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SYNOPSIS : Peacemaker découvre une réalité alternative dans laquelle la vie semble enfin correspondre à ses rêves les plus profonds. Mais cette découverte le confronte aussi à son passé traumatique, l’obligeant à reprendre le contrôle de son avenir.
Saison ambitieuse mais inégale, la deuxième fournée de Peacemaker confirme le talent singulier de James Gunn, tout en révélant les limites de son double rôle d’auteur et d’architecte du nouveau DCU. Moins explosive mais plus mélancolique que la première, cette saison troque la folie punk et le fun outrancier pour une tonalité introspective, presque mélodramatique. Chris Smith, alias Peacemaker, s’y confronte non plus seulement à la violence du monde, mais à celle qu’il porte en lui.
Là où la saison 1 brillait par son énergie désinvolte et son humour corrosif, cette suite choisit la retenue. Les scènes d’action restent stylisées, mais leur sens change : elles deviennent le miroir d’un héros brisé, hanté par ses fautes. La série s’ouvre sur l’arc Earth-X, où Peacemaker se retrouve projeté dans une dimension parallèle où les nazis ont gagné la Seconde Guerre mondiale. Ce monde déformé agit comme une métaphore de son inconscient : dominé par la haine, la peur et les reflets de sa propre famille. Les confrontations avec Auggie 2 et Keith 2 réactivent la culpabilité enfouie du personnage, tandis que les Sons of Liberty incarnent une résistance moralement ambiguë. C’est dans ces épisodes que la série atteint sa plus grande intensité émotionnelle. On y trouve un John Cena d’une justesse rare, notamment lorsqu’il supplie ses amis d’épargner son double fraternel. Ce Peacemaker, perdu dans une uchronie cauchemardesque, cherche désespérément une rédemption qui semble toujours lui échapper.
En parallèle, l’arc Salvation introduit une intrigue plus politique : Rick Flag Sr. (Frank Grillo pas convaincant) expédie Chris sur une planète-prison destinée aux métahumains jugés trop dangereux. Ce projet, d’abord présenté comme une utopie sécuritaire, se révèle une dystopie autoritaire, manipulée par Flag et Lex Luthor. Gunn explore ici la dérive des institutions et la tentation du contrôle absolu — un écho évident aux débats contemporains sur la surveillance et la vengeance d’État. Pourtant, malgré son potentiel, cet arc paraît souvent trop mécanique. Introduit tardivement, il sert davantage à préparer le futur du DCU qu’à conclure la trajectoire émotionnelle de Peacemaker. La tension entre introspection (Earth-X) et worldbuilding (Salvation) crée un déséquilibre : deux récits puissants qui se neutralisent au lieu de se nourrir. Le passage brutal du drame familial à la science-fiction politique brouille le fil émotionnel, donnant à la saison une impression de collage ambitieux mais inachevé.
Le dernier épisode, Full Nelson, cristallise à lui seul les forces et les failles de la saison. D’un côté, l’émotion y atteint un sommet : la solitude de Chris Smith, son sentiment d’échec et de culpabilité, donnent lieu à des scènes d’une sincérité poignante. Mais derrière cette cohérence de ton se cache une faiblesse structurelle : le final ressemble moins à une conclusion qu’à un pont vers le futur DCU. Plusieurs arcs demeurent suspendus, le rythme se délite, et Peacemaker finit spectateur de son propre destin. Le cliffhanger, bien que puissant, apparaît comme une promesse plus que comme une résolution. Gunn y laisse transparaître son dilemme : raconter la fin d’un homme ou ouvrir le chapitre d’un univers.
Sur le plan artistique, Gunn conserve sa marque de fabrique : un mélange de violence stylisée, de comédie irrévérencieuse et d’émotion sincère. Sa direction d’acteurs demeure exemplaire ; tout le casting respire l’investissement et l’alchimie. Pourtant, la double casquette de réalisateur-scénariste et de patron du DCU finit par peser. La série se transforme par moments en laboratoire narratif, un carrefour d’idées et de teasers plus qu’un récit autonome. On sent chez Gunn une tension entre sincérité et stratégie : il veut conclure l’histoire intime de Peacemaker, tout en posant les bases de Man of Tomorrow et du futur univers partagé. Cette ambition admirable engendre un déséquilibre : l’émotion y reste forte, mais la spontanéité s’effrite. Le ton « gunnien » devient parfois réflexe — les blagues absurdes, les ruptures de ton — comme si le style se rejouait lui-même.
Malgré tout, John Cena demeure l’âme de la série. Sa performance, plus dramatique que jamais, transforme Peacemaker en symbole de virilité brisée. Sous la carapace du tueur idéologue affleure un enfant perdu, obsédé par la rédemption. Cena jongle entre maladresse comique et douleur contenue avec une justesse désarmante. Même quand le scénario le laisse passif, il habite chaque silence, chaque regard. Bilan : une transition imparfaite mais émouvante
Peacemaker – Saison 2 est moins homogène mais plus ambitieuse, moins fun mais plus émotive. Gunn y explore la mémoire, la culpabilité et la responsabilité, tout en posant les jalons du nouveau DCU. L’équilibre n’est pas toujours trouvé, mais la sincérité du geste, elle, ne fait aucun doute. En définitive, cette saison reste fidèle à l’esprit de son créateur : toujours drôle, toujours sincère, mais plus préoccupée par ce qu’elle prépare que par ce qu’elle raconte.
Crédits : HBO MAX









































































































































Pas vraiment d’accord avec vos conclusions.
J’ai largement préféré cette saison 2 à la 1 où je trouvais que Gunn faisait du trash gratuitement pour le simple plaisir de choquer.
Comme vous, j’ai trouvé cette saison plus introspective et j’ai embrassé cette tonalité du début à la fin de la saison. Le trash était plus en cohérence avec les événements et pas gratuit comme la saison dernière et je vois le dernier épisode plus comme un épilogue que comme un final. Les thèmes abordés ont tous été conclus. Donc cette ouverture vers le futur dans l’épisode 8 ne m’a pas déplu mais enthousiasmé.
PS : ce qu’a fait Gunn est malin. Ceux qui iront voir Man of tomorrow sans avoir vu Peacemaker saison 2 ne seront pas perdu : comprendre que le gouvernement s’est associé à Luthor pour créer un prison dans le multivers c’est en droite lignée du Superman.