Critiques Cinéma

CLASSE MOYENNE (Critique)

SYNOPSIS : Mehdi a prévu de passer un été tranquille dans la somptueuse demeure de ses beaux-parents. Mais dès son arrivée, un conflit éclate entre la famille de sa fiancée et le couple de gardiens de la villa. Comme Mehdi est issu d’un milieu modeste, il pense pouvoir mener les négociations entre les deux parties et ramener tout le monde à la raison. Pourtant, tout s’envenime…

Après son passage à travers la Quinzaine de la dernière édition cannoise, le nouveau film signé Antony Cordier (à qui l’on doit notamment Gaspard va au Mariage et la série OVNI(s)) fait débarquer son casting affriolant sur les grands écrans. Au rendez-vous : Laurent Lafitte et Elodie Bouchez sont Philippe et Laurence Trousselard (lui grand avocat, elle comédienne populaire dont l’âge d’or est derrière elle) et viennent passer leurs habituelles vacances d’été dans leur résidence secondaire. Ils y emmènent leur fille Garance (Noée Abita), apprentie comédienne qui a à cœur de prouver qu’elle n’est pas une nepo-baby, et son nouveau petit-ami Mehdi (Sami Outalbali), enfant d’une famille d’immigrés et major de sa promotion (en recherche de stage, mais sans piston). Sur le terrain, la maison est gardée et entretenue à l’année par la famille Azizi (Ramzy Bédia, Laure Calamy et Mahia Zrouki), mais cet été les choses vont tourner à la catastrophe. Les Azizi, lassés d’être traités comme des larbins, demandent réparation aux Trousselard. Une guerre ouverte éclate, et c’est Mehdi qui se propose pour mener les négociations entre les deux familles…

100% luttes des classes, coups fourrés contre coups fourrés, casting 4 étoiles et ambiance estivale : Classe Moyenne est riche en promesses multiples, autant qu’en répliques découpées déjà mémorables. Cordier compose une comédie noire purement de saison, une satire aussi intelligente que peu subtile (on se retrouve autour des familles « « « Trousselard« , Azizi » et « El Glaoui« ) qui construit un bac à sable théâtral optimal pour une bande de comédiens absurdement délicieux. Les deux couples Lafitte/Bouchez et Bedia/Calamy sont brillamment géniaux, chacun s’octroyant son petit moment de « gloire » entre deux règlements de compte calculateurs, et sont accompagnés par une jeune génération parfaite d’exécution, entre Outalbali en personnage principal caché derrière les apparences, Abita en jeune idéaliste qui participe activement au système qu’elle se dit combattre et Zrouki qui tente de fêter son 20ème anniversaire dans tout ce remue-ménage.

Classe Moyenne se voit alors vite associé au cinéma d’Östlund, ou même celui de Bong joon-ho (son Parasite semble être la comparaison de facilité), mais Cordier – en collaboration au scénario avec Jean-Alain Laban, Steven Mitz et Julie Peyrne – ne cherche pas nécessairement autre chose qu’une satire habilement découpée simple prétexte à un joyeux bordel entre deux classes qui se tombent dessus et où justice ne sera jamais vraiment rendue. Un brin cynique et plutôt caustique, Cordier fait cohabiter plusieurs France qui semblent hermétiques au dialogue, entraînant une valse très bien gérée de péripéties narratives qui démarre gentiment en empilant ses cadres propres et ensoleillés avant de passer la seconde et de devenir proprement jubilatoire.

Entre les sous-entendus classistes d’Elodie Bouchez, les locutions latines de Laurent Lafitte, les « self-tapes » ratées de Noée Abita et les envolées colériques de Laure Calamy, Classe Moyenne offre un divertissement très bien calibré, à la fois grinçant et hilarant, une partie de chasse aux ambitions parfois trop nihilistes (on pense notamment à sa fin, radicalement froide, bien qu’elle permet un génial plan final) mais proprement jouissive dans la place gigantesque qu’elle laisse, in fine, à ses comédiens et comédiennes dans son cadre.

Titre Original: CLASSE MOYENNE

Réalisé par:  Antony Cordier

Casting : Laurent Lafitte, Élodie Bouchez, Ramzy Bedia…

Genre: Comédie

Sortie le: 24 septembre 2025

Distribué par: Tandem

TRÈS BIEN

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