Critiques Cinéma

FRENCH CONNECTION (Critique)

SYNOPSIS : Deux flics des stups, Buddy Russo et Jimmy Doyle, dit Popeye, se retrouvent sur la piste d’une grosse livraison d’héroïne en provenance de Marseille. De planques en filatures, d’arrestations en courses-poursuites dans les rues de New York, Popeye et Russo vont démanteler ce que les archives du crime appellent désormais… la French Connection.

French Connection s’inspire du livre éponyme de Robin Moore paru en 1969. Il a raflé aux Oscars rien de moins que cinq statuettes : Meilleur film, Meilleur réalisateur pour William Friedkin, Meilleur acteur pour Gene Hackman, Meilleur scénario adapté et Meilleur montage. Le réalisateur pour fabriquer son cinquième long métrage dira s’être inspiré de Z (1969) de Costa Gavras, sur notamment son ancrage dans le réel. Tout en le montant en scène comme un documentaire, avec au quotidien sur le tournage une part importante d’improvisation. Mais aussi un froid glacial en cet hiver 1971, qui a motivé l’équipe du film à tourner rapidement, ce qui est parfait pour un film justement sous la forme d’un redoutable contre la montre !

Film culte de traque, de course poursuite et finalement une véritable affaire d’acharnement… C’est finalement ce qui est le plus prenant et même le plus impressionnant dans French Connection, à travers cette insatiable détermination à coincer les salauds. Tous les coups vont alors être permis, la démonstration sera magistrale et nous, on ne lâchera rien.
L’ensemble est d’une puissante intensité, particulièrement haletant et mis en scène avec le génie que l’on sait de ce cinéaste. Avec tous type de plans, notamment sur de vraies gueules de cinéma, qu’il s’agisse des flics ou des voyous, pris de près comme de loin. Une musique sous forme parfois d’alarme, un rythme souvent oppressant, un film qui nous scotche au fauteuil. Parallèlement, c’est un quasi documentaire dans le filmage pour venir appuyer sur une volonté immersive. On est avec les stups tout le temps, on est leurs yeux, on court avec eux, on est dans la bagnole également, pour une scène anthologique où Popeye utilisera toute une densité urbaine et les possibilités d’une bagnole pourtant d’emprunt. C’est aussi assez sombre, car à l’image de la météo dans les rues de New-York, la vérité est glaçante sur le monde des truands et les faibles moyens que déploient la police pour les interpeller.

French Connection c’est aussi une bascule qui sera ensuite empruntée par d’autres sur notamment comment les flics peuvent eux-mêmes être à la limite d’une forme de brutalité, physique comme morale. Une frontière parfois presque invisible entre salauds et héros, et c’est assez jouissif !! Les premiers anti-héros du genre en somme. L’inspecteur Harry, la même année suivra et en mode plus franchouillard, Les ripoux en 1984, et plus près de nous Bac Nord (2020), considéré par certains, et c’est loin d’être usurpé comme un French Connection à la Française ! Ce qui démontre bien le marqueur impérissable dans le genre qu’aura incarné French Connection. C’est bien sûr spectaculaire mais très hautement réaliste et c’est ici toute la force du film. Un réalisme volontaire, à tel point qu’Eddie Egan et Sonny Grosso, les personnages du roman de départ, sont officiellement consultants techniques du film. On les voit par ailleurs à l’écran dans les rôles respectifs des supérieurs de Popeye et Russo. Et dire que Gene Hackman n’était pas le premier choix, et même plutôt le derniers recours, selon Friedkin !! Et pourtant, il porte le film, son engagement est total, il incarne avec une phénoménale puissance une forme de férocité et de rage à vouloir résoudre son enquête. Sa détermination est folle, et son visage dans le film reste ancré en nous au sein de notre musée cinéphile intérieur, c’est impossible de s’en défaire, c’est clairement la marque des grands, l’Oscar venant légitimement parachever l’œuvre ! Son duo avec Roy Scheider est d’une parfaite complémentarité, entre la folie de l’un et la presque placidité de l’autre. En tous les cas pour les deux, ce film aura changé leur destin sur la foultitude de propositions ensuite !

Fernando Ray est un méchant inoubliable lui aussi. Et pourtant !! C’est initialement ce qu’on peut appeler une véritable erreur de casting !! Il, a été embauché alors qu’à la base, Friedkin voulait un des méchants de Belle de jour de Buñuel, Francisco Rabal !! Pourtant, impossible là aussi de se départir du regard narquois de Ray dans la rame de métro quand il sème Popeye ! French Connection se redécouvre avec délectation, et se transmet avec le même plaisir, tant il aura marqué son époque, imprimé un style, encore largement emprunté aujourd’hui. Il provoque des émotions toujours aussi fortes, c’est du bon et du grand cinéma !

Titre Original: THE FRENCH CONNECTION

Réalisé par : William Friedkin

Casting: Gene Hackman, Roy Scheider, Patrick McDermott  …

Genre: Policier

Distribué par: –

EXCELLENT

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