SYNOPSIS : Maria, militante révolutionnaire guatémaltèque, est depuis des années exilée à Mexico où elle poursuit son action politique. Alors que son fils de 10 ans vient vivre avec elle, elle devra faire un choix cornélien entre son rôle de mère ou celui d’activiste.

Avec son film Nuestras madres (Nos mères en 2019), récompensé par la Caméra d’or, César Díaz a observé la guerre civile de son pays d’origine à travers le prisme du présent. L’action se déroulait en 2018 et abordait les conséquences de la dictature militaire brutale au Guatemala, qui a duré des décennies. Ici il nous présente une histoire de souffrance avec émotion, empathie et vérité, ce qui n’est pas surprenant étant donné que Mexico 86 est basé sur une partie de son enfance. Né en 1978 pendant la guerre civile, sa mère s’est mobilisée contre la dictature et a dû s’exiler au Mexique alors qu’il était jeune. Le film n’est pas directement autobiographique dans ses détails, mais il est indéniablement fidèle aux émotions et aux expériences de son réalisateur.

Dans l’intense ouverture de Mexico 86, César Díaz ne perd pas de temps pour entrer dans le vif du sujet. Une musique agréable et un bébé qui pleure doucement, avant que la musique ne s’assombrisse et que les cris deviennent angoissés. Brisant la tranquillité, Maria (Bérénice Bejo) assiste au meurtre de son mari depuis la fenêtre de sa maison au Guatemala en 1976, alors qu’elle tient son fils dans ses bras. L’événement force la militante rebelle à fuir son pays d’origine, laissant son bébé derrière elle dans ce qu’elle espère être un environnement plus sûr avec sa grand-mère. Dix ans plus tard, Maria vit clandestinement à Mexico, sous le nom de Julia, elle continue d’agir comme militante, sous le couvert d’une panoplie impressionnante de perruques, tout en travaillant comme correctrice pour un magazine. Lorsque sa mère, Eugenia (Julieta Egurrola) vient lui rendre visite, accompagnée de son fils Marco (Matheo Labbé), l’histoire commence à changer. En effet, Eugénia est en phase terminale, elle ne peut plus s’occuper de Marco. Les supérieurs de Maria insistent pour que le garçon soit placé dans une « ruche » à Cuba, où sont pris en charge les enfants de militants, mais elle résiste farouchement, l’amour maternel prenant le pas sur son engagement inconditionnel envers la cause…

Le titre du film fait référence à l’année où la Coupe du monde s’est tenue au Mexique, comme l’explique César Diaz :  » J’ai choisi de situer l’histoire en 1986, l’année de la Coupe du monde. Cette année-là fait partie de mes souvenirs d’enfance et offre un contraste intéressant entre la joie populaire et les difficultés rencontrées par les militants révolutionnaires. 1986 fut également une année charnière pour le Guatemala : les autorités avaient promulgué une loi d’amnistie qui autorisait les résistants à se rendre sans être punis, à condition de collaborer avec le gouvernement. « 
Ce qui rend ce film si profondément envoûtant, c’est que César Diaz entremêle étroitement deux genres. D’un côté, le thriller politique avec une course contre la montre et plusieurs évasions tendues. De l’autre, le mélodrame familial, où le centre émotionnel oscille entre la mère qui doit quitter son enfant et le garçon qui comprend sa cause mais qui a toujours vécu avec la douleur de la séparation. Le drame est renforcé par une musique originale de Rémi Boubal qui tantôt donne de l’intensité, tantôt s’apaise avec tristesse au bon moment. Bérénice Bejo quant à elle, livre une performance captivante dans le rôle principal, elle incarne la dualité d’une femme prise entre ses idéaux révolutionnaires et son instinct maternel. En revanche, on ne connaît jamais vraiment Maria en profondeur, le scénario ne s’immisce jamais suffisamment dans son esprit. C’est une femme remarquable, pleine de volonté et de courage. Pourtant, du point de vue de son fils, elle restera toujours une figure problématique. Ce dernier, incarné par le jeune Mathéo Labbé s’accorde avec émotion avec Bérénice Bejo et avec Julieta Egurrola.

Mexico 86 revisite le thriller d’espionnage à travers le prisme du combat personnel d’une mère. Il navigue à l’intersection de l’engagement politique et du devoir familial. Avec Mexico 86, César Díaz poursuit son exploration de l’intersection entre histoires personnelles et politiques.

Détails des suppléments:

Entretiens avec Bérénice Béjo (16 min) et César Díaz (6 min)

Titre Original: MEXICO 86