SYNOPSIS : Après avoir tenté de se noyer, un jeune homme amnésique est interné en hôpital psychiatrique. Rapidement, le médecin qui s’occupe de lui et certains patients sont victimes d’hallucinations. Le patient semble posséder un curieux pouvoir : il aurait la possibilité de transmettre ses rêves et cauchemars à d’autres personnes…

Rêves sanglants est un film d’horreur quelque peu oublié sorti en 1982, qui mérite pourtant un intérêt tout particulier. Ce film sonne les débuts en tant que réalisateur de Roger Christian, lui qui est un ancien directeur artistique, oscarisé pour les meilleurs décors sur La guerre des étoiles (1978) et nommé dans la même catégorie pour Alien (1980). En revanche du côté de la réalisation on retiendra qu’il sera le principal responsable du laborieux Battlefield Earth (2000). Mais revenons à Rêves sanglants, où l’histoire commence après une tentative de suicide ratée sur une plage pleine de touristes. Par la suite, ce jeune homme souffrant d’amnésie (Zeljko Ivanek) est interné pour une évaluation psychiatrique par le docteur Gail Farmer (Kathryn Harrold). Très vite on découvre qu’il possède des pouvoirs psychiques et qu’il influence tout son entourage, mais la thérapeute de l’hôpital va faire tout son possible pour le sauver.

Finalement, il s’avère que ce patient, identifié comme John Doe n°83, est télépathe, mais à un niveau qu’il ne contrôle pas, et qu’il est possédé par un mal qui lui permet de transférer inconsciemment les évocations de ses rêves et de ses peurs dans l’esprit d’autrui, faussant ainsi leur perception de la réalité. Au fur et à mesure de l’avancée du film, il devient difficile de distinguer le réel du rêve, la situation devient de plus en plus hallucinatoire… Et c’est cela qui fait la force du film, cette capacité de jouer avec la perception du public. On ne peut que voir ici, le précurseur d’œuvres beaucoup plus célèbres, notamment, Les griffes de la nuit (Wes Craven) qui reprend les mêmes codes, avec un plus gros budget et surtout un plus grand succès. Ici, les séquences de rêves éveillés sont parfaitement réalisées et plusieurs d’entre elles véritablement glaçantes. Le scénariste Thomas Baum exploite plusieurs peurs humaines fondamentales avec un scénario sombre et dérangeant, le tout sur une musique de Trevor Jones qui va du frisson au mélodique léger. Du côté des effets spéciaux le film impressionne, car même s’ils ne sont pas révolutionnaires, ils se situent bien au-dessus des standards de qualité de l’époque et arrivent à nous plonger dans d’impitoyables cauchemars.

Malgré toutes les horreurs que Rêves sanglants cache dans sa poche, une curieuse mélancolie coule dans ses veines. C’est une facette qui permet au spectateur de sympathiser avec le principal protagoniste et de se prendre d’affection pour lui. Car tout comme sa mère avant lui, il n’a pas choisi de suivre un chemin télépathique destructeur, mais il a plutôt été poussé par les circonstances et les conséquences d’une relation maternelle toxique. Pour son premier rôle au cinéma, Zeljko Ivanek est plutôt sobre dans l’ensemble, mais il arrive à nous transporter dans sa paranoïa et dans ses rêves les plus profonds. Paul Freeman dans le rôle du médecin-chef apporte une touche de classe à chaque apparition, malgré une voix impuissante au milieu d’un drame de plus en plus difficile à expliquer, il domine l’écran à chaque apparition. Shirley Knight, quant à elle, livre une performance inquiétante dans le rôle de la mère de John Doe.

Rêves sanglants est un film fantastique peu cité et oublié des radars des cinéphiles mais qui mérite d’être redécouvert, notamment grâce à sa récente sortie en Blu-ray. Tout en demeurant très intéressant et avec une mise en scène rigoureusement clinique et sinistre, le film est une réussite du thriller surnaturel et gore. Roger Christian réalise ici un film d’horreur psychologique avec une bonne dose d’horreur qui saura satisfaire les amateurs du genre. Dommage que le réalisateur n’ait pas continué dans cette voie-là…

Titre Original: THE SENDER