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SYNOPSIS : L’explosion d’une bombe dans le secteur américain de Los Robles, petite ville frontalière entre les États-Unis et le Mexique, fait craindre des complications entre les deux pays. Le procureur mexicain, Miguel Vargas, alors en voyage de noces, décide de s’investir dans l’enquête et découvre les méthodes peu recommandables de l’inspecteur américain Hank Quinlan. Vargas et sa femme se retrouvent pris au piège entre une police locale corrompue et les gangs de la région.
La soif du mal fait partie de ces rares films, qui malgré une intrigue en manque de profondeur, arrive à nous transporter grâce à ses magnifiques plans. Et le film s’ouvre sur l’un des plus célèbres jamais réalisés, où l’on voit une voiture piégée pendant trois minutes et vingt secondes. Le film présente également d’autres mouvements de caméra magistraux, comme un interrogatoire ininterrompu dans une pièce exiguë. Au commencement, La soif du mal établit une série de juxtapositions : entre les nantis et les démunis, la loi et l’anarchie, la propreté et la saleté. L’action se déroule à Los Robles, une ville frontalière entre les États-Unis et le Mexique. C’est un lieu de bars, de clubs de strip-tease où la musique se répand dans les rues depuis chaque boîte de nuit. Dans le premier plan, on voit donc une bombe placée dans le coffre d’une voiture, puis la caméra se lève et suit la voiture le long d’une rangée de devantures de magasins sordides, avant de descendre à hauteur de jeunes mariés en balade, Mike et Susan Vargas (Charlton Heston et Janet Leigh). Une fois que l’explosion retentit, tout le monde attend l’arrivée du shérif Hank Quinlan (Orson Welles), une silhouette massive, transpirante et grondant qui se dresse au-dessus de la caméra pour prendre les choses en main. Mais Mike Vargas est également un policier (mexicain) qui décide de s’en mêler au grand dam de Quinlan, le film devenant alors une compétition entre les deux hommes.

La particularité connue de ce film, c’est bien entendu ses différentes versions. En effet, avant sa sortie Universal Studios a repris le film et l’a remonté, ajoutant des gros plans tout en supprimant des scènes. Pendant plusieurs années, il a existé une version confuse de 95 minutes, puis, tardivement, une version de 108 minutes qui reflétait encore l’ingérence du studio. Heureusement pour nous, aujourd’hui, les intentions initiales du réalisateur sont enfin révélées dans une version restaurée et contenant une cinquantaine de modifications. Les changements les plus importants interviennent dans les premières minutes, notamment avec le plan d’ouverture qui est désormais diffusé sans générique superposé. Époustouflant visuellement, on retrouve ici les origines du film avec une conception fiévreuse et une réalisation directement inspirée du directeur de la photographie Russell Metty qui parvient à créer un monde crépusculaire, captivant, fait de corruption et de menace. Chaque version bénéficie d’une piste sonore d’Henry Mancini connu pour son style fluide et épuré. Ici il offre une bande-son parfaitement adaptée, étonnamment brute qui contribue à évoquer la ville frontalière impitoyablement crasseuse.

La soif du mal c’est également pour Welles une sorte de retour à la Citizen Kane pour sa capacité à mettre en avant ces personnages secondaires, chacun faisant preuve de caractère. Les destins de tous ces personnages sont entremêlés du début à la fin, l’adjoint Menzies (Joseph Calleia), le chef du crime local Grandi (Akim Tamiroff) une cheffe de gang (Mercedes McCambridge) ainsi qu’un procureur inefficace (Ray Collins). Ces personnages circulent de part et d’autre de la frontière, traversant des lieux sinistres et délabrés.

Une grande partie de l’œuvre d’Orson Welles concernait des géants anéantis par l’orgueil (Kane, Macbeth, Othello). Dans La soif du mal, il incarne Quinlan, qui soigne de vieilles blessures et tente d’orchestrer un scénario en attribuant dialogues et rôles. Il est épuisé après des années de complaisance et d’autodestruction. L’histoire de la carrière ultérieure de ce réalisateur est faite de projets restés inachevés. Existe-t-il une résonance entre le personnage qu’il incarne et l’homme qu’il est devenu ? L’expression ultime du film noir comme exercice de style, tout en étant une étude judicieuse, troublante et profonde des personnages ? Orson Welles signe ici un film noir dérangeant, évocateur, engageant, et visuellement merveilleux.

Titre Original: TOUCH OF EVIL
Réalisé par: Orson Welles
Casting: Charlton Heston, Janet Leigh, Orson Welles
Genre: Policier, Thriller
Sortie le: 4 juin 1958
Reprise le : 25 juin 2025
Distribué par: Les Acacias
TOP NIVEAU
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 50








































































































































