SYNOPSIS : Un ancien inspecteur de la police criminelle ayant perdu la mémoire est contraint de résoudre un meurtre brutal et de découvrir des secrets effrayants de son passé oublié.

Adapté du roman Jeux de miroirs de l’écrivain Eugen Ovidiu Chirovici, le film s’ouvre sur un homme plongé dans le cauchemar éveillé de la démence, il s’agit de Roy Freeman (Russell Crowe), un policier à la retraite. On découvre qu’il a collé des notes chez lui pour se rappeler des choses basiques comme faire fonctionner le grille-pain, mais également son propre nom. Il a deux incisions récentes sur le sommet du crâne, résultat d’une intervention chirurgicale expérimentale visant à stimuler de nouvelles voies neuronales. Mais malgré une maladie qui a ruiné sa vie, il est appelé à réexaminer une affaire sur laquelle il a enquêté des années auparavant en tant qu’inspecteur des homicides, il s’agit de l’exécution imminente d’Isaac Samuel (Pacharo Mzembe), condamné pour le meurtre sanglant du professeur et chercheur Joseph Wieder (Marton Csokas), une décennie plus tôt. Roy décide de creuser l’affaire, le ramenant sur les traces de son ancien partenaire Jimmy Remis (Tommy Flanagan), mais également de Richard Finn (Harry Greenwood), récemment décédé et suspect, qui a écrit une sorte de mémoire sur le meurtre de Wieder. Laura Baines (Karen Gillan), la partenaire de Finn, était la collaboratrice de recherche de ce dernier… Beaucoup de de protagonistes pour énormément de possibilités, et comme nous le savons dans ce genre de film, le cerveau oublie parfois volontairement des événements traumatisants…

L’histoire se déroule selon plusieurs points de vue, la version de chaque personnage apportant une pièce manquante du puzzle. Mais même si la vue d’ensemble se précise, ce qui se déroule prend forme durant le dernier tiers du film histoire de faire durer le suspense. Le mystérieux récit intitulé L’Effet Miroir, est l’une des clefs du films et surtout l’un des leviers principaux du scénario. En effet plusieurs personnages prétendent l’avoir écrit ce qui donne lieu à différentes versions, de quoi troubler les spectateurs.

La corrélation thématique entre éclats de verre et souvenirs brisés est présente tout au long du film. Par moments le scénario d’Adam Cooper et Bill Collage peut paraître un peu décousu car le parcours n’est pas tout à fait linéaire, le film se divise en de longs flashbacks des semaines précédant le crime, à travers le regard et la voix de Finn. Sleeping Dogs est un film qui fait forcément penser à Memento, le film de Christopher Nolan, un film noir tortueux qui joue avec la mémoire, la perception et un narrateur très peu fiable. Mais ici il n’y a pas de Christian Bale avec ses kilos en moins mais un Russell Crowe qu’on n’avait pas vu autant en forme depuis longtemps. Ce qui fonctionne, c’est la façon dont Roy, privé de mémoire, perçoit désormais le monde. Avec un esprit nouvellement ouvert, le regard rivé sur une zone insulaire entre l’insouciance et l’innocence, ses troubles cognitifs l’aident à résoudre le crime. Et tandis que la mémoire lui revient, il apprend, bien sûr, qu’il est plus impliqué qu’il ne le pensait. Tommy Flanagan, Karen Gillan et Marton Csokas apportent un contrepoint solide. Adam Cooper explore avec habileté ce flou moral, jouant sur les ruptures de récit et une mise en scène volontairement oppressante.

Le scénario n’évite pas les détours classiques du genre, mais la tension reste constante, portée par une atmosphère crépusculaire où chaque personnage semble cacher une part de vérité. Sleeping Dogs est l’antihéros bienvenu face aux blockbusters et autres films des grands studios qui dominent les salles obscures, un film de changement de rythme bienvenu pour ceux qui souhaitent voir quelque chose d’un peu différent. Une dimension psychologique intéressante au sein d’un scénario pas franchement brillant avec son lot de facilités et d’incohérences.

Titre Original: SLEEPING DOGS

Réalisé par: Adam Cooper

Casting : Russell Crowe, Karen Gillan, Marton Csokas …