ÉVANOUIS (Critique)

Par Vincent Thoreton le septembre 1, 2025 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS : Lorsque tous les enfants d’une même classe, à l’exception d’un, disparaissent mystérieusement la même nuit, à la même heure, la ville entière cherche à découvrir qui — ou quoi — est à l’origine de ce phénomène inexpliqué.

Le précédent et premier film de Zach Cregger, Barbare, sorti en France en 2022 sur la plateforme Disney+, avait fait son effet en engrangeant de très bonnes critiques presse et spectateurs. Il donnait déjà cette délicieuse impression de voir autre chose, de sortir des sentiers bien balisés du film de genre thriller horrifique, avec une vraie touche d’originalité dans la structure narrative et l’écriture. Avec Évanouis (encore un titre français un peu pompeux), ou Weapons en titre original, Zach Cregger confirme ce talent de nous plonger dans un récit singulier, efficace et stimulant. Ce deuxième film se dévore comme le premier. On ne voit pas le temps passer, on est capté par le scénario qui enchaine les perspectives des personnages entremêlés et nous fait donc vivre l’histoire sous différents angles, tout en la faisant avancer de manière fluide, sans paresse et facilités.

Et malgré l’effet de répétition que cela engendre indubitablement, le film regorge de surprises. C’est finement bien construit, et le rythme ne faiblit pas. C’est du grand art pour notre plus grand plaisir de cinéphile averti et expérimenté et qui attend légitiment qu’on ne lui resserve pas la même soupe sans saveur. A l’instar d’un Tarantino, Cregger aime le cinéma et les spectateurs et n’est pas là juste pour faire du fric.

Vous pourriez donc être tendu, décontenancé, perturbé, voir complètement ahuri face à ce qui se déroule devant vos yeux. Tout cela se fait avec une maitrise totale, et avec un culot certain. Comment Cregger parvient-il à flirter avec le ridicule dans certaines scènes pour en faire finalement un engin émotionnel non identifié lancé à mille à l’heure, entre le rire et l’effroi, et qui s’incruste durablement dans l’esprit ?! C’est la rencontre de Jusqu’en enfer de Sam Raimi (2009) et de It Follows de David Robert Mitchell (2014). Ce culot s’avère donc totalement payant, pour un résultat très jouissif, et très flippant. Certaines scènes parviennent à jouer sur nos peurs les plus enfouies car avec un vrai sens du timing et du cadrage. Oubliez ici les jump scare faciles et répétitifs car Cregger et son équipe ne vous prennent pas pour un simple consommateur écervelé, contrairement aux productions ultra formatées d’Hollywood. Son équipe de comédiens est solide avec une vraie gueule de cinéma qu’est Josh Brolin, toujours aussi charismatique, interprétant un père en colère et déterminé à découvrir la vérité. Julia Garner, jeune actrice montante mais discrète avec déjà 14 ans d’expérience (1^ère apparition en 2011 dans Martha Marcy May Marlène avec Elizabeth Olsen et Sarah Paulson). Elle trouve ici un rôle bien écrit de femme sous pression, harcelée, mais au passé trouble et au comportement discutable. Cela en fait un personnage complexe bienvenue malgré un développement finalement assez limité en raison de la découpe du film en différents segments. Et sans oublier les prestations très remarquées d’Amy Madigan, incarnant à merveille un personnage déjà iconique, et Benedict Wong (Wong de Docteur Strange) dans un rôle plus polissé mais contrebalancé par un segment qui reste un des meilleurs passages du film.

Le prochain projet du réalisateur n’est malheureusement pas une adaptation originale puisse qu’il s’attelle actuellement à une relecture de Resident Evil. Espérons qu’il ne se fasse pas broyer par la machine des studios frileux de tout risque et des contraintes de respect du cahier des charges inhérent à ce type de projet. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts.