![]()

SYNOPSIS : Un homme issu d’une famille aisée, étudiant en droit à Harvard, rencontre une jeune fille à la bibliothèque où elle travaille pour payer ses études. Malgré le fait qu’ils appartiennent à des classes sociales différentes leur amour devient plus fort que tout mais sera soumis aux épreuves de la vie…
A en croire les témoignages de l’époque, après avoir vu Love Story, en cette période chérie où la sortie d’un film était encore un événement, tout le monde sortait du cinéma en pleurs, y compris les garçons, dans un moment où les larmes masculines étaient davantage un gage de faiblesse que de sensibilité, mais impossible de faire autrement, tant l’œuvre dégage cette puissance empathique et universelle. Injustement considéré comme un parangon de cucuterie pour certains car jouant sur quelques ficelles tire-larmes, peu importe, Love story est au final un chef-d’œuvre absolu de romantisme ! La folie était telle à sa sortie outre atlantique que Love Story fut le plus grand succès commercial de l’année 1970, et que Jennifer devint le prénom le plus populaire aux USA pendant quatorze ans ! Les notes iconiques de Francis Lai dès les premières secondes nous mettent sur la voie. Oscar de la meilleure musique par ailleurs, et comme une évidence. Film d’une époque, avec les codes, les couleurs, les repères, les interactions sociales qui vont avec, il n’en reste pas moins brulant de modernité 55 ans après, tant le thème de la relation amoureuse filmée ici au plus prêt est intemporel. Il fait partie des quelques œuvres cinématographiques où dans 55 ans encore, il serait malhonnête de dire qu’il a mal vieilli…

Avec une dramaturgie toute shakespearienne, ce fut le rôle d’une vie pour Ali Mc Graw et Ryan O’Neal, ce film éternel continuera à se transmettre et vaut toujours autant le bouleversant détour. Aragon ne pensait pas si bien dire quand il affirmait qu’il n’y a pas d’amour heureux.
« L’amour c’est n’avoir jamais à dire qu’on est désolés« …
Jenny et Oliver aiment se rattraper et se décrivent avec la minutie des amants attentionnés, qui aiment tous les détails et imperfections de l’autre, le sel de la vie, une série de sanctuaires. L’impalpable du rassurant. Ce qui frappe dans Love Story est l’extrême simplicité de cette histoire mélodramatique, qui si elle joue parfois sur les ficelles de l’émotion, se détache par le caractère follement empathique de ce qui joue entre Jenny et Oliver. C’est un véritable blockbuster du romantisme au cinéma. Mais au-delà de cette folle intensité amoureuse et où l’on voit la passion progressivement s’assagir mais avec toujours le même souffle, de Love Story, l’on retient aussi et surtout une véritable intelligence d’écriture. De celle qui offre une répartie avec des répliques tout sauf guimauves ou stéréotypées, mais plutôt qui fusent, notamment de Jenny, qui n’est pas cantonnée à l’assignation d’un rôle féminin archétypal de l’amoureuse irréfléchie et un peu bêbête. L’approche du couple souffle plutôt ici le vent de la modernité, et au-delà de chercher à disséquer le sens politique du bruit de l’air, il est surtout enivrant finalement de se laisser porter par ses émotions, de ne pas les refouler, de ne pas en avoir peur ou pire encore honte. Et d’affirmer que ce moment-là déchire nos cœurs en confettis, et tant mieux, car le cinéma n’est pas autre chose qu’un émetteur à émotions renouvelées et insatiables :
« Qu’est ce qui peut être meilleur que Mozart, ou Bach, ou toi ? »
« Jenny ? Tu me mets avec Bach et Mozart ? »
« Et les Beatles… » .
Et parce que comme justement le disait John Lennon « L’amour est la solution et vous le savez très bien« . Ou encore Barbara qui chantait : « Je pense que tout est amour. Ma religion, c’est l’amour. Si je n’avais pas chanté, sans doute j’aurais été bonne sœur ou putain. Je crois qu’il faut se bruler, il faut vivre jusqu’à la déchirure, passionnément« .

Love Story nous ramène à l’essentiel, à ce qui devrait encore aujourd’hui porter et guider le monde : l’Amour, celui qui rend fou autant que le sage, qui nous permet entre des monceaux de douleur, quelques salutaires accalmies de douceur et de tendresse. Le nier est d ’une grave tristesse et que les vies qui ne sont pas amoureuses de l’amour doivent être mornes et ennuyeuses. Love Story nous parle d’amour total, celui qui rend tout le reste insignifiant. Faut-il aimer modérément comme le conseille frère Laurent à Roméo, sans doute… Mais pas non plus sans passion ou sur un mode hygiéniste, sans abandon, sans prendre le risque d’y perdre des plumes. Oscar Wilde disait que les amours médiocres survivent. Les grands amours sont parfois détruits par leur propre intensité. Malgré une vague tentative assez insipide, jamais un Love story 2 ou toute autre ersatz de la même nature ne serait possible car les futures amantes d’Oliver ne pourront se nourrir que de l’ombre de Jenny.

C’est ce genre de film qui inspire et qui fait écrire à l’amoureux transi anonyme : « Tu es en moi, tu es partout, tu es tout le temps, tu es l’air, tu es le vent. Laisser le manque m’envahir, c’est comme se refuser à ne plus t’aimer. Je t’aime tellement que j’aime que tu me manques, car au moins, dans ce manque tu existes. » Pour que le plus grand mélo des années 70, mais aussi de l’histoire du cinéma, fonctionne, il fallait forcément deux immenses interprétations et autant Ali McGraw que Ryan O’Neal, qui se sont évidemment ouverts à la célébrité grâce au film, sont tout simplement inoubliables. Il en est même difficile de séparer leurs interprétations. Ali McGraw incarne l’espièglerie à elle seule. Tout ce qu’elle fait est bouleversant. Autant quand elle pique, que quand elle aime, ou dans les derniers instants que l’on sait. Ryan O’Neal est saisissant d’authenticité, et nous fait comprendre à quel point sa vie bascule et comment il tombe d’une falaise quand il rencontre Jenny. Leur duo est éternel. Autant pour le cinéma que pour la perception du sentiment amoureux, il est essentiel de continuer à transmettre et à faire aimer Love Story, sans aucune honte ou remords ou regrets, car… l’amour c’est n’avoir jamais à dire qu’on est désolés.

Titre Original: LOVE STORY
Réalisé par: Arthur Hiller
Casting : Ali McGraw, Ryan O’Neal, Ray Milland …
Genre: Drame, Romance
Sortie le : 20 mars 1971
Distribué par: –
CHEF-D’ŒUVRE
Catégories :Critiques Cinéma








































































































































