Critiques Cinéma

GÉANT (Critique)

SYNOPSIS : Luz et Bick Benedict dirigent le Reata Ranch au Texas. Lorsque Luz meurt, Jett Rink, un employé du ranch, hérite d’une parcelle de terrain où se trouve du pétrole. Devenu riche, il entre en conflit avec la famille qui l’avait employé.

Tiré du roman d’Edna Ferber, Géant est une grande fresque qui s’étend sur plusieurs générations au cœur du Texas. Il s’agit d’une œuvre qui a beaucoup fait parler d’elle à l’époque de sa sortie, d’une part car le film dispose du plus gros budget jamais dépensé par la Warner à l’époque (5,4 millions de dollars) et de l’autre, la durée du film conséquente pour un film de cette époque, après les 3h28 de Guerre et paix (avec Audrey Hepburn et Henry Fonda) sorti la même année, Géant est crédité d’une durée de 3h21. Avec une telle durée et un budget aussi conséquent, le tournage a été pharaonique, la production a notamment construit et reproduit grandeur nature un champ pétrolifère. Le réalisateur George Stevens a su recréer une atmosphère authentique des grandes plaines du Texas, grâce à des plans caméras impeccables il nous offre des scènes visuellement stupéfiantes qui nous plongent indéniablement dans cette œuvre démesurée. En plus des décors et paysages exceptionnel, Stevens a su rassembler un casting exceptionnellement bien choisi et offre une performance passionnante à Élizabeth Taylor, en tant que charmante épouse d’un riche propriétaire de ranch, elle est pleine de sensibilité, c’est une femme ouverte d’esprit qui nous relate l’histoire de son point de vue tout le long du film. Cela change de ses rôles habituels mais c’est très agréable de la voir dans un registre plus calme et plus posé, le tout en offrant de la sérénité à Rock Hudson, son mari au tempérament bien trempé et plutôt têtu. Le dernier membre de ce trio d’exception n’est autre que James Dean qui joue le rôle d’un pauvre employé de ranch qui fera fortune grâce au pétrole.

Mais malgré le temps et les larges espaces offerts, on regrette que trop peu de personnages arrivent à se démarquer en prenant vie à nos yeux. Outre Élizabeth Taylor et un peu Rock Hudson qui disposent du plus de temps, le reste manque de profondeur, même James Dean a du mal à faire grandir son personnage, il montre des difficultés à s’imposer, lui qui incarne ce méchant curieux avec une frayeur stylisée doté d’une sorte de langage sournois et décalée qui concentre la méchanceté. Le film évolue sous plusieurs axes et notamment un accent dramatique qui change d’un thème à l’autre, au début, nous avons l’histoire de l’amour soudain entre Leslie Benedict (Elizabeth Taylor) et Jordan Benedict Jr (Rock Hudson), avec un mariage qui arrive très vite puis elle déménage au Texas dans une maigre maison victorienne. Le temps passe vite, un peu trop d’ailleurs, il est difficile de savoir où nous situons, les sauts d’époque semblent aléatoires et il n’y a aucune indication réelle du temps qui s’écoule, le véritable repère se sont les enfants des Benedict qui grandissent et le gris ajouté aux cheveux des protagonistes. Mais comme beaucoup de film avant et surtout après lui, Géant essaye de résumer un roman en un temps raisonnable à l’écran, (si on peut dire que 3h28 soit raisonnable), malgré un travail remarquable des scénaristes Fred Guiol et Ivan Moffat qui ont imaginé un drame extrêmement vivant, il y quelques défauts dans le rythme qui n’est pas assez soutenu. Mais cela est un peu oublié grâce à la brillante structure et à la gestion des images qui propulsent chaque scène et chaque instant avec magie. Stevens fait de l’image l’essence de son film avec une musique de Dimitri Tiomkin qui vient apporter un excellent accompagnement percutant.

Outre le trio principal, d’autres actrices/acteurs sont également excellents : Chill Wills dans le rôle d’un vieux type texan, Jane Withers dans le rôle d’une héritière rondelette et grossière, Mercedes McCambridge dans le rôle d’une vieille fille amère et froide, et une Carroll Baker qui transcende la caméra. A noter également l’une des premières apparitions de Dennis Hopper qui réalise une solide performance dans le rôle du jeune Jordan Benedict III. Le film envisage le changement des normes sociales par le biais du personnage de James Dean et aborde des sujets fort comme le temps de la guerre même si rien de cela n’est montré ouvertement. Il y a également des commentaires sur la discrimination raciale qui sont éparpillés comme lorsqu’Hudson défend la discrimination dont sont victimes sa belle-fille et son petit-fils mexicains.

Géant a marqué l’histoire du cinéma notamment parce qu’il nous a offert la première performance de la jeune Carroll Baker, qui a ensuite acquis notoriété grâce à Baby Doll, ainsi qu’une longue et soutenue performance d’actrice d’Elizabeth Taylor qui révèle ici un talent hors du commun, mais aussi et surtout parce que le film marque la dernière performance de James Dean avant sa mort prématurée, ce dernier perdit la vie d’un accident de la route quelques jours après la fin, le 30 septembre 1955. Géant est un drame occidental multigénérationnel bien intentionné, véritable fresque qui nous en met plein les yeux, un véritable film intemporel bien qu’il fasse preuve de quelques longueurs.

Titre Original: GIANT

Réalisé par George Stevens

Casting:  James Dean, Elizabeth Taylor, Rock Hudson …

Genre: Drame

Distribué par: –

EXCELLENT

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