Critiques Cinéma

VITTORIA (Critique)

SYNOPSIS : Jasmine est coiffeuse à Naples où elle vit avec son mari et ses trois fils. Depuis le décès de son père, elle est hantée par un rêve récurrent qui accroit son désir d’avoir une fille. Malgré l’incompréhension de sa famille et au risque de tout bouleverser, elle décide d’entamer les démarches pour adopter.

Il y a quelque chose de l’ordre du docu-fiction dans ce Vittoria. S’il emprunte entièrement le récit fictionnel, sous la houlette du duo Casey Kauffman/Alessandro Cassigoli, son ambition ultraréaliste, sa proximité avec ses comédiens non-professionnels pas choisis par hasard et sa plongée intimiste dans la vie de cette « petite » famille nombreuse napolitaine ressemblent pourtant plus aux codes du film documentaire. Cette dualité donne à ce Vittoria à la fois sa principale force à savoir son élan vital, mais également son principal défaut, un intimisme un peu trop externe dont on a parfois du mal à saisir l’essentiel.

Vittoria raconte le récit de Jasmine, 40 ans, mère d’une famille composée de 3 fils – dont l’aîné a 23 ans. Mais Jasmine fait régulièrement le même rêve, dans lequel elle se voit accueillir une petite fille dans sa famille. Ce désir de maternité va devenir central dans sa vie, jusqu’à ce qu’elle ait à l’annoncer à son mari – réticent à l’idée d’avoir une bouche en plus à nourrir…

Habité par la présence impeccable de Marilena Amato, racontant l’économie de sensationnalisme du film, Vittoria commence au plus près de son héroïne : Jasmine a un rendez-vous chez une cartomancienne, mais la voyante lui avoue ne pas voir de fille dans son futur proche. La mère de famille reste dans le déni et cherche un moyen d’accomplir son rêve, un moyen de garder le souvenir de son père décédé récemment. La quête de cette fille va provoquer moults tumultes dans le quotidien de cette modeste famille, entre mésententes conjugales et confrontations administratives de toutes sortes. Car Jasmine va se lancer, à corps perdu et sans moyens conséquents, dans le long processus de l’adoption – c’est cette histoire que raconte Vittoria, celui d’une femme qui cherche la fille qu’elle n’a jamais pu avoir. En choisissant une approche très réaliste, sous une mise en scène presque naturaliste qui scrute ses personnages dans leurs quotidiens sans prendre le spectateur par la main, Vittoria reste parfois en surface des différents sujets qu’il aborde, se concentrant sur les incompréhensions et les non-dits qui meuvent cette famille – entre la mère qui désire plus que tout d’accueillir une fille, le père qui refuse d’abord avant d’investir tout l’argent dans un nouveau local et le fils aîné qui se dit indifférent à l’arrivée d’une cadette alors que la vérité semble toute autre.

Cet album de famille raconte alors une certaine intimité de ses personnages, à la fois extrêmement élégant dans sa pudeur mais aussi un peu frustrant dans son économie totale. Vittoria semble décoller une bonne fois pour toute dans sa toute dernière partie, une fin prévisible mais diablement émouvante qui donne à l’intégralité du long-métrage sa raison d’exister. A cet égard, Kauffman et Cassigoli dessinent un récit empathique d’une douceur assez épatante, mais qui finit par manquer d’une véritable direction et de plus d’enjeux clairs pour pouvoir entièrement convaincre dans ses finalités. Sous sa plongée intimiste dans des dynamiques familiales mises à mal et dans les rouages d’un système d’adoption complexe et parfois déshumanisant, Vittoria s’avère être une proposition aussi tendre qu’impactante, qui aurait gagné se pas entièrement s’enfermer sur ses personnages, mais qui saisit parfaitement bien l’élan vital d’un désir de maternité plus fort que tout.

Titre Original: VITTORIA

Réalisé par: Alessandro Cassigoli, Casey Kauffman

Casting : Anna Amato, Marilena Amato, Nina Lorenza Ciano…

Genre: Drame

Sortie le : 26 juillet 2025

Distribué par: Les Films du Camélia

BIEN

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