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SYNOPSIS : Denis Mukwege, médecin congolais et futur Prix Nobel de la paix, soigne — au péril de sa vie — des milliers de femmes victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo. Sa rencontre avec Guy Cadière, chirurgien belge, va redonner un souffle à son engagement.
Comme nous l’indique le titre, le mot « Muganga » est utilisé en swahili pour désigner celui ou celle qui soigne. Dans ce biopic dirigé par la réalisatrice Marie-Hélène Roux (et co-écrit avec Jean-René Lemoine), le Muganga désigne le docteur Denis Mukwege, médecin congolais et récipiendaire du Prix Nobel de la Paix 2018 pour son travail en République Démocratique du Congo. Roux raconte ici sa rencontre avec le chirurgien Guy-Bernard Cadière qui va l’accompagner au sein de l’Hôpital de Panzi.

Sur place, depuis 30 ans maintenant, le viol est utilisé comme arme de guerre autour des sites miniers pour créer la peur chez les habitant.e.s locaux et les pousser à fuir. De nombreuses femmes sont violemment agressées et laissées pour mortes, et ce quotidiennement. Avec l’Hôpital de Panzi, le Docteur Mukwege vient en aide à ces femmes en soignant parmi les blessures les plus cruelles et en leur garantissant un espace de sécurité afin d’amorcer une reconstruction. L’inaction, la complicité et le silence des autorités (le gouvernement congolais comme l’ONU) ont poussé le Dr Mukwege à devenir un porte-parole de ces femmes détruites par ces crimes abominables, que la caméra de Roux n’a jamais peur de montrer crument à l’écran.

Muganga s’empare alors frontalement de son sujet, et ce dès son ouverture, frappante de violence et de froideur – et cette cruauté, extraite d’une inhumanité bien réelle, ne s’arrêtera jamais tout au long du film. Avec l’arrivée à l’Hôpital du Docteur Cadière – accompagné par sa fille Maïa – le long-métrage va alors raconter le quotidien de Mukwege en plus d’une jolie mise en lumière narrative des femmes qui composent les « couloirs » de cet hôpital. Le casting y est alors ébouriffant, à commencer par la performance centrale impressionnante d’Isaach de Bankolé, suivi par les impeccables Vincent Macaigne, Manon Bresch, Déborah Lukumuena et Babetida Sadjo. Au diapason, dans un collectif qui parvient à récupérer le meilleur de l’humanité dans le pire dont il est capable, le casting du film profite d’un script très efficace même si parfois coutumier d’une paire de raccourcis narratifs habituels des codes du biopic.

Muganga s’incarne avec très grande frontalité et puissance dans une tragédie trop méconnue qui utilise le corps des femmes comme arme de terreur au service des autorités complices de ces atrocités. En gardant toujours Mukwege et les femmes qu’il « répare » (il est surnommé « l’Homme qui répare les femmes ») au centre de l’image, dans ses cheminements personnels, dans sa proximité avec ses patientes, dans son rapport à la religion et à la médecine, dans sa relation avec le Dr Cadière et dans sa lutte militante pour faire parler de cette situation au monde entier – alors que beaucoup cherchent à le menacer et le poussent à se taire – Muganga Celui qui Soigne s’avère être une œuvre rugueuse, souvent dure à voir mais profondément nécessaire dans sa portée politique. Au terme d’une exécution et d’une direction d’acteurs remarquables, Marie-Hélène Roux signe un film important qui saisit l’essentiel de son sujet sans complaisance ni sensationnalisme inutile pour conter le parcours de son protagoniste qui place la médecine comme le meilleur moyen de lutter. La vie face à la haine.

Titre Original: MUGANGA, CELUI QUI SOIGNE
Réalisé par: Marie-Hélène Roux
Casting: Isaach de Bankolé, Vincent Macaigne, Manon Bresch …
Genre: Drame
Sortie le : 24 septembre 2025
Distribué par: L’Atelier Distribution
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020









































































































































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