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SYNOPSIS : Un frère et une sœur découvrent un rituel terrifiant dans la maison isolée de leur nouvelle famille d’accueil.
Après le succès retentissant de La Main (Talk to Me, 2023), les frères Danny et Michael Philippou -réalisateurs australiens qui se sont fait remarquer sur YouTube avant de passer sur le grand écran-, reviennent avec un film qui, si il continue à creuser le sillon de l’horreur cherche à y ajouter une dimension psychologique et émotionnelle. Avec Bring Her Back, ils reviennent avec une œuvre plus sombre, plus intime et plus viscérale. Dès les premières minutes, Bring Her Back plonge le spectateur dans une atmosphère oppressante, avec une séquence de found footage dérangeante aux images granuleuses où les bruits sourds, les chuchotements inquiétants et les silences pesants créent une tension malaisante. Après cette ouverture dérangeante le film suit Andy (Billy Barratt) et sa demi-sœur malvoyante Piper (Sora Wong), qui après le décès traumatisant de leur père sont placés en famille d’accueil chez Laura (Sally Hawkins), une femme endeuillée par la perte de sa fille. L’ambiance est lourde, presque suffocante, renforcée par un sound-design d’une rare finesse.

Les frères Philippou, révélés par Talk to Me (La Main), affirment leur maîtrise du genre horrifique avec une mise en scène d’une efficacité redoutable, mêlant tension palpable et ambiance oppressante. Leur style, caractérisé par des plans audacieux, des gros plans claustrophobiques et un montage nerveux, plonge le spectateur dans un malaise constant, amplifié par une photographie signée Aaron McLisky aux teintes désaturées, dominées par des gris et des ombres profondes. Les décors, à la fois familiers et étrangement décalés, et les espaces délabrés, presque vivants, renforcent l’impression d’un cauchemar éveillé. Les séquences rituelles, filmées avec une précision chirurgicale, et les moments horrifiques d’une intensité viscérale, comme une scène de rituel macabre d’une brutalité chorégraphiée, marquent durablement. Alternant silences oppressants et explosions de violence graphique, les Philippou évitent les clichés du huis clos grâce à des choix visuels audacieux – angles déstabilisants, transitions abruptes, effets pratiques – et une bande-son immersive. Chaque cadre, pensé pour maximiser l’impact émotionnel, des scènes intimistes aux instants de pure terreur, installe une tension quasi physique où chaque craquement semble chargé de menace.

Connue pour ses rôles empreints de douceur, Sally Hawkins (La Forme de l’eau) surprend ici dans le rôle de Laura, une mère de famille d’accueil hantée par la perte de sa fille. Sa performance, toute en nuances, oscille entre bienveillance apparente et menace latente. Cette dualité confère au personnage une profondeur tragique, rendant ses actions aussi compréhensibles qu’effrayantes. Hawkins parvient à rendre son personnage profondément humain, même dans ses moments les plus sombres, ce qui rend les scènes horrifiques d’autant plus percutantes. Elle exploite avec brio son image de femme douce et excentrique tenu dans d’autres films pour mieux en subvertir les attentes. Son regard, tour à tour vide et habité, témoigne d’une détresse profonde, tandis que ses gestes, parfois mécaniques, traduisent une perte de repères totale. Une performance magistrale qui ancre le film dans une véracité émotionnelle . Face à Hawkins, les jeunes acteurs livrent des prestations remarquables. Billy Barratt incarne avec justesse un adolescent déboussolé, qui dans le sillage de la perte de son père est tiraillé entre sa responsabilité envers sa sœur, les souvenirs douloureux de sa relation avec ce dernier et la méfiance envers leur nouvelle tutrice. Wong, quant à elle, apporte une sensibilité touchante à son personnage, sa propre déficience visuelle renforçant l’authenticité de son rôle. Leur complicité à l’écran rend leur relation crédible et émouvante, offrant un contrepoint humain aux horreurs surnaturelles qui les entourent. Le jeune Jonah Wren Phillips, dans le rôle du mystérieux Oliver, est impressionnant par sa présence inquiétante et son mutisme perturbant. Il est au centre des scènes les plus traumatisantes du film qui excelle dans ces moments d’horreur, avec des scènes de violence et de gore audacieuses et impactantes parmi les plus intenses vues récemment. Le film est si implacable dans sa représentation de la souffrance des enfants qu’il peut mettre à l’épreuve même les fans d’horreur les plus endurcis. L’attention particulière accordée à la conception sonore par les frères Philippou crée une immersion sensorielle si intense qu’elle démultiplie l’impact de ces scènes chocs auxquelles on ne peut échapper même en détournant les yeux.

Bring Her Back ne se contente pas de faire peur, mais s’articule autour de thèmes universels : le deuil, la culpabilité et la quête d’une rédemption impossible. Le film explore la douleur d’une mère confrontée à la perte d’un être cher et à son incapacité à surmonter cette tragédie. Les rituels surnaturels, au cœur de l’intrigue, deviennent une métaphore des mécanismes autodestructeurs auxquels on peut recourir pour échapper à la douleur. Cette approche donne au film une dimension tragique, où l’horreur naît autant des monstres intérieurs que des forces surnaturelles. La douleur des personnages est palpable, rendant leurs actions, aussi extrêmes soient elles, compréhensibles et humaines même si l’exécution n’est pas toujours parfaite. Malgré son ambiance soigneusement travaillée, le film souffre d’un rythme lent, qui peut devenir frustrant, en particulier vers la fin qui laisse une impression mitigée. En effet, malgré une atmosphère captivante, le scénario, en s’appuyant sur des tropes horrifiques très classiques (la maison hantée, le rituel maudit, le passé traumatique), donne une intrigue assez prévisible, avec des rebondissements attendus et une progression narrative parfois laborieuse. L’équilibre entre émotions et scènes gore intenses est perfectible. La conclusion, trop brusque , laisse plusieurs questions en suspens et frustrant ainsi ceux qui recherchent une résolution claire. le dernier acte perd en intensité et aurait bénéficié d’un accent plus marqué sur l’aspect surnaturel. En conclusion : Bring Her Back est une œuvre puissante qui consacre les frères Philippou comme des figures incontournables du cinéma horrifique en 2025. Porté par la performance saisissante de Sally Hawkins, un sound design immersif et une mise en scène soignée alliant séquences horrifiques implacables et profondeur émotionnelle, le film explore avec brio les ténèbres de l’âme humaine. Malgré une conclusion légèrement en retrait, c’est un incontournable pour les amateurs d’horreur.

Titre Original: BRING HER BACK
Réalisé par : Danny & Michael Philippou
Casting : Sally Hawkins, Billy Barratt, Sora Wong …
Genre: Epouvante-horreur, Thriller
Sortie le: 30 juillet 2025
Distribué par: Sony Pictures Releasing France
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































