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SYNOPSIS : En 1916, Bill, ouvrier dans une fonderie, sa petite amie Abby et sa sœur Linda quittent Chicago pour faire les moissons au Texas. Voyant là l’opportunité de sortir de la misère, Bill pousse Abby à céder aux avances d’un riche fermier, qu’ils savent atteint d’une maladie incurable…
Les Moissons du ciel est une libre adaptation de l’histoire de Milady dans Les Trois Mousquetaires d‘Alexandre Dumas. Il obtiendra comme une évidence le prix de la mise en scène à Cannes en 1979, et l’Oscar de la meilleur photographie la même année. Deuxième film de Terrence Malick, Les moissons du ciel, c’est d’abord un choc esthétique, une émotion intense, une splendeur formelle. Le sublime de l’image, la poésie comme lancinante qui émane de la photographie, sont des morceaux d’universalité. Tourné en lumière naturelle dans la province de l’Alberta au Canada, ces moments où le ciel se pare de nuances indéfinissables, entre un rouge, orange et jaune en furie, nous les avons tous contemplés en se sentant infiniment petits face à cette atmosphère suspendue. Terrence Malick nous ramène à notre humanité en filmant comme personne ces instants où c’est comme si la terre et le ciel nous rappelaient en eux, ces instants où nous sommes si insignifiants que nos utopies les plus délirantes paraissent comme jamais accessibles. Les moissons du ciel est cette œuvre d’art qui rend l’émotion vivante.

Ce chef d’œuvre pictural est celui d’un cinéaste touché par la grâce, comme une inspiration quasi surnaturelle. Ce qui se passe dans nos yeux est alors sublimé par un art tout aussi en vie, la musique d’Ennio Morricone qui vient parachever le rêve éveillé. Ajoutez-y l’envoûtant Carnaval des animaux de Saint-Saëns, (qui sert d’ouverture à chaque film du Festival de Cannes), et l’intensité devient une amante enflammée sur les 94 minutes du film. On se laisse porter, et on devient nous même comme un souffle, c’est une expérience de cinéma vertigineuse. Il vous faudra supplier l’établissement le plus proche de chez vous pour sa diffusion car cette poésie se vit en salle. L’art se drape d’un minimum d’évidence, d’exigence. L’oscarisé directeur de la photographie Néstor Almendros était en train de perdre la vue au moment où le tournage a débuté. Il a pour autant su capter ces moments si uniques, aux horaires si particuliers, pour offrir à son cinéaste l’atmosphère qui sied tant à son univers romantique et sa philosophie de l’amour des grands espaces. Il rendra une succession de tableaux lyriques, comme une exposition féérique de l’infini.

En écho à cette somptuosité somme toute magistrale, tout en contraste, l’histoire contée est d’une simplicité presque minimaliste dans les affres d’un triangle amoureux, où forcément c’est toujours un de trop. C’est aussi l’insignifiance de l’homme face à la terre et au ciel. Un récit simple mais jamais naïf ou insuffisant. Simplement c’est comme si la vie de ce trio était constamment happée par les éléments. Les moissons du ciel c’est aussi l’inconstance du sentiment amoureux, surtout quand celui-ci repose sur un mensonge originel. Les regrets ne suffiront pas et la tragédie arrivera bien assez tôt. C’est l’amour qui rend fou, son souffle à elle, il le sent en lui. Il la haïra pourtant bien assez tôt et aussi puissamment qu’il a su l’aimer. Cette inconstance de l’homme face à la permanence de la nature, tout est dit. Richard Gere a 29 ans au moment du tournage et connaît là son premier grand rôle au cinéma. Avant lui, John Travolta n’a pu se libérer et Al Pacino et Dustin Hoffman refuseront d’y jouer. Dans ce rôle de Bill, c’est d’abord l’interprétation d’une forme de candeur, qui se lit à la perfection sur le visage de l’acteur, qu’il est plaisant de voir dans un registre forcément différent du tombeur gentleman parfois au bord d’une dégoulinante guimauve. Dans Les moissons du ciel, sa beauté est pleinement authentique.

Sam Shepard livre également une interprétation toute en authenticité, dans ce rôle de l’amoureux inconditionnel qui va fatalement endosser le costume de la rage qu’il incarnera avec tout autant de vérité. Brooke Adams est une Abby au diapason, notamment dans la confusion des sentiments qui caractérise son jeu. Elle est de celles qui doutent, et apporte un trouble supplémentaire très présent. Notons également la présence de Linda Manz, la narratrice dans l’histoire, qui nous touche par son statut de spectatrice privilégiée de ce chassé-croisé amoureux. Ses liens aussi bien avec sa sœur Abby qu’avec Bill sont particulièrement vivants et très empathiques pour le spectateur. Les moissons du ciel, cette ode romantique et incandescente de chaque seconde, on y pensera toujours après. Ces images follement poétiques de la terre et du ciel qui se confondent, qui vivent et qui meurent ensemble, rejoint dans notre cœur celle ou celui qui le fait battre. Les moissons du ciel, on le garde précieusement en nous, ce film est une éternité.

Titre Original: DAYS OF HEAVEN
Réalisé par: Terrence Malick
Casting : Richard Gere, Brooke Adams, Sam Shepard …
Genre: Drame, Romance
Sortie le : 16 Mai 1979
Distribué par: –
CHEF-D’ŒUVRE
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 70








































































































































