilement rester en surface ou tourner à l’exercice narcissique, mais Rebecca Miller trouve avec génie la distance parfaite avec son sujet. A l’instar des protagonistes menés par son réalisateur à l’écran, Scorsese lui-même est traité avec toute la nuance possible, disséqué en long en large et en travers dans ses coups de génie, ses excès de colère, ses doutes et ses processus d’auto-sabotage (tout un épisode est consacré à ses années 70 passées à prendre de la cocaïne et à se tuer au travail en enchaînant les projets avec un rythme inhumain). Marty Scorsese est représenté comme un être humain complexe et nuancé, et le montage ultra-rythmé du documentaire permet de peindre parfaitement la silhouette de son cinéaste sans jamais tomber dans une quelconque complaisance.

Mr Scorsese est une réussite à tous les niveaux, une œuvre documentaire passionnante et génialement référencée, parfaite pour découvrir la carrière du bonhomme comme pour nourrir l’appétit des fans avec une série d’anecdotes de production définitivement savoureuses. Ce projet passionnant et passionné fonctionne alors à plein régime, dégainant une bande-originale brillamment scorsesienne et une fascinante exploration de la psyché d’un monstre de travail coincé entre sa foi et ses excès, pour dessiner une série cinéphile indispensable et brillante en tout point. Il y a alors deux mots qui semblent sied à merveille au sujet alors on conclura modestement avec un simple : Absolute Cinema.

Crédits : Apple TV+

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